27 février 2022, 11:19

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 55

Blogger : Clément
par Clément


Après une Saint-Valentin pleine d’amour et de volupté, les trois trublions du metal extrême, Aude, Clément et Crapulax, vous ont peaufiné une bande son très à propos pour vos prochaines soirées en amoureux. Avec elle, pas besoin de grandes courbettes ou de déclarations émues, vous serez transportés par l’émotion et la finesse... ou pas. Mais bon, on ne se refait pas. Et c’est l’intention qui compte non ? Pour cela, vous pouvez croire en leur entier dévouement à l’obscurité de l’underground. Forever and ever.


SOULCARRION : « ​Infernal Agony » (Godz ov War Productions)

L'évolution de l'informatique est telle qu'elle permet aujourd'hui à des groupes de combler le déficit de musiciens et de pouvoir quand même aller jusqu'au bout de leurs idées. Ainsi le duo polonais SOULCARRION composé de Michal (guitare rythmique, basse et programmation de la batterie) et de Greg (guitare solo) accouche en 2022 de son premier album pour lequel un chanteur de session (Sibila) a même été embauché.
Si le groupe n'existe pas en tant que tel sur scène, à l'écoute de « Infernal Agony » on finirait presque par le regretter tellement les 9 titres proposés se révèlent de bonne facture, à mi-chemin entre le son suédois à la ENTOMBED et celui du grand frère VADER.
A la fois rapide et puissant à l'image de "Piles Of Ashes", emplis d'éclairs de virtuosité mélodique et de féroces coups de vibrato, SOULCARRION enchante par son haut niveau de maîtrise (l'intro de "Depths Of Fear"), faisant oublier certains passages synthétiques de batterie un peu trop perceptibles.
De quoi enchanter les fans de death metal de tout bord ("Cage Of Nothingness") à la recherche de nouveautés enthousiasmantes.
(Crapulax)


TYMO : « The Art Of A Maniac » (Indépendant)

Allez ! On ne change pas de braquet avec les thrashers canadiens d'Edmonton qui envoient eux-aussi grave la purée sur leur troisième album sorti cette année !
Le genre de purée à base de bonne patates ("Mars Attacks") qui donne envie de sauter partout avec son skate ou d'headbanger comme un malade jusqu'à ce que la tête se détache ! Gros son à la EXODUS ("Tymonicide") et débit soutenu : TYMO fait partie de ces jeunes formations pleines d'énergie comme LOST SOCIETY pour le speed ou MUNICIPAL WASTE pour le crossover qui redonnent du peps au genre sans forcément chercher à le renouveler.
Du fun, du fun et encore du fun à l'image de la couverture singeant le peintre Bob Ross et sa coupe afro dans sa fameuse émission « The Joy Of Painting » très connue en Amérique du Nord dont le rythme lent et le côté bon enfant a toujours un peu tranché avec la réalité.
Bref, TYMO gratte là où ça fait du bien, de quoi enchanter les fans de thrash de tout bord à la recherche de nouveautés enthousiasmantes (hé oui, les phrases se recyclent aussi !).
(Crapulax)


DEFECHATE : « ​Unbounded » (Great Dane Records)

Pour nous autres francophones, certains mots peuvent prêter à une légitime confusion. Prenez le cas du patronyme de ce duo italien, DEFECHATE, qui tournerait au ridicule avec une prononciation franchouillarde. Mais dans la langue de Shakespeare cela sonne, comment dirais-je, plus crédible. Et de la haine, il y en a ici à dans tous les recoins.
Il faut dire aussi que les préposés à la manette sont plutôt du genre dur à cuire. Luke Scurb a traîné ses bottes chez HUMANGLED pendant que son voisin de chambrée Giuseppe Tatangelo a, lui, fait ses armes chez SCHIZO et reste actif au sein de GLACIAL FEAR, THRONE OF FLESH, ZORA et ANTIPATHIC.
Après avoir sorti un premier EP, « Overthrown into Oblivion » en 2020, la fine équipe s’est mise en marche pour pousser le bouchon toujours plus loin sur dix titres au son d’un death metal brutal et grassouillet à souhait. Tous les ingrédients sont bien présents pour une bonne séance de metal extrême, de celles-là même qui en donnera pour leur argent aux amateurs de sensations fortes. Une séance de metal extrême certes, aux relents de boucherie, mais qui ne rechigne pas non plus à s’aventurer sur des tempos plus écrasants.
Pas de place ici pour le détail : ça gicle et ça éclabousse alors… gare aux godasses !
(Clem)


ALTA ROSSA : « ​Void of An Era » (Source Atone Records)

Il serait si simple de ranger soigneusement ce premier album des bisontins aux côtés du premier CULT OF LUNA ou toute autre joyeuserie contrariée digne de ce nom à l’écoute de "Binary Cell", qui introduit ce disque tout en nuances. Il faut dire que les cinq membres du groupe affichent déjà une solide connaissance du milieu metal extrême puisqu’ils ont joué ou jouent encore au sein de HORSKH, ASIDEFROMADAY, PRISON LIFE, KHYNN et SLAUGHTERESR.
Oui…mais non. Parce qu’au-delà de cette filiation à priori évidente, ALTA ROSSA navigue avec malice entre ambiances de fin du monde, embardées sauvages et habiles montées en puissance où la tension règne en maître. Et impose sa patte au fil des titres qui dévoilent en toile de fond une vraie personnalité avec une sensibilité à fleur de peau. Jusqu’à ce que le monstrueux "Void of An Era" ne vienne conclure ce disque avec classe, paré d’une noirceur qui se voile enfin pour laisser place à quelques rayons de lumière bienvenus.
Une chute qui laisse entrevoir, à sa manière, la fin prématurée d’une trop petite demi-heure... qui laisse cependant augurer du meilleur pour la suite.
(Clem)


OLYMPUS : « ​Gods » (Indépendant)

Voici un tout nouveau groupe de blackened death metal français formé en 2019 et qui, grâce à son premier album intitulé « Gods », nous emmène dans la mythologie grecque, au gré de rencontres fantastiques avec des monstres, des titans et bien sûr, les Dieux du Panthéon hellénique.
Les douze titres de l’album aux noms évocateurs de "Zeus" à "Hades" en passant par "Demeter" ou "Aphrodite" dévoile une épopée rythmée par des blast beats dévastateurs, des guitares lourdes et des growls agressifs. Des passages ultra pesants avec des riffs mélodiques viennent donner du relief et de la consistance à des morceaux globalement rapides et sans concession, d’un death enrobé d’ambiance black.
Le tout doté d’une production à faire trembler les colonnes du Parthénon. Même si la structure des chansons est identique, il semble que chacun des dieux et déesses y soit incarné, la résonnance et l’atmosphère y étant différentes au fur et à mesure de l’écoute de « Gods ».
Jusqu’à un "Hades" à l’intro et break acoustiques mais qui termine l’album sur des riffs dissonants et des fûts martelés, un morceau hypnotique qui augure d’un bel avenir pour OLYMPUS. Parole de la pythie du metal.
(Aude Paquot)


TATTVA : « Naraka » (Geistraum Records)

Autre ambiance, autre décor pour TATTVA, groupe de black metal français qui se situe plutôt du côté obscur du bouddhisme et des préceptes indiens. Sur ce second album intitulé « Naraka », le projet solo fièrement emmené par J., explore la fin du cycle de l’âme et de son face-à-face avec Mara, le Dieu de la mort, au gré de huit titres variés et composés avec authenticité et implication émotionnelle.
Du galvanisant et orientalisant "Anima Oppressi" au transcendant "Expiate-Nama Rupa", les rythmes se veulent tantôt effrénés, tantôt massifs, les voix tantôt caverneuses, tantôt hurlées et les riffs sont à la fois mélodiques et dissonants, au fur et à mesure des états d’Ame de J.
Des passages d’instruments indiens viennent cadrer l’ensemble de cet album puissant, prouvant que le true black metal nordique peut se colorer d’influences de tout bord qui lui apportent une chaleur toute relative si on en croit la teneur sombre et décadente du concept de « Naraka ». Quant un français fait du black metal scandinave emprunt d’orient, cela donne TATTVA, universel par essence et fédérateur.
A découvrir ou réécouter sans a priori.
(Aude Paquot)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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