27 mai 2022, 20:00

CREMATORY

"Inglorious Darkness"

Album : Inglorious Darkness

CREMATORY est un groupe que l’on ne suit de manière qu’épisodique dans les médias français, et c’est un peu dommage. Le groupe allemand a fêté ses 30 ans d’existence en 2021, avec 15 albums studio au compteur et c’est un monstre de la scène metal européenne. Et si on lui rendait donc justice en écoutant « Inglorious Darkness », sa 16e production...

Oublions les bobo rive gauche qui scandent toujours « c’était mieux avant », et allons jouer les beaux bûcherons sur la rive droite... du Rhin. CREMATORY a bien évolué depuis ses débuts death metal, depuis une vingtaine d’années il surfe sur un metal industriel-gothique très efficace. Felix Stass, son impressionnant frontman (il a autant de coffre pour le growl que pour la weissbier), est aujourd’hui encore aux manettes depuis 1991 avec le batteur Markus Jüllich, et Katrin Jüllich aux claviers et samples depuis 1992, le guitariste Rolf Munkes ayant rejoint le groupe en 2015 et le bassiste Patrick Schmid en 2021.

Le bal s'ouvre avec la chanson-titre "Inglorious Darkness". J’aime ce terme de bal avec CREMATORY, tant le groupe renvoie un côté cabaret décadent à la sauce metal, à la façon de OOMPH ! et beaucoup d’autres groupes de la neue deutsche harte. Les guitares vrombissement, la batterie s’écrase telle une machine amenée à la vie, et Felix fait retentir son growl chaud comme du goudron. Ambiance sombre et romantique, CREMATORY est "Goethe-ique" à souhait.

Avec "Break Down The Walls", la musique sait brillamment faire voler en éclats les barrières entre les genres. Un synthé sorti de l'autobahn des années new wave, Felix et CREMATORY s’imposent en un KRAFTWERK 2.0 à grand coups de riffs et de refrains fédérateurs. Un hit hypno-gothique. "Trümmerwelten" et le chant en langue maternelle donne de la texture à l'indus-metal. Le riff et les breaks sont plus nuancés. "Rest In Peace" est terriblement offensif, les riffs sont à nouveau lâchés tels des fauves, le rythme est accéléré. Pure neue deutsche harte. "The Sound Of My Life" pousse plus loin avec de l’indus symphonique. La voix impressionnante de Felix investit tout l’espace, rendant le morceau incontournable.

"Tränen Der Zeit" ou une coulée de larmes du temps qui s’enfuit sur les lourdes guitares de cette version germanique du légendaire single "Tears Of Time" du 3e album « Illusions » en 1995, les machines rêvent de moutons mélanco-électriques. Je crois que les Allemands sont les maîtres pour glisser de la grâce dans la graisse. CREMATORY est décidément un groupe de grande classe métallique. Le martial "Until We Meet Again", riffs rageurs et violents violons, contient lui aussi son pesant d’émotions "brutes", qui nous font dire « qu’elle est belle la bête ! »

"Zu Hölle" est rapide et moderne metal, le duel de voix est bienvenu, les guitares entêtantes et heavy, le titre m’enflamme plus que la dernière production d’un autre groupe germanique pyrotechnique très connu. "Not For The Innocent" contient un joli beat electro-metal. L’album arrive à sa fin, "Das Ende" amène une new wave electro-indus bien rapide. L'album se ferme sur "Forsaken", bout de metal martelé et caressé par une brume synthétique. Un joli tombé de rideau et clap de fin pour une pièce musicale de grande envergure.

CREMATORY est définitivement une valeur sûre du metal moderne, qui sait marier les genres et nous transmettre d’intenses moments de plaisir.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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