28 avril 2022, 17:37

MUCKY PUP

"Act Of Faith" (1992 - Rétro-Chronique)

Blogger : Clément
par Clément
Album : Act Of Faith

Vaste débat en ce début de décennie 1990 autour de ce qui est appelé "fusion", appellation bien pratique pour qualifier ces groupes qui ne rentrent dans aucune des cases trop étroites pour être à leur aise. Rock, metal, reggae, funk, rap... j’en passe et des meilleures, certains se lâchent et passent au mixer tout ce qui leur tombe sous la mimine. Jean-Charles Desgroux en parle d’ailleurs mieux que moi en long, en large et en travers dans son livre Rock Fusion: Funk, Hip-Hop, Nü-Metal & Autres Métissages paru le 18 mars l’année dernière. Mais ce qui est sûr c’est que ce soit RAGE AGAINST THE MACHINE, FISHBONE, LIVING COLOUR, RED HOT CHILI PEPPERS, 24-7 SPYZ, BOOTSAUCE, MIND FUNK ou MORDRED (liste non exhaustive... bien entendu), tous possèdent à n’en point douter ce point commun : l’envie de sortir des sentiers battus.

A vrai dire je ne sais pas si MUCKY PUP, quintet formé en 1986 dans le New Jersey, fait de la "fusion" au sens qui était accordé à ce terme à l’époque. Ce dont je suis sûr, en revanche, c’est qu’il convie sur ce quatrième album tout ce qui se fait de mieux en termes de rock au sens large. De l’introductif sautillant "Freakin At The Peep Show" en passant par les expéditifs "Please Don’t Burn The Johnson" et "The Skinheads Broke My Walkman" aux puissants "Understand" ou "I Am" : il y en a ici pour tous les goûts. Prenez par exemple "Summertime" et ses chaudes sonorités reggae qui cohabitent avec la ballade tristounette "Lonely As Me", MUCKY PUP fait le grand écart et a ce don d’être toujours au rendez-vous peu importe la destination proposée. Et le plus fort dans l’histoire c’est qu’au sein de ce qui semble être un joyeux foutoir aux premières écoutes, chaque morceau se révèle finalement indispensable. Ne serait-ce que pour cet hymne au trémoussage de popotins qu’est "Mucky Pumpin‘ Motion" ou l’agression calculée d’un "Blowtorch" percutant, cet album est à recommander à tous ceux qui souhaitent se souvenir qu’en 1992 il était possible de faire cohabiter toutes ces influences sans trop se poser de questions.

Pour ne rien gâcher à la fête, les textes dont Dan Nastasi et Chris Milnes se partagent tour à tour l’écriture, sont bien troussés et une remise en contexte introductive figure pour chacun d’entre eux dans le livret (je vous laisse découvrir celui relatif au jouissif "Mr Hand" !). Quant à la production signée Chris Milnes et Bill Klatt (qui s’est frotté à des styles aux antipodes de celui MUCKY PUP puisqu'on le retrouve aux manettes sur le death metal de REVENANT et RIPPING CORPSE... mais aussi les tubes d’Annie Lennox, Lisa Keith ou Janet Jackson !) celle-ci passe le cap des années avec sérénité. C’est sûr : aucune tentative de "Loudness War" n’est à signaler ici, il faudra pour cela attendre une décennie de plus, au profit d'un son naturel et dans son jus que j’affectionne particulièrement. Le contexte de la découverte joue toujours à plein comme souvent avec ces disques d'un autre temps. A ce titre, je ne peux que remercier ce vendeur du magasin Starter de Vélizy 2 pour son conseil avisé avant de passer en caisse dépenser mon argent de poche pour m'offrir cette cassette. « Cet album a quelque chose de différent, de surprenant par rapport à ce qui se fait en ce moment » disait-il à son sujet. Le moins que l’on puisse dire... c’est qu’il était dans le vrai.

« I Feel Good, I Feel Good Yeah ! »

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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