SAOR, one-man band écossais mené d'une main de maître par Andy Marshall, est de retour avec un cinquième album de black metal splendide. Si le style "caledonian » nous vient forcément en tête lorsque l'on évoque la musique de SAOR, il serait forcément réducteur ici tant les influences sont variées, du folk au black metal atmosphérique mêlé de post-black. Les six titres de « Origins » font appel à la mémoire ancestrale, à la magie de la nature et au son authentique, un retour à la source, un besoin d'essentiel.
C'est le carnyx qui nous appelle en premier lieu, cet instrument celtique charismatique au son rauque. Quelques guitares acoustiques, des tambours chamaniques, une cornemuse et une voix folk mais aussi des riffs heavy mélodiques et des rythmes balancés donnent tout de suite le ton d'un album païen de grande créativité. Un premier morceau presque entièrement instrumental qui montre que SAOR chemine en territoires mythiques mais inexplorés en toute quiétude. "Fallen" est plus belliqueux, plus engagé et plus lourd avec des chœurs viriles et une voix growlée. Un morceau pagan-black épique à la mélodie fédératrice. "The Ancient Ones" nous plonge dans un univers de magie et de fantasy plus éthéré mais tout aussi efficace avec des riffs posés surmontés de guitares black plus proches des précédents albums. Quelques blast beats et growls viennent apporter de la puissance à un morceau tout en atmosphères et en variété.
"Aurora" est le titre le plus "calédonien" de « Origins », oscillant entre moments mid-tempo et rythmes rapides, passages atmosphériques et folk et intensité black metal. Ce sont plus de huit minutes d'un voyage dans des temps reculés, dans les paysages arpentés par les Pictes médiévaux. Hors du temps. "Beyond The Wall" est fait preuve de beaucoup plus d'énergie et de brutalité, un hymne aux guerriers sur les champs de bataille des Highlands. Des growls agressifs, des guitares punchy mais aussi des samples fantasmagoriques font de ce titre le point culminant de l'album. "Origins" enfin vient refermer cette parenthèse intemporelle avec un mélange de black metal bourrin et de passages folk épiques laissant parfois la place à des ambiances beaucoup plus légères. Force est de constater que SAOR n'a qu'une seule idée en tête : nous faire vivre un maximum d'émotions en un peu plus de quarante minutes d'une musique aussi accrocheuse que mystérieuse. Les deux dernières minutes sont telles la fin de la bande originale d'un film d'heroic fantasy dont on ne pourrait se défaire tant elles sont captivantes, galvanisantes même.
Avec « Origins » SAOR culmine au sommet de son art et transcende les barrières d'un black metal qu'il veut inspiré et sincère. Andy Marshall montre à nouveau que la créativité n'a pas de limites et que son esprit est aussi fertile que les plaines vertes d'Ecosse. Un album à écouter sans modération et surtout sans contraintes, pour se libérer du quotidien et revenir à l'essentiel.