23 janvier 2022, 17:19

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 54


Une nouvelle année est toujours synonyme de bons vœux et de bonnes résolutions. Alors pour ne pas déroger à la tradition, la fine équipe de l’extrême, Clément, Crapulax et Aude vous souhaitent du bon son, de la franche camaraderie, des concerts retrouvés et du headbanging frénétique. Ils vous promettent de vous faire découvrir encore plus de groupes underground, de guitares acérées, de futs blastés et de voix growlées. Et pour vous prouver qu’ils sont de bonne volonté, voici dès maintenant de quoi vous décrocher les cervicales mais aussi vous complaire dans l’éternité d’un sombre mois de janvier.
 

TARDIGRADA : « Vom Bruch bis zur Freiheit » (Eisenwald Productions)

Ce deuxième album des Suisses TARDIGRADA est une véritable merveille de black metal atmosphérique. En fait, la chronique pourrait s’arrêter là puisqu’en effet « Vom Bruch bis zur Freiheit » fait partie de ces pépites qui risquent de passer incognito alors qu’il regorge de créativité.
Les huit titres proposés parlent à l’âme de l’auditeur, ou plutôt hurlent la haine, la frayeur, la tristesse et la rage, tant d’émotions emmenées par une bande son à la fois brutale, maléfique et mélodique. Le concept est original puisqu’il s’agit en fait plutôt de quatre morceaux, entre 10 et 16 minutes chacun, entrecoupés d’interludes de 2 minutes ou moins.
Un morceau comme "Verrat" est subjuguant avec les rythmes blastés embellis de guitares hyper atmosphériques, d’une basse omniprésente et de vocaux hurlés torturés, le tout mêlé de breaks cristallins et mid-tempo. La chanson-titre de l’album est quant à elle beaucoup plus brutale et lourde, plus sombre aussi mais elle clôt « Vom Bruch bis zur Freiheit » sur une note hyper ambient avec des passages acoustiques de toute beauté et un final théâtral.
TARDIGRADA est vraiment un groupe à suivre car sa musique est un véritable art multifacette.
(Aude Paquot)


DEATHLESS VOID : « Deathless Void » (Iron Bonehead Productions)

DEATHLESS VOID est une toute nouvelle formation venue des Pays-Bas, intrinsèquement black metal mais spirituellement death. Leur premier EP au titre éponyme joue sur les tableaux du gore et du nihilisme tout en proposant une musique tantôt dérangeante, tantôt corrosif.
L’intro instrumentale "Ignis Fatuus" aux guitares lourdes et à la basse hyper saturée font entrer l’auditeur dans un chaos odieux et putride, terrifiant et dissonant. Puis "The Shattered Realms Of Man Become The Abyss" blaste ses oreilles avec des rythmes rapides, des hurlements aux échos infinis et des guitares cinglantes. Ça décape, efficace, sans laisser de traces.
Enfin, le plus long "Crossing The Threshold" se veut beaucoup plus lugubre mais tout aussi énergique avec des riffs death/black vertigineux et un passage plus lent et de fait extrêmement lourd, presque angoissant. DEATHLESS VOID fait partie de ces nouveaux groupes qui savent reprendre les fondamentaux du black death en se les appropriant pour en faire un son moderne mais authentique où règne une atmosphère malsaine et funeste mais dont la froideur captive.
Gageons que cet EP ne soit qu’un avant-goût prometteur d’un album en bonne et due forme à venir.
(Aude Paquot)


CEPHEIDE : « Les Echappées » (Les Acteurs de l’Ombre)

Déjà à la manœuvre au sein de BAUME, SCAPHANDRE et RANCE, Gaëtan Juif (alias Joseph Apsarah) est un homme du genre occupé. D’autant, qu’en plus ici de tenir la barre sur l'ensemble des instruments, celui-ci a aussi le bon goût d’écrire les textes ainsi que de se caler derrière la console pour l’enregistrement de ces Echappées.
Une belle illustration du fameux adage « On n’est jamais mieux servi que par soi-même ». Avec un Jack Shirley qui pointe le bout des doigts sur le mastering et de Cold Mind pour les illustrations, Gaetan a tout de même délégué deux-trois tâches mais la réussite incarnée par cet album lui revient bel et bien. En effet, le black metal servi tout du long de ces quarante-trois minutes a des allures de voyage en première classe. Irrésistible dans ses moments sauvages où les guitares tournoient et la batterie jubile, habile sur d’autres parties plus atmosphériques qui instaurent une tension permanente tout du long, « Les Echappées » se fait guide éclairé dans l’obscurité qui l’entoure.
Voilà donc un disque profond et bourré d’ambiances épiques qui ravira les amateurs de la scène américaine, YELLOW EYES, VANUM et FELL VOICES en tête de liste. Allez, tous en cœur : « Gaëtan for president ! »
(Clément Sch)


ADOPERTA TENEBRIS : « Oblivon: The Forthcoming Ends » (Les Acteurs de l'Ombre)

Lui aussi hébergé chez Les Acteurs de l'Ombre, repaire malfamé d’une partie de notre belle scène black metal hexagonale, et accessoirement one-man band, ADOPERTA TENEBRIS cultive quelques points communs avec son partenaire de label cité plus haut.
Tout d’abord ce même goût immodéré pour l’obscur et le mystérieux, qui se matérialise à merveille sur des morceaux tels "Oblivion" ou "Vultures of the Mass Grave" et l’exécution d’une bonne partie des instruments. La délégation des tâches est elle aussi à l’ordre du jour puisque le martelage des peaux est ici confié aux mains expertes d’Äzh (DEFENESTRATION, NATREMIA) et la production, exemplaire de clarté est, elle, troussée par Nerik aux Darkened Studios.
Les similitudes s’arrêtent ici car le style proposé sur « Oblivion: The Forthcoming Ends » est plus classique oscillant entre un black/death traditionnel forgé en plein cœur des années 90 et un black metal plus lancinant qui renvoie aux premières œuvres de SHINING et FORGOTTEN TOMB.
Le tout est enrichi par une multitude d’invités, six au total, qui viennent déposer leur raclement de gosier sur cinq des sept morceaux que compte l’album et devrait ravir nos lecteurs les plus affamés de noires sonorités. Pour sûr.
(Clément Sch)

DOMINICIDE : « The Architecture Of Oppression » (Indépendant)

Si ça se trouve à Glasgow le soir les gens mangent de la panse de brebis farcie avec des abats et de l'avoine (haggis) et comme c'est bien dégueu, ils avalent plein de scotch pour faire passer le goût et puis après ils ne se sentent pas trop bien alors ils sortent dehors prendre le frais et en profiter pour faire du rodéo sur un marteau-piqueur.
Ça n'aide pas forcément à la digestion mais alors niveau régurgitation : il paraît qu'il n'y a pas mieux ! Une fois bien vidé rebelote : ils rentrent dans le pub et recommencent...
Dans la musique des Ecossais formés en 2017, il y a un peu de cela. Un petit goût de reviens-y et surtout une grosse sensation de marteau-piqueur avec leur death/thrash proche de CARNAL FORGE ou de THE HAUNTED ("The Empowered") : il y a également de quoi se remplir la panse avec ces beaux duels de guitares ("The Orchestraitors") ou se retrouver scotché au mur avec ce tempo ultra rapide fait maison.
C'est jeune en âge mais particulièrement goûtu !
(Crapulax)


SHADOW OF INTENT : « Elegy » (Indépendant)

Après un premier essai prodigieux de virtuosité (« Primordial » édité en 2016), le groupe inspiré par la saga vidéoludique HALO avait par la suite enchaîné les albums de qualité en perdant toutefois l'effet de surprise (« Reclaimer ») puis en rompant avec la thématique SF et s'offrant de nouvelles perspectives avec l'utilisation accrue de chants clairs (« Melancholy »). Les voici de retour affichant des intentions toujours aussi bonnes !
Signe qui ne trompe pas et qui sonne comme une consécration : la présence de Chuck Billy (TESTAMENT) et de Phil Bozeman (WHITECHAPEL) venus beugler un bon coup. La recette elle demeure sensiblement la même : des guitares toujours aussi puissantes et mélodiques (le magnifique instrumental "Reconquest"), des samples de claviers virevoltants et inspirés ("Of Fury") et des blasts du batteur Bryce Butler (ABIGAIL WILLIAMS, THE FACELESS et LORNA SHORE live) qui font l'effet de se trouver le crâne enfoncé dans le sol par un troupeau d'éléphants en furie !
Seul événement notable : le débit vocal de Ben Duerr qui tente de s'approcher de celui démentiel d'Oliver Rae Aleron du groupe ARCHSPIRE ("Intensified Genocide"). Sans l'atteindre évidemment, ce type est un mutant !
(Crapulax)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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