27 mai 2022, 20:39

CAVE IN

Interview Stephen Brodsky & Adam McGrath

Blogger : Clément
par Clément

Près de 27 ans après sa formation à Methuen, Massachussets, le légendaire quatuor CAVE IN opère un retour très attendu avec la sortie de son premier album pour le compte de Relapse Records, « Heavy Pendulum ». Paru le 20 mai, ce dernier met de nouveau à l’honneur le stoner rock teinté de grunge et de hardcore si cher au groupe depuis le fabuleux « Jupiter ». Quelques jours avant la sortie de ce septième album, Stephen Brodsky (guitare/chant) et Adam McGrath (guitare/chant) ont pris le temps de lever le voile à son sujet mais aussi sur le passé, le présent et surtout le futur de CAVE IN...


Il ne reste plus qu’une poignée de jours avant la sortie de votre nouvel album. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette dernière ligne droite ?
Adam MvGrath : Nous sommes à la fois sereins et en même temps très impatients de voir ce que les auditeurs vont penser de « Heavy Pendulum ». Cet album reflète exactement ce que nous avons tous vécu ces dernières années, les hauts comme les bas. A titre personnel je ne ressens aucune pression à quelques jours de sa sortie, je suis juste heureux de jouer au sein de CAVE IN. Cela semble évident mais tu sais, je suis juste reconnaissant envers tout ce que m’a apporté le groupe depuis plus de vingt-cinq ans. Rends-toi compte, je n’avais qu’une quinzaine d’années lorsque j’ai démarré l’aventure avec Stephen : comment ne pourrais-je exprimer autre chose que de la gratitude que d’être toujours là aujourd’hui !

On imagine. Promis, on va éviter le classique "album de la maturité" pour parler de cet album mais ce qui nous frappe le plus ici, c'est votre capacité à y regrouper toutes les périodes musicales du groupe depuis sa création jusqu’à « Final Transmission »...
Stephen Brodsky : Je suis d’accord avec toi et cela peut s’expliquer de plusieurs façons. Lorsque Caleb Scofiled est mort (NDLR : bassiste et chanteur du groupe décédé en 2018 lors d’un accident de la route), nous avons pris un temps de réflexion pour nous retrouver et voir ensemble comment perpétuer son héritage. Puis la pandémie est arrivée avec ses gros sabots et nous a imposé une « retraite » de deux ans. Pour nous, cela constituait une bonne opportunité pour se remettre à écrire, de voir quelles directions musicales nous souhaitions explorer. Et surtout de vérifier si la flamme qui nous animait auparavant était toujours présente. Cela n’a fait aucun doute lorsque nous avons commencé à partager des démos avec des idées, des pistes pour le nouveau CAVE IN. J’ai retrouvé pendant cette période une fraîcheur, une spontanéité qui m’a guidé sans vraiment me poser de questions. Enfin, l’arrivée de Nate Newton en 2019 nous a donné un sacré coup de fouet, il a su insuffler au reste du groupe une énergie essentielle pour relever le défi. Son expérience au sein de CONVERGE, DOOMRIDERS ou OLD MAN GLOOM a tenu un rôle important dans la conception de « Heavy Pendulum ». C’est certainement pour cela que cet album retrace aussi bien cette évolution depuis nos débuts jusqu’à aujourd’hui, comme un patchwork de riffs, d’idées que nous sommes allés chercher dans de nombreuses sources d’inspiration.

Il semble que vous ayez été particulièrement inspirés puisque « Heavy Pendulum » est l’album le plus long que vous n’ayez jamais sorti jusque-là avec plus de soixante-dix minutes au compteur...
A : Oh que oui nous étions inspirés ! Comme Stephen le disait, l’album a été composé pendant la pandémie. Durant celle-ci nous avons transformé cette contrainte de ne plus tourner, de trouver une échappatoire à tout cela en composant de la musique au quotidien. C’est la meilleure des occupations, crois-moi ! Et au final, lorsque tu rapportes ces soixante-dix minutes de musique à ces deux années d’isolement que nous avons vécu, c’est assez léger ! Nous aurions pu composer bien plus d’ailleurs. Ce temps qui nous a été imposé nous a permis de réfléchir à chaque petit détail sur l’histoire que nous voulions raconter avec « Heavy Pendulum ». De la place de chaque morceau dans le tracklisting jusqu’à la production peaufinée dans chaque recoin, tout ici concoure à proposer un véritable voyage à l’auditeur !

Cet album laisse une fois encore une large place aux ambiances contrastées. La fureur de "New Reality" ou "Amaranthine" côtoie des incartades stoner comme sur "Blinded By a Blaze" ou "Searchers Of Hell". L’on retrouve même des morceaux atmosphériques comme "Pendulambient" ou "Days Of Nothing". Mais tout cela sonne de façon très naturelle, homogène...
S : Je pense que nous avons réussi à retranscrire ici toutes nos inspirations depuis toujours, des premiers PINK FLOYD à INTO ANOTHER (NDLR : groupe de hardcore/punk de New York actif pendant les années 1990) au « Badmotorfinger » de SOUNDGARDEN, tout y est passé ! Le fait est qu’en vingt-cinq ans d’activisme musical, nous avons connu tellement d’expériences musicales qu’il serait impossible de te dire ce qui nous a influencé, de manière consciente ou non, à un moment ou à un autre. Chacun d’entre nous a des parcours différents, avec des affinités musicales différentes et c’est d'ailleurs pour cela que tu retrouves autant de directions artistiques différentes sur « Heavy Pendulum ».

Peux-tu nous dire qui est à la manœuvre sur l’artwork de « Heavy Pendulum » avec cette approche très esthétique, quasi spatiale que l’on retrouve dans votre son...
S : Oui, cette fois c’est l’artiste gallois Richey Beckett qui s’est occupé de réaliser la pochette du disque et son coup de pinceau est juste incroyable ! Il a su retranscrire à merveille ce que nous imaginions…

D’ailleurs en quoi le titre de cet album est lié à l’artwork ?
A : La création de Richey porte une référence, comme le titre de l’album, au temps qui passe sans que l’on ne puisse avoir aucun contrôle sur lui. C’est aussi une façon de regarder dans le passé, le présent et surtout dans le futur à l’instar d’un pendule qui oscille de gauche à droite dans une sorte de mouvement perpétuel. Ce pendule reflète aussi la chance que nous avons tous d’être encore en vie, dans ses moments "lourds" comme ceux plus légers, et que nous n’avons d’autre choix que celui d’avancer...

Kurt Ballou a une nouvelle fois fait un superbe boulot sur la production. Peut-on le considérer comme le cinquième membre du groupe ?
S : Oui, c’est vrai nous ne nous en rendons plus vraiment compte car nous travaillons avec Kurt depuis si longtemps. Nous avons de nombreux automatismes que ce soit dans notre manière de travailler, ensemble, mais aussi sur l’évolution de notre son. Kurt a toujours eu une influence sur celui-ci, de par son expérience, ses conseils et parfois quelques discussions animées, il a toujours confronté sa façon de faire à nos envies du moment. C’est qui nous a poussé à chaque fois à aller un peu plus vers l’avant. Comme ce fameux pendule dont Adam parlait dans la question précédente.
La première fois que j’ai parlé avec Kurt, quelque part en 1996, c’était lorsque je cherchais un ampli pour ma guitare. Je l’ai appelé après lu sa petite annonce, et lorsqu’il constaté que nous avions un paquet d’amis en commun, la scène locale est un petit monde assez fermé, il m’a déconseillé son achat en m’expliquant qu’il souhaitait s’en débarrasser à cause de sa qualité douteuse ! C’est ainsi que nous avons connaissance et depuis, nous ne sommes jamais quittés ! Je considère Kurt un peu comme le père de notre scène au sens large, c’est un grand monsieur qui a ouvert la voie avec CONVERGE...

Pour nos lecteurs qui découvrent CAVE IN, votre dernier album « Final Transmission » était un vibrant hommage à Caleb Scofield. ll était un chanteur et un bassiste reconnu qui a joué à vos côtés pendant plus de 20 ans. Est-ce que l'héritage de Caleb, tant au niveau des paroles que de la musique, est toujours présent sur « Heavy Pendulum » ?
A :  Caleb voulait toujours aller de l’avant avec CAVE IN et sur « Heavy Pendulum », nous avons l'impression que nous nous sommes probablement rapprochés de ce qu’il aurait aimé écouter s’il était encore avec nous. Que ce soit les paroles du morceau "Amaranthine" ou le riff principal de "A New reality" que Caleb avat tous deux composés, il y a toujours une partie de lui en nous et dans notre musique. Il a fait partie de CAVE IN pendant près de 20 ans et a tenu un rôle essentiel dans la conception du son du groupe mais aussi dans toutes les décisions que nous avons prises à ses côtés. Quel plus bel hommage pour tout cela que « Heavy Pendulum » ?

« Final Transmission » aurait pu constituer le dernier chapitre de l'histoire de CAVE IN, qu'est-ce qui vous a donné la force de continuer malgré tout et d'enregistrer ce nouvel album ?
S : J’imagine que certaines personnes se sont dit que « Final Transmission » consituerait en effet la fin de l’aventure CAVE IN. Pour moi, cet album était avant tout une nécessité, celle d’enregistrer tout ce que Caleb avait déjà composé de son vivant. Mais le fait de continuer d'écrire l’histoire après cet album était un bon moyen de collecter des fonds pour la famille Scofield et, pour nous, l’occasion de nous réunir et de passer du temps ensemble. L’arrivée de Nate Newton dont je parlais au début a aussi insufflé ce qu’il faut d’énergie et de créativité pour remettre CAVE IN sur les rails...


Revenons en 1995. Quelque part dans le Massachussets, quatre gars âgés d’à peine seize ans décident de donner vie à CAVE IN. Vous souvenez-vous de votre état d'esprit il y a vingt-sept ans ?
A : Je me souviens tout d’abord de Steve et de ses t-shirts STRIFE ! Puis de "Capsize" qui a été le premier morceau composé par le groupe et sur lequel j’ai pas mal galéré pour poser mes parties de guitares. Je n'étais pas très à l’aise sur certaines parties assez techniques du morceau mais qu’importe, je me suis bien amusé ! C’est à ce moment que j’ai ressenti cette fierté que certains musiciens ressentent lors de leur premier enregistrement, à se dire que ça y est un cap a été passé. Je me souviens aussi de nombreuses crises de fou rire, de cette envie de bien faire et surtout de tous ces bons moments passés ensemble. Et de voir tout ce chemin parcouru aujourd’hui, cela me rend fier, tout simplement. Quelle aventure !

Parlons du futur, est-ce que le public français aura la chance de vous voir bientôt sur les planches ?
S : Nous travaillons sur la mise en place de nombreux concerts pour 2022, tu penses bien que l’envie de remonter sur scène nous démange ! A priori, l’annonce d’une tournée européenne devrait se faire dans les prochaines semaines (NDLR : depuis cette interview, une date a été annoncée le 19 octobre à Paris, au Badaboum... encore un peu de patience donc !)

Un grand merci à vous deux, on vous souhaite le meilleur pour la suite de l’aventure...
Un grand merci à toi Clément et à l’équipe de HARD FORCE, nous avons hâte de venir défendre « Heavy Pendulum » sur les routes ! •

Facebook.com/CaveIn.Official

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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