Profitant une fois de plus du confort d'une salle de proximité offrant une programmation de qualité, c'est avec une certaine curiosité que je me rends ce soir à l'Empreinte. Il faut dire que l'affiche annonce deux groupes n'ayant pas grand chose en commun. D'une part BARABBAS, groupe de doom local, d'autre part LOFOFORA qu'il n'est plus nécessaire de présenter.
A la lueur des bougies qui décorent la scène, façon cérémonie occulte, BARABBAS plonge la salle dans une célébration malsaine mais délectable. Solidement campé derrière son micro en forme de croix, le chanteur se gargarise à la bière, qu'il ne manque pas de cracher sur les premiers rangs en une pluie odorante et poisseuse. Loin de s'en plaindre, les fidèles en redemandent, comme hypnotisés par les mélodies lancinantes. Armé de quelques bons riffs, le groupe installe rapidement une ambiance chaude et énergique. Alors que Reuno vient lui prêter main forte pour les choeurs, le maître de cérémonie descend dans le public et les baptise d'une croix sur le front... tracée à la bière, bien-sûr. BARABBAS est une bonne surprise, à suivre.
Naturellement, l'excitation monte d'un cran alors que LOFOFORA monte sur scène. Avec les années, le groupe s'est forgé une solide base de fans à travers la France. Pourtant loin de jouer les divas, c'est comme souvent le naturel et la décontraction qui dominent. Reno ne cesse de parler avec le public, de chambrer gentiment les autres musiciens ou de réclamer plus de bruit dans la salle qui ne tarde pas à être surchauffée. Faisant la part belle aux titres du dernier album, « Monstre Ordinaire », le set-list pioche cependant dans toute la discographie du groupe pour un set énergique et carré. Malgré la décontraction affichée, c'est du sérieux sur scène.
Chacun se donne à fond, mais toujours avec le sourire. Toujours ? A une petite exception près... A plusieurs reprises, Reuno demande à un des spectateurs des premiers rangs d'arrêter. Difficile de là d''où je suis de voir exactement ce que le chanteur lui reproche, mais même du fond de la salle, le message est clair... Limpide même, alors que le chanteur reste patient... Ou qu'il fait preuve d'une grande maîtrise. Pourtant le loustic en question ne semble pas comprendre... On en vient alors à craindre (ou à espérer) que Reuno fasse usage de l'énorme pelle de chantier qui orne la scène, à l'image de la pochette de l'album. Mais non, grâce à un self-control total, il se contente de rappeler le bon usage du stage diving (on saute dans le public, et on ne se vautre pas sur le guitariste, merci).
Je profite de cette chronique pour poser une question. Comment se fait-il qu'aucun réalisateur n'est encore contacter Reuno pour faire du cinéma ? Quand on voit son interprétation sur scène, les gueules de fou que le monsieur est capable de faire, cette élocution particulière... Alors quoi ? Il ferait un méchant terrible à l'écran.
Généreux, LOFO nous offre un rappel de cinq titres en conclusion de cette excellent soirée. Il est toujours bon de rappeler qu'il existe, au delà du boulevard périphérique, et à fortiori dans toute la France, des petites salles qui proposent des groupes de talents, plus ou moins connus et que l'on a tout à gagner à se donner la peine d'aller les voir. Alors soutenons nos groupes et soutenons nos salles !
Set list :Utopiste – Le Fond Et La Forme – Les Gens – Macho Blues – Dur Comme Fer – Accélère – Enfants Du Chaos – Elixir – La Merde En Tube – Le Visiteur – La Beauté Et La Bête
Rappel :
Holiday In France – L'Oeuf – Justice Pour Tous – Auto-Pilote – Buvez Du Cul
