Redoutable quatuor originaire de Stockholm, MASS WORSHIP porte en son ADN cet attrait qu’ont la plupart de ses compatriotes pour le metal extrême, il l’avait d’ailleurs prouvé sur son premier album éponyme, paru en 2019 chez Century Media Records. Conviant alors à la noce tout ce qui se faisait de plus féroce, sludge, death et hardcore, le bestiau s’affichait sans détours comme une version plus sombre et monolithique d’un rejeton de MESHUGGAH gavé aux amphets. Du lourd, du gras, du dissonant et peu de place pour le reste où le matraquage se dressait en maître pendant une toute petite demi-heure. La mission était accomplie. Avec le rictus en sus.
De retour aujourd’hui avec « Portal Tombs » sur lequel le groupe nous gratifie de dix minutes supplémentaires, MASS WORSHIP reprend sa recette gagnante avec brio. Le doublé d’ouverture "Specular Void" / "Portal Tombs" (qui comporte un featuring de Mark Greenway de NAPALM DEATH, excusez du peu) ne laisse guère planer sur les ambitions des Suédois : faire mal, mais faire mal avec une précision chirurgicale. Du noir, du gris, du goudron, du ciment, tout ce qui faisait la force du premier album est bel et bien toujours présent. Sauf qu'ici, le désespoir s'est adjoint les services d'une rage sourde et cruelle. Claes Nordin, dont le mimétisme avec Johannes Persson (CULT OF LUNA) est bluffant, la hurle, la vomit dès les premières notes balancées sans la moindre précaution. Appuyé par une section rythmique remontée comme jamais, le vocaliste assure ici le job avec aisance.
L'ambiance de désolation qui s'empare de "Revel In Fear" confirme la tendance : les ténèbres sont dans la place et l’angoisse plane sur chaque recoin de ces cinq minutes diaboliques. "Orcus Mouth", sur lequel Jonas Renkse (BLOODBATH / KATATONIA) vient pousser la chansonnette, n’échappe pas à règle en érigeant lui aussi les dissonances comme autant coups de boutoir douloureux. "Dunes Of Bones" et "Scorched Earth" plongent tête la première dans la brume, accélérant le tempo pour mieux jouer avec les nerfs de l’auditeur. Mais tout cela n’est qu’un avertissement avant que le tsunami "Empyrean Halls" ne fasse place nette pour "Deliverance", qui fleure bon la fin de règne avec son tempo ralenti et son ambiance crépusculaire, trompeuse. Sept dernières minutes qui font rentrer dans la ronde des riffs pachydermiques synonymes d’adieu. Rideau.
« Portal Tombs » est donc un véritable labyrinthe truffé d'indices retors et de frénésie rythmique. Un puzzle à la simplicité apparente mais aux structures tortueuses dont le but avoué est de faire régner la confusion. Une confusion savamment entretenue par l'imposante production où chaque coup de baguette sur les fûts résonne comme une rouste punitive. Où les guitares vigoureuses forment un tout avec la basse, dantesque. Un album que l'on pourrait résumer en quelques mots malgré tout plus légers : MASS WORSHIP hip hip hourra !