5 août 2022, 18:20

AMON AMARTH

Interview Olavi Mikkonen

Le plus viking des groupes de death metal revient cette année avec un douzième album intitulé « The Great Heathen Army » qui se veut imposant et percutant. AMON AMARTH, tel un berserker, piétine tout sur son passage et les neuf chansons présentées ne sont que les outils pour la conquête de nouveaux territoires. Avec des invités prestigieux comme Biff Byford de SAXON par exemple, AMON AMARTH ouvre aussi de nouveaux horizons et ne se contente pas de rester dans sa zone de confort. L'un des guitaristes du groupe Olavi Mikkonen, vous parle de cette grande armée païenne, de son concept et de sa réalisation...


Parlons donc du douzième album d'AMON AMARTH, il s'intitule « The Great Heathen Army » et sur la pochette, on peut y voir cette grande armée dont les meneurs, les commandants, sont les membres du groupe. Etes-vous les chefs du viking death metal ?
Il m'est difficile de juger, je ne sais pas et je me garderai bien de commenter. Mais en ce qui concerne la pochette, on voulait y mettre une armée et on trouvait ça marrant de nous y mettre en scène aussi. Donc c'est plus un truc drôle que l'on voulait essayer que quelque chose de vraiment sérieux. On ne prétend pas être des chefs vikings ou quoi que ce soit, c'est juste pour le fun !

Vous êtes au moins les chefs de votre armée de fans !
Ah oui, ça oui ! Une armée de plus en plus grande et j'en suis reconnaissant.

Sur cette pochette, on voit également de nombreux drapeaux différents flotter. Sont-ils authentiques ou issus de votre imagination ?
C'est un peu des deux. Certains d'entre eux sont des symboles qu'AMON AMARTH a utilisés, d'autres des symboles d'armées vikings de reconstitution que nos amis utilisent. Il y a le groupe des Jomsvikings par exemple, qui est le plus grand d'entre eux et qui compte de plus petites entités en son sein. Et d'autres encore sont des symboles vikings traditionnels.

« The Great Heathen Army » sort trois ans après « Berserker », qui est une période temps habituelle entre deux albums d'AMON AMARTH. Est-ce que cela veut dire que la pandémie que nous avons eue à affronter n'a eu finalement que peu d'impact sur votre vie professionnelle, si ce n'est sur la tournée "Berserker" ?
Oui, en fait, la seule chose qui a changé est que ce nouvel album arrive plus vite que ce que nous l'aurions imaginé. On avait prévu de terminer la tournée "Berserker" puis de prendre une longue pause. Alors la longue pause, nous l'avons eue, mais on n'a jamais pu finir la tournée. De toute façon, on n'est pas du genre à rester assis à la maison à ne rien faire, donc on s'est mis au travail et voici le nouvel album.

Vous avez dû être déçus de ne pas pouvoir terminer cette tournée...
Oui, au départ c'était bien d'être revenus à la maison car la situation dans le monde était chaotique et personne ne savait ce qui allait se passer. On ne savait pas quand serait le dernier concert, ni si on arriverait à prendre l'avion pour rentrer des Etats-Unis. Donc, on était contents d'être à la maison. Mais au bout d'un an, quand on a décidé de finir la tournée et que cela n'a pas pu se faire, on était très déçus. Normalement, lorsque nous sommes en tournée, on essaye de jouer au moins une fois chaque chanson du nouvel album. Mais cette fois-ci, on n'a pu en jouer que cinq ou six en live. Ça fait plus de la moitié de l'album que nous n'avons jamais joué sur scène... et maintenant, on a un nouvel album ! C'est très frustrant. Mais je ne sais pas, peut-être qu'à un moment donné, on fera un concert spécial "Berserker" où l'on pourra jouer tous les titres...

« The Great Heathen Army » (la grande armée païenne ) est censée être l'armée menée par les fils de Ragnar Lodbrok en Angleterre au IXe siècle après la mort de leur père. C'est donc sur fond de vengeance que se situe l'histoire de l'album. Est-ce que c'est une légende qui t'inspire ?
Pour ma part, pas tant que ça pour être honnête. Quand on a réalisé l'album et qu'on lui cherchait un titre, on voulait quelque chose d'accrocheur, de percutant, qui aille avec la pochette, avec le visuel que l'on voulait pour les vidéos, avec ce que nous voulions faire en tournée... Il fallait un thème qui englobe tout ça et c'est ce qui m'intéressait, pas forcément l'histoire en elle-même. Par contre, je trouve que c'est une histoire très cool. On a eu des chansons dans le passé qui traitaient plus ou moins de ce sujet mais cette fois, le côté symbolique nous paraissait plus impactant. Heureusement, il nous reste quelques symboles que l'on n'a pas encore utilisés.

On peut mettre le titre en parallèle avec celui de la chanson "Saxons And Vikings" sur lequel intervient le chanteur de SAXON, Biff Byford. Est-ce que les Vikings et les Saxons sont amis à nouveau alors ?
Héhé, oui, on peut dire ça. Nous sommes de bons amis. En fait, on avait l'idée de collaborer avec SAXON depuis des années mais on ne savait pas trop comment. On ne trouvait pas le temps de le faire jusqu'au moment où on est retournés voir notre producteur Andy Sneap. Biff et les gars de SAXON ne vivent pas loin de chez lui. On avait l'idée de faire chanter Johan (Hegg, le chanteur d'AMON AMARTH) et Biff ensemble et c'est maintenant chose faite.

Vous deviez être fiers de l'avoir à vos côtés. Est-il une idole pour toi ?
Oh que oui ! J'ai grandi en écoutant SAXON et le groupe a beaucoup de signification pour moi. C'était quelque chose de fantastique de collaborer avec Biff et de le voir enregistrer pour nous. C'était un moment très cool.

Tu parlais d'Andy Sneap, avec qui AMON AMARTH a déjà collaboré dans le passé. Est-il le meilleur pour savoir ce qu'il faut à votre musique ? Est-il considéré comme un membre à part entière lorsque vous enregistrez avec lui ?
Ce serait bien mais il a aussi beaucoup de travail avec JUDAS PRIEST (NDR : dont il est également le guitariste de tournée) ! En tous cas, il est le meilleur actuellement pour s'occuper de nous et c'est aussi la raison pour laquelle on est revenus vers lui. Je ne dis pas que nos autres producteurs sont mauvais, bien sûr, c'est juste qu'avec Andy, il y a une connexion particulière. Il aide vraiment le groupe et j'aime aller chez lui car il vit à l'écart, isolé dans une espèce de ferme où il n'y a rien autour. On peut donc se concentrer sur l'album. Il est aussi plus qu'un producteur, c'est un grand musicien qui sait parfaitement faire sonner tous les instruments.


Il y a également un autre invité, qui apparaît notamment sur la vidéo du titre qui parle de lui. C'est Erick Rowan, ou Erick Redbeard, la star du catch que l'on peut voir sur "Get In The Ring", un morceau qui ne traite absolument pas de Vikings ! Comment vous est venue l'idée de cette chanson ?
Oui et non, la lutte fait partie de l'univers viking aussi. En fait, Erick est entré en contact avec nous il y a quelques années lors d'une tournée en Amérique du Sud et il nous a demandé s'il pouvait collaborer avec nous. On a trouvé le concept intéressant, dès qu'on aurait la bonne idée pour ça et la bonne musique. En ce qui concerne les paroles de cette chanson, on n'est pas très loin de l'univers viking en fait. Johan a trouvé une façon de parler de la tradition viking. Même si le titre est fait pour Erick Rowan, il faut savoir que les Vikings avaient cette tradition de tracer un cercle sur le sol lorsqu'ils avaient une dispute avec quelqu'un et entraient dedans. Le gagnant prenait la femme, la maison ou n'importe quoi appartenant à son adversaire. Donc, on n'est pas si loin du monde viking, tu vois.


Ce qui fait la différence entre « Berserker » et « The Great Heathen Army », c'est le côté lourd, sombre, imposant de l'album. Il fait l'effet d'un rouleau compresseur, une armée furieuse qui ne laisserait rien sur son passage. Etait-ce le but escompté ?
Oui, on voulait faire un album plus sombre avec des riffs un peu dans l'esprit de ce que nous faisions avant, il y a dix ans. Mais on ne voulait pas non plus revenir en arrière, il fallait trouver une nouvelle façon d'arranger ces riffs pour en faire quelque chose de moderne. L'ensemble est plus sombre, mais il y a aussi un morceau qui s'appelle "Heidrun" et qui est le titre le plus accrocheur et le plus puissant qu'on n'ait jamais fait. On a aussi d'autres chansons qui ouvrent vraiment notre horizon musical donc je ne sais pas. Notre intention était de réaliser quelque chose de sombre mais en fin de compte, l'album est plus varié que ce que nous pensions faire. La différence avec « Berserker », c'est que nous sommes revenus à un accordage en si alors que « Berserker » était en do, qui est plus traditionnel pour le heavy metal alors que l'accordage en si est plus pour le death metal.

"Oden Owns You All" est la quatrième chanson de l'album mais c'est aussi une phrase très connue des sagas scandinaves. Est-ce que c'est une sorte de devise pour vous ?
Oui, plus ou moins. Je pense que c'est bien d'avoir une sorte d'équilibre dans les thèmes abordés. "Get In The Ring" a son propre concept, "Saxons And Vikings" aussi et je pense que c'est bien d'avoir une espèce de fil rouge. Odin est une figure emblématique qui plane sur nous. Il y a toujours un moment auquel nous nous y raccrochons.

Le dernier morceau "The Serpent's Trail" est très particulier aussi. Il est très lourd, très atmosphérique avec ces paroles narrées plus que chantées, comme s'il s'agissait d'une histoire contée. Il est aussi plus intimiste. Peux-tu nous en dire plus sur ce titre qui ouvre sur de nouvelles perspectives pour AMON AMARTH, surtout qu'il est le dernier de « The Great Heathen Army » ?
Ce titre est différent de part son orchestration qui joue un grand rôle mais aussi la façon dont Johan chante. En ce qui concerne les paroles, elles traitent du fait d'affronter tes propres démons et de les surmonter, mentalement. C'est une chanson très cool et avec "Saxons And Vikings", ce sont les deux titres sur lesquels on a vraiment essayé de nouvelles choses. On verra si nos fans aiment et si nous renouvellerons l'opération dans le futur. On a toujours fonctionné comme ça avec AMON AMARTH : on progresse petit à petit dans notre carrière. On ne fait jamais semblant. Si on fait quelque chose, c'est que l'on est convaincus que c'est le bon chemin à suivre. Des fois, personne ne se rend compte de notre évolution mais en tous cas, on essaye de garder la passion qui nous fait travailler dur et arriver à réaliser de beaux albums. Travailler dur ne nous fait pas peur et de toute façon, quoi que tu fasses dans la vie, si tu veux être un bon homme d'affaires, un bon père de famille ou un bon musicien, il n'y a pas d'autre solution que travailler dur. Mais on est fiers de ce que nous accomplissons.


Le fait de bien t'entendre avec les autres membres du groupe, que le line-up soit assez stable, aide à ce que le travail se fasse dans de bonnes conditions j'imagine...
Je connais Ted (Lundström, le bassiste) et Johan (Hegg, le chanteur) depuis plus de la moitié de ma vie maintenant. Donc on communique bien, on ne se prend jamais la tête vraiment. On sait où l'on veut aller et je pense que c'est une chance en effet. Lorsque nous composons, on ne cherche pas à savoir qui a composé quoi ! C'est toujours la meilleure idée que l'on garde, sans regarder qui l'a donnée. Tout le monde peut donner son avis, c'est très important.

Cet automne, vous allez partir en tournée avec MACHINE HEAD et THE HALO EFFECT. Tu dois avoir hâte de reprendre la route, et avec eux en plus ?
Oh oui, on a commencé à jouer avec MACHINE HEAD il y a de nombreuses années et on s'est dit que ce serait super de faire une tournée ensemble. Même si nos musiques sont différentes et que notre public peut être différent lui aussi, je pense que c'est une bonne collaboration. On peut vraiment avoir une excellente soirée metal ensemble ! Et puis THE HALO EFFECT est un groupe génial avec les anciens membres d'IN FLAMES. Ce sera top ! On a prévu de grosses choses sur scène, dont je ne peux pas encore parler. Mais le public ne devrait pas être déçu. On a toujours essayé d'être impressionnants sur scène et notre public l'est tout autant. Donc ça devrait être de bons moments ! On vous attend en tous cas ! Et n'oubliez pas d'écouter notre nouvel album en attendant !


La partie européenne du "Vikings And Lionhearts Tour" 2022 réunissant AMON AMARTH et MACHINE HEAD en co-tête d'affiche, accompagnés de THE HALO EFFECT, passera par le Zénith de Paris le 12 octobre prochain : billetterie.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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