12 avril 2022, 20:35

MONUMENTS

"In Stasis"

Album : In Stasis

« In Stasis » se veut l’album du changement pour le groupe britannique de metal progressif et djent,  MONUMENTS. Premier changement d’abord avec le départ du chanteur emblématique du groupe, Chris Barretto, en 2019, mais magistralement remplacé par Andy Cizek, et retour de Mike Malyan la même année, le batteur s’étant totalement remis de blessures qui l’empêchaient de pratiquer correctement son instrument. Puis l’année dernière, ce fut au tour du guitariste Olly Steele de mettre les voiles. Le désormais quartet (avec John Browne seul aux guitares, et Adam Swan à la basse) a dû faire face à toutes ces remises en question et inaugurer un nouveau processus créatif. 

Et cette renaissance s’est avérée extrêmement bénéfique pour le groupe. Dans les faits, les 10 nouvelles chansons de ce « In Stasis » gagnent en intensité, mais aussi et surtout en mélodicité. C’est notamment  palpable sur les très belles lignes de chant qu’Andy Cizek a mis en place (magnifique "Cardinal Red", "Collapse", "Somnus", "Makeshift Harmony", "The Cimmerian"...), offrant ainsi aux chansons une bouffée d’oxygène indispensables pour aérer une musique fort riche et technique, qui aurait, sans cela, tendance à se noyer dans un surplus de complexité nuisant à l’ensemble mélodique. En d’autres termes, la technique, c’est bien. Mais quand elle s’agrémente de musicalité et de feeling, c’est mieux ! Mission réussie pour MONUMENTS, qui franchit ainsi un nouveau palier dans sa carrière déjà bien remplie.

Même si l’album nécessite plusieurs écoutes pour bien s’en imprégner, il diffère de ses prédécesseurs par son approche plus immédiate. On démarre pied au plancher avec "No One Will Teach You", et la collaboration du premier chanteur du groupe, Neema Askari. Un morceau très brut, rappelant  l’ère « Gnosis » (2012). "Lavos" possède une approche et une accroche plus dans la tendance actuelle du groupe, co-écrit avec Mick Gordon, compositeur australien connu pour ses contributions à la musique des jeux vidéo Doom (et qui a également travaillé avec BRING ME THE HORIZON et MOTIONLESS IN WHITE). "Cardinal Red" est LE titre imparable de cet album, avec sa rythmique groovy, ses riffs techniques mais ultra-mélodiques, et surtout son refrain immédiatement mémorisable : « Born to raid the world of all its natural beauty No remorse for those who fall in misery » (« Né pour piller le monde de toute sa beauté naturelle. Aucun remords pour ceux qui tombent dans la misère »). Une tuerie, cette chanson ! "Opiate" s’ouvre en douceur sur un chant féminin aérien orientalisant, pour ensuite se développer dans une violence qui vous prend à la gorge. "Collapse" poursuit sur la même lancée, jusqu’à l’arrivée, là encore, d’un superbe refrain. MONUMENTS a voulu aborder sur cet album les thèmes de l’incertitude, de l’isolement, de la peur. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le but est atteint sans problème, plongeant l’auditeur dans une ambiance oppressante et angoissante.  

"Arch Essence" voit se mêler superbement les voix d’Andy Cizek et Spencer Sotelo (PERIPHERY) pour un rendu entre beauté aérienne et violence pure. Il est à noter que le nouveau chanteur excelle dans tous les registres, que ce soit en voix claire, comme en voix saturée, et fait voyager l’auditeur par tous les états émotionnels possibles. L’écoute se poursuit avec "Somnus" (quel refrain, une fois de plus !), puis "False Providence", choisi comme troisième single. Le groupe fait preuve d’une cohérence remarquable et d’une technicité sans faille tout au long de ce quatrième album. Il se referme avec deux excellents morceaux. Tout d’abord "Makeshift Harmony", un autre tube en puissance avec un autre refrain génial à la mélodie entêtante : « Swaying back and forth so carelessly I’d let it last forever Come to find I’m dancing with your white lies Serenading makeshift harmony Won’t put us back together Still I’ll take my chances with your white lie » (« Se balançant d'avant en arrière si négligemment, Je l'ai laissé durer pour toujours. Je me rends compte que je danse avec tes mensonges. La sérénade d'une harmonie de fortune Ne nous remettra pas ensemble. Je vais quand même tenter ma chance avec tes mensonges. »). Puis "The Cimmerian", à la structure très progressive, judicieusement placé en toute fin. Cassures de rythmes, ambiances changeantes, avec un pont acoustique de toute beauté, et un final orchestral magnifique, éthéré et menaçant.  

MONUMENTS nous offre un album abouti, ciselé comme un diamant, percé de lueurs sombres et de reflets éclatants. Une nouvelle preuve du talent indéniable d’un groupe ayant achevé sa mue, après un passage fait de doutes, d’incertitudes et de changements déstabilisants. « In Stasis » est le fruit de ce travail commun, plus riche, plus intense et plus mélodique que jamais. Un album admirable de bout en bout.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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