Il suffit de jeter un rapide coup d’œil au dos du digipak de « Douce Fange », septième album de PENSEES NOCTURNES, pour en saisir la teneur.en quelques mots bien sentis "Viens tâter d’mon Carrousel", "Saignant et à Poings" ou encore "Gnole, Torgnoles et Roubignoles" : oui, à coup sûr l’ambiance fleure bon la grivoiserie, la cochonnaille odorante et les relents de rouge qui persistent sur le zinc. La mise en précommande d’un coffret « Pilier de bar », en édition limitée à 100 exemplaires, illustre d’ailleurs à merveille l’univers imbibé du groupe. Jugez plutôt de son contenu alléchant : un digipak, deux patches "Coq au Vin" et "Guillotine", un t-shirt "Tournée des Caves", un ballon Tricard (!), un tire-bouchon avec le logo du groupe, 2 verres à shot et 4 sous-verres faits maison avec amour : n’en jetez plus, la coupe est pleine ! Léon Harcore (alias Vaerohn) ne fait décidément rien comme les autres. Tant mieux.
Et ce bon vieux Léon fait encore mouche sur son cirque black metal musette, lâchant comme autant de glaviaux jaunâtres neuf compositions déglinguées, le tout baignant dans une atmosphère vicelarde distillée sans vergogne durant cinquante minutes pittoresques. Et c’est sur un extrait de documentaire que l’on imagine extrait des archives jaunies de l’INA que la belle histoire démarre entre deux verres bien remplis. Avant que le double coup de boule "Quel sale Bourreau" / "PN mais Costaud !" n’exhibe ses riffs de voyous à faire rougir les plus téméraires d’entre vous. Les chœurs s'embrasent, les poings se lèvent, ça piaille et ça tangue dans chaque recoin. Les blasts et la foile déboulent sans crier gare, comme sur "Semaine Sanglante" ou "Fin Défunt", accompagnés dans leur missions tourmentées par des envolées folkloriques gargantuesques. "Charmant Charnier" apporte, lui, un peu de douceur à mi-parcours mais ne vous y trompez pas, le propos est ici vicié et chaotique. PENSEES NOCTURNES n’étant pas franchement du genre taciturne, vous l'aurez compris.
« Douce Fange » est donc un album réjouissant. Un album orchestré de main de maître par Léon Harcore, tenancier émérite de ce bout de comptoir souillé par les abus, et magnifiquement mis en images par Came Roy de Rat qui signe ici une œuvre rétro, haute en couleurs de toute beauté. La mise en boîte aux studios Henosis achève, quant à elle, de rendre ses dernières lettres de noblesse, ahem... de canaillerie, à ce grand moment d’ivresse : hips !