20 mars 2022, 16:00

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 56

Blogger : Crapulax
par Crapulax


Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ambiance actuelle n’est pas à la franche déconnade. Nous vous épargnons la liste longue comme le bras des mauvaises nouvelles qui tombent jour après jour sur les fils d’actualité pour tenter d’apporter un soupçon de légèreté dans ce contexte difficile. Et quoi de plus adapté qu’une bonne déferlante de metal viril dans les enceintes pour combattre la morosité ambiante, Hein ? Vos trois émissaires du côté obscur de l’HARD FORCE ont donc une nouvelle fois rameuté ce qui se fait de mieux dans les contrées hostiles du metal qui tâche, histoire de garder une santiag en hiver pour la Rock'n'Roll attitude. Allez, maintenant on éteint la téloche, on respire un grand coup et on monte le son... à fond les ballons !
 

BOTTLEKOPF : « The Jokes Are Over » (Wydawnictwo Muzyczne Psycho Records)

À l'écoute de certains albums l'oreille du jeune fan de metal semble comme attirée, titillée, caressée dans le sens du poil. Guidé par une voix intérieure qui lui susurre avec insistance : « Mais dis donc ça n'a pas l'air mal ce truc, écoute un peu mieux ! ». Ce phénomène aujourd'hui identifié se produit systématiquement avec BOTTLEKOPF, groupe de death'n'roll de Silésie.
Des refrains accrocheurs ("Justice"), des riffs assassins (l'intro de "My Breath"), une réminiscence du SEPULTURA de la grande époque ("Way To Decapitation") et quelques bouteilles de bière en forme de bombes sur la pochette réunissent les conditions nécessaires pour interpeller favorablement le jeune chevelu, lui faire taper du pied et headbanger de plus en plus fort... jusqu'à ce que le bruit de vaisselle cassée et une sensation chaude sur le visage lui rappelle qu'il se trouve dans la cuisine en train de manger sa purée au jambon.
Mais cela ne l'empêchera pas, en relevant la tête couverte de nourriture, de continuer à la remuer du haut vers le bas devant la mine déconfite de ses parents...
Oui : scientifiquement parlant, le jeune fan de metal commence tout juste à être compris !
(Crapulax)


THRASHIT : « Chaos Of Fear » (Witches Brew Records)

Les experts metal du monde entier s'interrogent encore aujourd'hui sur la signification du nom de cette formation originaire de Kuala Lumpur en Malaisie. Possiblement l'expression phonétique de deux mots, "thrash" et "shit", choisis peut-être par rapport à leur son vieillot ou par rapport à leur ingénieur du son qui travaille toujours sur du matériel des années 80.
Autre hypothèse évoquée dans les milieux autorisés : ce serait une version fusionnée du mot "thrash" avec le terme "hit", pour preuve "The Devil Dance", le rapide "Thrashing Militia" ou la chanson-titre "Chaos Of Fear" et son approche black/thrash.
Enfin dernière explication plausible : "Thrash It", beaucoup plus approprié pour ce disque majoritairement orientée dans ce style. Loin d'être génial, naïf même parfois (l'intro laborieuse de "Calling From Agony"), ce deuxième album de THRASHIT reste malgré tout dépaysant, plaisant à bien des égards (les soli en particulier) même si le premier album, « Kayser Of Evil » sorti en 2016, se situait bien au-dessus à bien des égards.
Une petite curiosité !
(Crapulax)


GOREBRINGER : « Terrified Beyond Measure » (Great Dane Records)

Comme quoi, se fier au patronyme à priori sanguinaire d’un groupe peut être trompeur puisque le clan londonien GOREBRINGER œuvre... dans le death mélodique ! Celui-là même qui faisait des ravages du côté de Göteborg à la fin des années 90 avec les studios Fredman en guise de rite de passage obligé.
Et ce deuxième album n’a pas son pareil pour faire bouger les cervicales en long et en large à grands coups de riffs XXL rehaussés d’embardées bien brutales. Doté d’une production généreuse qui enrobe à merveille cette savoureuse mixture, « Terrified Beyond Measure » balance avec doigté de grosses accélérations épiques servies sans chichi avec des growls d'ours en rut.
La recette fonctionne à merveille et il ne m’en faut pas plus pour tomber sous le charme de GOREBRINGER qui affiche ici une prédisposition à mêler de manière cohérente tout ce qui se fait de mieux en la matière : du solo heavy frétillant, de la double pédale bien cinglante dans chaque recoin et des riffs mammouth à réduire la cloison placo en poussière.
Vous l’aurez compris, l’examen est bel et bien validé. Les doigts dans le nez !
(Clément)


PARALLEL MINDS : « Echoes from Afar » (M&O Music)

Trois années séparent « Every Hour Wounds... The Last One Kills », deuxième album déjà très réussi, de « Echoes from Afar » qui s’annonce tout aussi séduisant ! PARALLEL MINDS balance une nouvelle fois un heavy bien burné, mélodique et de haute volée qui vient taper à l'occasion dans le thrash pour en relever les saveurs !
Et lorsque l'on s'empare de l'équation heavy + puissance + mélodies, c’est inévitablement le nom de NEVERMORE qui vient hanter les esgourdes. Mais le trio dépasse cette affiliation pour propulser l’auditeur hors des limites de l'exercice de style. La preuve ne se fait pas attendre avec ce doublé introductif, "Feel The Force" / "No Fate", sur lequel le groupe montre toute l'étendue de son talent.
Passages mélodiques de toute beauté, accélérations meurtrières, soli majestueux sur fond de rythmiques syncopées, le tout servi magistralement sur des vocalises accrocheuses. Un coup à gauche, une tape à droite, attends je reviens, non finalement vas-y passe. Et tout cela sonne de manière parfaitement naturelle.
Savourez ces transitions fluides entre chaque morceau et ces atmosphères intrigantes : voilà un vrai Tetris ou chaque élément s'imbrique à merveille l'un sur l'autre. Heavy et fier de l’être !
​(Clément)


CAILLEACH CALLING : « Dreams Of Fragmentation » (Debemur Morti Productions)

CAILLEACH CALLING est une nouvelle formation basée en Californie dont les membres sont issus de DAWN OF OUROBOROS et WHITE WARD. Si vous connaissez les groupes précités, cela vous donnera une idée du post-black metal atmosphérique qui peut être présenté sur ce premier album intitulé « Dreams Of Fragmentation ».
Le trio y propose quatre titres d'une grande intensité émotionnelle, à la fois mélodiques grâce à des guitares blackgaze et des claviers éthérés, extatiques aussi grâce à la batterie de Yurii Kononov. Là où "Phosphenic Array" nous plonge dans un univers oppressant avec un tempo lourd et des growls/hurlements possédés, "Bound By Neon" est plus synthétique, plus onirique.
"Cascading Waves" est un titre expérimental et ambient, à la voix féminine douce et aux riffs minimalistes et clairs. Les claviers sont omniprésents et l'atmosphère paisible jusqu'à la dixième minute où une colère digne d'un ouragan prend le dessus. "Mercurial Inversion" et sa mélodie dissonante sur riffs brutaux et fûts martelés conclut un album d'une richesse extrême.
CAILLEACH CALLING est d'une intelligence rare et son appel ne restera sans doute pas sans réponse unanime des fans de black metal atmosphérique et progressif.
(Aude)


HELTEKVAD : « Morgenrødens Helvedesherre » (Eisenwald Records)

HELTEKVAD est un nouveau trio danois dont le premier album « Morgenrødens Helvedesherre » nous emmène au plus profond des temps médiévaux. Son black metal se qualifie de médiéval puisqu'au détour de riffs puissants et acerbes, des instruments du Moyen-Âge viennent faire une apparition sommaire mais mélodique.
Au gré de sept titres épiques, les hurlements rauques de Ole Pedersen Luk donnent une dimension guerrière à des rythmes rapides et des guitares torturées. Les morceaux aux titres imprononçables mais au son accrocheur font de « Morgenrødens Helvedesherre » un album atypique mais qui nous semble à la fois familier.
Des passages plus lents comme sur "Ved sværdets klinge skal du forgå" , excellent morceau par ailleurs, donnent de la nuance mais aussi du charisme à l'ensemble d'une grand énergie. S'il y avait une comparaison à faire, ce premier disque pourrait être mis en parallèle de « Lugburz » de SUMMONING : des vocaux hurlés frénétiques, des guitares acérées, des passages mid-tempo, une atmosphère médiévale et un côté épique non négligeable.
Pourtant, HELTEKVAD ne recycle pas mais fait bien preuve d'une véritable inspiration moderne, innovante, tout en restant fidèle à un son old-school indispensable au style. A suivre.
(Aude)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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