30 mars 2022, 17:49

DISCONNECTED

"We Are Disconnected"

Album : We Are Disconnected

Après un premier album, l’excellent et prometteur « White Colossus » paru en 2018 (dont vous retrouverez la chronique ici), ainsi qu’un EP, « The Downtime » en 2021 (chronique ), le groupe originaire de Troyes, DISCONNECTED, sort ce 1er avril son deuxième album, « We Are Disconnected ». Quelle évolution depuis leurs débuts ! En effet, les musiciens ont appris à mieux se connaitre, sur les routes, lors de la tournée européenne en première partie de TREMONTI fin 2018, et cette alchimie qui s’est développée entre eux se ressent fortement sur ce deuxième album. La musique de « White Colossus », quoiqu’extrêmement bien exécutée, baignait toutefois dans un univers un peu froid, à l’image de la pochette de l’album. Un djent très technique, dont l’approche pouvait se révéler ardue pour les non-initiés. 

Pour « We Are Disconnected », l’ambiance est toute différente, à commencer par le superbe artwork futuriste, enrichi de couleurs vives et dynamiques, toujours réalisé par Flôw Chromatorium. Et pour le contenu, dès les premières notes de "Life Will Always Find Its Way", on constate que, si l’énergie brute de décoffrage est belle et bien présente, comme d’habitude, la musique, elle, s’est enrichie d’une rondeur, d’une chaleur et d’une mélodicité fort bienvenues. Moins complexes de prime abord, les compos sont toutes dotées d’une accroche instantanée, qui les rend addictives dès la première écoute. Cette immédiateté est un atout majeur pour DISCONNECTED, qui entre ainsi dans une nouvelle ère, plus propre à attirer et retenir l’attention d’un public diversifié. Adrian Martinot, le principal compositeur et guitariste du groupe, a développé son univers créatif en s’appuyant sur ses multiples influences, diverses et variées. On retrouve sur « We Are Disconnected » le djent des débuts ("Primal Rage", "Life Will Always Find Its Way", "King Of The World", la géniale "I Fall Again"), mais enrichi de mélodies très "Alter Bridgiennes" ("Your Way To Kill", "That’s How I’ll Face The End") et de nuances progressive plus appuyées (le sublime "A World Of Futile Pains"). Les textes du chanteur Ivan Pavlakovic sont profonds, intimes et sincères, inspirés par l’état de délabrement avancé du monde qui nous entoure ("Life Will Always Find Its Way") et les conséquences qui peuvent en résulter sur l’esprit humain qui doit affronter la stupidité, la cupidité et l’autosatisfaction ambiantes ("A World Of Futile Pains"), par certaines relations toxiques qui nous entrainent vers le fond ("King Of The World"), ou bien encore par son expérience personnelle et ses combats quotidiens, notamment sur "That’s How I’ll Face The End" : « I will never be a perfect man, but I will try my way. Whatever the pain and the mistakes, I’ll be… A father and a friend, a child who dreams again, my head up straight with open hands. Fullfilled with joy and pain, my heart remains the same, my head up straight with open hands. That’s how I’ll face the end » (« Je ne serai jamais un homme parfait, mais j'essaierai à ma façon. Quelles que soient la douleur et les erreurs, je serai... Un père et un ami, un enfant qui rêve à nouveau, la tête haute et les mains ouvertes. Rempli de joie et de douleur, mon cœur reste le même, ma tête droite et mes mains ouvertes. C'est comme ça que j'affronterai la fin. ») Les deux musiciens sont également soutenus par une rythmique en béton armé assurée par l’extraordinaire (et multitâches) Jelly Cardarelli (batterie) - qui s’est aussi chargé du mixage et du mastering, en compagnie de Symheris - et le discret mais non moins efficace Romain Laure (basse), tandis que la guitare rythmique est tenue de mains de maître par le très talentueux Florian Mérindol.

Revue de détail : les deux morceaux d’ouverture, "Life Will Always Find Its Way" et "King Of The World" ont été judicieusement désignés comme premiers singles. On y retrouve l’énergie brute, l’agressivité et la technicité des débuts, couplée à des refrains mémorisables et des mélodies finement travaillées, Ivan alternant chant clair et saturé à la perfection. Imparables et, sans aucun doute, de vraies bombes sur scène, où le groupe pourra déployer tout son potentiel. "Your Way To Kill" est une charmante ballade, au tempo lent et à l’atmosphère légèrement mélancolique, à l’image de certaines blessures vivaces qui ont du mal à se refermer parfois... "The Only Truth" est un titre groovy, agrémenté d’un superbe solo de guitare et d’un final dynamique à souhait. "I Fall Again" est une bombe, probablement le morceau qui sera le plus révélateur de l’énergie du groupe, un peu à la manière de "Losing Yourself Again" sur le premier album. Rythmique effrénée, refrain immédiat et percutant, mélodie qui s’imprime instantanément dans le cerveau. Ça promet des cervicales en compote et la sensation d’être passé sous un rouleau compresseur. "That’s How I’ll Face The End" démarre comme une belle ballade à la manière d’ALTER BRIDGE, mais il ne faut pas se fier à son allure romantico-mélodique, car ce morceau monte rapidement en intensité et Ivan se transforme en démon déchainé, nous assénant des growls profonds et furibards. Les fans de la première heure se réjouiront avec les deux derniers morceaux : "Primal Rage", très djent, n’aurait pas dépareillé sur « White Colossus » avec ses rythmiques complexes, ses cassures et son ambiance ultra énervée. Sans oublier son outro aérienne qui fait le lien avec le titre suivant et rappelle immanquablement les petites mélodies présentes sur le premier album, telles des fils conducteurs nous menant d’une chanson à l’autre. Et enfin, "A World Of Futile Pains", énorme coup de cœur, qui compile savamment toute l’essence de DISCONNECTED, est, pour ma part, l’un des meilleurs morceaux de « We Are Disconnected ». Une composition à la structure progressive, aux riffs typés djent, et teintée d’une mélancolie laissant comme une trainée de cendres derrière elle...

On ressort un peu sonné de l’écoute de ce nouvel album, entre ombres et éclaircies, gonflé par l’énergie qu’il dégage, mais qui recèle également une profondeur, une tristesse diffuse, une amertume reflétant à merveille notre époque actuelle. Epoque angoissante qui laisse comme un sentiment d’accablement. Impression d’avancer dans un puits sans fond. « We Are Disconnected » présente un visage plus mature pour DISCONNECTED, qui a sacrément évolué en seulement deux albums. Ce qui n’augure que du meilleur pour la suite, ce groupe se situant, à mon humble avis, parmi les fleurons de la nouvelle scène metal française. Alors, si vous passez cet été par le Hellfest (rien de moins qu'une Mainstage !), le Rock Fest à Barcelone ou bien le Wacken Open Air, en Allemagne, ne les loupez surtout pas. Vous risquez de vous prendre une bonne mandale, de ne jamais vous en remettre, et même d’en redemander encore et encore !

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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