8 février 2022, 17:44

HANGMAN'S CHAIR

"A Loner"

Album : A Loner

« A Loner » le sixième album de HANGMAN’S CHAIR est un chef d’œuvre de mélancolie, de désespoir, d’algie intériorisée, de rage sourde, suscitant des émotions contradictoires, essentiellement positives. Toute l’ambivalence est là ! La musique est un bloc homogène nageant dans le heavy, le doom, la cold-wave... Cette lourdeur envahissante est surprenante. Delay, reverb’, chorus... Une mise en scène instrumentale impeccable. Une osmose parfaite entre la voix de Cédric Toufouti et son duo de guitares avec Julien Chanut, une section rythmique millimétrée et pleine de psychogroove de la part de Mehdi Thepegnier à la batterie et du bassiste Clément Hanvic.

"An Ode To Breakdown" est un morceaux d'ouverture parfait avec une longue introduction qui pose les bases de ce voyage musical. Ce titre est l’expression parfaite de la sémiologie de la dépression, le final accéléré de la rythmique est prenant. La spirale émoionnelle se poursuit avec le single "Cold And Distant". Ce riff répétitif sur une batterie majestueuse avec cette basse profonde en renfort est un somptueux rituel, la voix de Toufouti sur le refrain est une véritable prière. Beatrice Dalle est invitée dans la vidéo de cette chanson.

"Storm Resounds" est envoutant, un véritable trip sous psychédélique. La lenteur du tempo est en totale adéquation avec votre fréquence cardiaque qui ralentit si vous y faites attention. HANGMAN’S CHAIR nous transporte en pleine conscience. "Who Wants To Die Old" résonne sur une voix et des lignes de guitares dans une ambiance dark. L’ensemble du groupe s’exprime ensuite ensemble au tiers du morceau. On se trouve dans une atmosphère où règne une impression de contention du corps et du cerveau. "Supreme", avec ses accords dissonants introductifs, est dans le même esprit. Thepegnier et Hanvic sont étonnants par leur soutien rythmique indéfectible tout au long de l’album.

L’instrumental "Pariah and The Plague" a cette influence à la THE CURE, les mélodies de guitares sont envoûtantes et conservent cette gravité impulsée par Toufouti & Co. Avec "Loner", on est dans l’architecture de la solitude absolue. Chagrins, espoirs et rêves sont partagés avec l’auditeur. Sa vidéo, à la limite du documentaire, dépeint une certaine vision des banlieues. "Second Wind" est beaucoup plus mélodique dans son approche vocale et musicale. "A Thousand Miles Away" et ses plus de 9 minutes achèvent l’auditeur. Introduction avec des arpèges, crescendo doomesque. Le groupe part à l’unisson, la voix du chanteur est vraiment puissante. Les parties instrumentales sont dantesques, le final est apocalyptique. Dernier point, l’artwork. Il reflète ce désespoir couplé à une touche métropolitaine moderne, qui résume parfaitement l'esthétique de la musique de HANGMAN’S CHAIR.

Véritable marque sonore, à l’intersection des chemins entre TYPE O NEGATIVE, THE CURE, PARADISE LOST, SISTERS OF MERCY, LIFE OF AGONY, mélangée à ses racines hardcore, HANGMAN’S CHAIR signe un très grand album où se dégage des expériences de vie décrites avec une honnêteté sans faille.

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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