11 juin 2022, 23:59

THE GATHERING

@ Nimègue (Doornroosje)


Après la sortie le 29 avril dernier de « Beautiful Distorsion », sans nul doute une nouvelle pièce maîtresse dans la discographie du groupe néerlandais, nous ne pouvions pas faire l’impasse de nous rendre au Pays-Bas pour rencontrer le groupe et assister à l’un des quatre concerts qui marquent, après deux années de pandémie, ses retrouvailles avec sa chanteuse.
Nous prenons donc la route pour nous rendre à Nimègue située à la frontière allemande, à trois heures de route de Lille. Le temps de nous restaurer, nous sommes ensuite accueillis par le stage-manager qui nous fait visiter les coulisses de la salle. Elle est composée de deux scènes situées l’une à côté de l’autre. La grande, que nous avions découverte à l’occasion de l’inoubliable performance de THE GATHERING le 9 novembre 2014 qui marquait un double anniversaire. Celui de Silje Wergeland, mais surtout les 25 ans de carrière du groupe. Concert que vous pouvez retrouver aisément sur YouTube dans son intégralité ou en double CD encore disponible sur le site du groupe. La petite, est celle où se produit ce soir le groupe pour un concert plus intimiste. Hans qui nous invite à nous installer dans la salle. Bien que nous soyons en milieu d’après-midi, le matériel est déjà en place, musiciens et techniciens s’affairent à effectuer les branchements et vérifier que tout fonctionne.

Si Silje attend patiemment en loge l’heure du soundcheck, Hugo et René sont aussi présents sur scène, mais Frank est absent et c’est Remco van Zandvoort qui s’occupe de préparer les claviers et assurera l’intérim des concerts programmés cette année. En effet, comme annoncé il y a quelques semaines, pour des raisons personnelles Frank ne peut partir en tournée avec le groupe. L’arrivée de Gema Perez avec le merchandising du groupe est l’occasion d’avoir des nouvelles de HABITANTS, le groupe qu’elle a fondé avec les frères Rutten, mais nous aurons l’occasion d’en reparler quand le moment sera venu. C'est lorsque tout est prêt pour les balances que Silje fait son apparition et vient nous saluer. Si le groupe ne répétera pas les 90 minutes du set prévues, il passera en revue une partie non négligeable de sa set-list et en particulier les nouvelles chansons. En effet, comme nous l’évoquions plus tôt, le groupe dans son ensemble n’a que peu répété et même s’il a déjà deux concerts à son actif cette année, il est réuni que depuis une semaine et doit encore trouver ses marques. Ils profitent donc de ce moment pour retravailler certains titres pour trouver le bon angle d’attaque ou simplement la meilleure manière d'interpréter ces chansons.

C’est dans une pénombre bleutée et brumeuse que les musiciens font leur entrée sur scène. Le temps pour Hugo de prendre sa basse, pour René d'en faire de même avec sa guitare, Hans et Remco prennent place respectivement derrière la batterie et les claviers, et c’est par "Stronger" que les quatre comparses attaquent le set. Ce choix est judicieux car le titre qui ouvre l’EP « Interference » est accrocheur et entraînant. Entre la basse qui groove superbement accompagnée par des claviers psychédéliques et electro, le public est immédiatement dans l’ambiance.

Silje ne tarde pas à faire son entrée pour entamer ses lignes de chant qui alternent entre une voix electro, et une plus envoûtante qu’elle assure parfaitement grâce à deux micros. Le groupe enchaîne avec le très intimiste "In Color" qui ouvre le nouvel album. Bien que très aérien pour un début de concert, le public se laisse aisément transporter par une interprétation qui nous emmène complètement au cœur de l’univers du groupe. Avant d’enchaîner sur le morceau suivant, Silje salue le public chaleureusement et le remercie pour sa venue et... son silence. Comme elle nous l’avait confié à la fin des balances, elle était surprise de cette attitude peu commune aux Pays-Bas, où les spectateurs ont la mauvaise réputation de discuter pendant les concerts. Preuve s’il en est que « Beautiful Distorsion » ne laisse pas indifférent et invite à l’attention. C’est avec un des meilleurs titres de ce nouvel album que le groupe embarque le public dans cette découverte attentive d’un renouveau tant attendu. "We Rise" est l’occasion de poursuivre cette découverte live dans une dynamique énergique même si le titre est plus mélancolique mais laissant transparaître une forme de souffrance à travers la guitare de René.
Avant de proposer un premier bond dans le passé, Silje profite de l’intermède pour présenter Remco qui remplace très professionnellement Frank aux claviers. Frank est d'ailleurs présent dans la salle pour son premier concert en tant que spectateur du groupe dans lequel il assure les claviers depuis plus de trente ans maintenant.


"Probably Built In The Fifties", est un moment intense de communication parfait entre les musiciens et le public dont l’intensité des applaudissements qui accueille la fin du morceau ne trompent pas. Avec le tribal "Weightless", nous revenons sur des tonalités plus intimistes. Suivi du rock-electro "Pulse Of Life", la première partie permet à Silje de nous montrer sa maîtrise scéniques avec des différentes voix et modulation qu’elle développe avant de finir sur un magnifique piano-voix avec Remco.
C’est avec le lumineux "Black Is Magnified" que nous continuons ce superbe voyage, le renouveau d’un groupe mythique, avant de nous plonger dans un superbe final qui aligne l’incontournable "Heroes For Ghosts", le puissant "On Most Surface (Inuït)" et le classique "Saturnine". Le groupe s’éclipse sous des applaudissements nourris qui ne laissent aucun doute. Le public ne compte pas en rester là et marque son impatience de profiter d’un rappel. Cela sera chose faite avec "On Delay" qui clôture l'album « Beautiful Distorsion ». L’impasse sera faite sur "When We Fall" pour enchaîner avec la surprise de la soirée, “Sand & Mercury” qui n’a plus été joué sur scène depuis 2001. Si Silje s'éclipse pour laisser le groupe jouer l’instrumental, elle ne manque pas de revenir pour assurer de fort belle manière la ligne de chant qu’elle interprète de ce fait pour la première fois. Ces 90 minutes se terminent sur l’enregistrement de J.R.R. Tolkien citant Simone de Beauvoir. Tout le monde reste coi comme si le fantôme de l’écrivain avait fait son entrée sur scène pour terminer le show. On remarque l’agréable surprise de Silje à travers un échange de regard accompagné d’un sourire avec René avant que ne retentisse un tonnerre d’applaudissements qui dure plusieurs minutes pendant lesquelles le groupe remercie et salue en retour le public. Hans sera le dernier à quitter la scène après un chaleureux petit discours de remerciements.


Ce troisième concert est tout simplement du grand THE GATHERING. Nous venons certainement d’assister au meilleur concert de l’ère Silje Wergeland auquel il nous avons pu d’assister. Si elle nous a avoué dans l’après-midi ne pas avoir encore trouvé ses marques après les deux premiers concerts, hormis quelques moments où nous l’avons vue se concentrer sur ses anti-sèches et un petit raté à peine perceptible au début de "Heroes For Ghosts", Silje a géré ce show de fort belle manière en créant une promiscuité avec le public. Elle ne manquera pas non plus de remercier personnellement les quelques étrangers présents par un "gracias", "grazie" et "merci". Notre sentiment sur ce concert est également renforcé par les retours et avis des personnes avec lesquelles nous avons échangé et qui ont assisté aux deux concerts précédents. Au-delà de la prestation de sa chanteuse, le groove de Hugo s’est avéré fondamental et essentiel tout au long de la prestation. Les guitares et ambiances de René ont une fois de plus montré à quel point c'est un musicien hors norme. Bien qu’il soit difficile de ne pas remarquer l’absence de Frank, Remco a admirablement assuré la relève. Le tout orchestré est dirigé comme à son habitude par Hans qui a donné le rythme.
Finalement, nous avons assisté à la prestation d’un groupe où la cohésion du dernier album transparaît avec efficacité sur scène. Un groupe  résolument ancré dans son présent qui ne renie pas son illustre passé, mais qui ne s’y noie pas pour autant. Tout cela est de bon augure à l'aube de sa tournée sud-américaine qui se déroulera en septembre et trois nouveaux concerts au Pays-Bas en novembre. Espérons que d’ici là le groupe annoncera de nouveaux concerts un peu partout dans le monde et en particulier dans plusieurs villes françaises, croisons les doigts •

Set-list - Portfolio
 

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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