5 septembre 2022, 21:01

BLIND GUARDIAN

Interview André Olbrich

BLIND GUARDIAN revient avec un douzième album, intitulé « The God Machine ». Si l'esprit du groupe et son essence mélodique y sont particulièrement présents, il se démarque de ses prédécesseurs par un côté plus rapide, plus brut mais aussi plus poussé techniquement. Le guitariste André Olbrich a bien voulu nous accorder un entretien pour nous faire part de ses sentiments quant à cet album qui ouvre de nouveaux horizons pour les musiciens.

Bonjour André et merci de prendre le temps de répondre à nos questions avant de partir sur les routes. Vous devez être très contents de retourner sur scène pour de nombreux concerts…
Oui, on est ravis. En temps normal, on commence par les salles, puis on enchaîne avec les festivals car ces derniers sont bien plus compliqués à mettre en place au niveau technique. Mais cette fois, nous avons commençé par les festivals ! Dont le Hellfest qui est le plus gros des concerts que nous ayons fait cette année. On avait vraiment hâte car à chaque fois que nous y jouons, c'est gigantesque ! Autant pour la scène que pour l'ambiance qui y règne. Une fois que tu es passé au Hellfest, tu t'en souviens pour le reste de ta vie. Nous tournons donc en Allemagne et dans le reste de l'Europe ce mois-ci. C'est très inhabituel mais c'est génial tout de même. On a bien répété et on est très en forme en tous cas.

Tu sembles très attaché au public français et BLIND GUARDIAN a une relation particulière avec notre pays...
Oui, notre public y est incroyable. Dès que nous avons commencé, tout est parti très vite. On a une horde de fans énorme et très loyale en France. Dès qu'on a joué à Paris, c'est resté comme l'un des meilleurs concerts jamais égalé. D'ailleurs, on en a parlé avec toute l'équipe il y a quelques jours dans le tour-bus et on s'est remémoré un concert à l'Elysée-Montmartre qui est resté gravé dans nos mémoires comme le meilleur que l'on ait jamais donné. Donc on a vraiment un lien spécial avec le public français. On aime passer du temps chez vous.

Parlons un peu de ce nouvel album tout juste paru, le douzième de BLIND GUARDIAN qui s'intitule « The God Machine ». Bien qu'il soit toujours dans la lignée mélodique et épique de ce que le groupe a l'habitude de présenter, il semble plus brut, plus massif également. L'atmosphère y est plus lourde. Qu'en penses-tu ?
Oui, c'est tout à fait ça. Il est plus rapide, plus brut, et il marque une espèce de retour aux sources. Je pense que la raison est qu'on a passé beaucoup de temps à travailler sur le précédent, « Legacy Of The Dark Lands » (sorti en 2019), qui est exclusivement orchestral, épique, avec beaucoup d'arrangements. Donc après cela, il nous a paru très naturel de faire quelque chose de très différent. On voulait quelque chose de moins épique, une approche plus rapide de la musique, quelque chose de plus metal. Je pense que c'est pour ça que l'album semble plus lourd. On a écrit la chanson "Violent Shadows" et on l'a jouée lors du Wacken Worldwide en 2020. Les gens ont été totalement enchantés par cette chanson et on a vraiment eu que de super commentaires, ils en voulaient plus. On a aimé cette idée, qui nous semblait très appropriée à l'époque. La période de pandémie que l'on a connue a été une époque difficile et sombre pour de nombreuses personnes et une approche de la musique plus brute reflète la situation. Cela reflète vraiment notre état d'esprit et cet album convient parfaitement à la période que nous vivons je trouve.

Il semble aussi que les textes des chansons soient plus basés sur la réalité, sur le monde environnant que sur l'imaginaire ou le fantastique. Est-ce que « The God Machine » est plus terre-à-terre que vos précédents albums ?
Je ne sais pas. Lorsque Hansi (Kürsch, le chanteur) compose les paroles, même lorsqu'il s'agit de récits fantastiques, il est toujours resté connecté à l'époque et au monde dans lesquels nous vivons. Il laisse beaucoup d'espace à l'interprétation. Mais si tu plonges un peu plus en profondeur, tu te rends compte qu'il y a des similarités avec les thèmes que nous abordons sur cet album. Il y a toujours ce lien avec le monde actuel, même des thèmes politiques. Le fantastique se construit en fait sur des événements passés réels, qui ont d'ailleurs tendance à se reproduire. Tout est connecté et il est important que nos fans sachent lire entre les lignes.


Est-ce que votre façon de composer a évolué depuis le début de votre carrière ?
Oui, beaucoup, car au début de notre carrière, on composait les chansons pendant les répétitions. Après, nous avons construit notre propre studio et j'ai préféré travailler seul et arriver avec les premiers arrangements musicaux avant de les montrer à Hansi. Lui aussi préfère maintenant travailler de son côté. Il est plus facile d'aller au fond des choses si tu n'es pas interrompu par les autres constamment. Bien sûr, il est bon d'avoir le retour et l'apport des autres membres du groupe, mais cela peut être fait plus tard. On est très ouverts aux changements et modifications, surtout pour que le caractère de chacun soit mis en avant mais pour l'idée de base, le concept initial, la direction à prendre, il est mieux de travailler seul dans ton coin. Depuis les dix, vingt dernières années, on travaille en échange de ping-pong, Hansi et moi. Notre façon d'enregistrer a également changé, notre relation avec notre producteur aussi, avec les ingénieurs également. Mais entre Hansi et moi, l'esprit et le travail sont restés intacts.

Et qui est, ou quel est le « Dieu Machine », le titre de l'album ? J'imagine que de nombreuses interprétations sont possibles mais quelle est-elle pour toi ?
En fait, c'est un titre qui englobe le concept de toutes les chansons de l'album, pas seulement une ou deux. Même s'il y a comme tu dis, de nombreuses interprétations possibles, « The God Machine » pourrait être le Créateur. C'est un titre un peu conceptuel qui fait vraiment le lien entre tous les thèmes abordés.

Est-ce que les chansons doivent donc être écoutées l'une à la suite de l'autre ou peuvent-elles vivre d'elles-mêmes ?
Non, chaque chanson peut être séparée des autres. Chacune a ses qualités mais on a conçu l'album pour être écouté d'une seule traite. On a vraiment travaillé sur le mixage, l'équilibre et le choix de l'ordre des titres pour trouver un bon fil rouge tout au long de l'album. Je pense donc qu'il est plus appréciable d'écouter l'album dans son intégralité.


​Il y a quatre chansons qui se démarquent de ce bel album : "Violent Shadows » bien sûr, "Architects Of Doom", "Secrets Of The American God" qui est théâtral, très orchestral, un peu comme une pièce de théâtre, et "Blood Of The Elves". Cette dernière sera assurément un hymne pour vos concerts non ?
Euh, oui, je l'espère évidemment ! Toutes les chansons ont leurs qualités et j'en aime tous les aspects. "Secrets Of The American God" a toute une partie de chœurs qui me touche particulièrement quand je l'écoute. "Architects Of Doom" a cette approche plus brutale, même thrash parfois, ce que nous n'avions jamais fait auparavant, un style un peu dur dans la veine de l'album « Follow The Blind » de 1989. On essaye d'apporter constamment de nouveaux éléments, dans les moments speed, comme dans les moments thrash, bien que l'esprit BLIND GUARDIAN soit toujours présent dans notre musique. On essaye de garder notre essence même en y apportant un vent nouveau. C'est un équilibre pour faire du BLIND GUARDIAN 2022 et pas du BLIND GUARDIAN démodé. Si on prend un titre comme "Destiny", on y retrouve un travail de guitare extraordinaire et une chanson comme "Life Beyond The Spheres" ouvre complètement les horizons, avec un genre vraiment différent, presque comme une bande originale de film. On ne reste pas figés, on essaye de quitter notre zone de confort, de trouver de nouveaux éléments, de les assembler dans le style BLIND GUARDIAN. On garde aussi notre esprit old-school car on a commencé en tant que groupe de speed-metal, on est connus pour cette approche rapide et mélodique. L'équilibre de tout cela fait quelque chose de beau à entendre. En fait, tout ce que l'on a appris dans notre carrière est synthétisé dans cet album. On y a puisé toute l'énergie.

Est-ce que chaque album est un nouveau défi pour toi ? Ou est-ce une espèce de routine maintenant ?
Non, pas du tout ! C'est un réel défi à chaque fois. On a toujours envie de nous prouver qu'on peut arriver à composer quelque chose de nouveau, de différent. On n'a pas envie de se répéter donc on doit toujours être en quête de nouveaux éléments, d'une nouvelle façon de composer pour rendre notre musique intéressante, pour nous d'abord et bien sûr pour nos fans. Tout cela, sans quitter le monde BLIND GUARDIAN. On doit trouver des éléments qui correspondent à notre personnalité, à notre façon de jouer live. Après dix albums et plus, il est difficile de trouver ces nouveautés. Ce ne sont pas que des idées car je pourrais écrire des centaines de chansons qui sonnent pareil mais ce n'est pas ce que je souhaite. Une chanson comme "Destiny" contient une technique de riff que je n'ai jamais utilisée avant. C'est un monde complètement différent pour moi et je ne sais pas à l'avance si ça va fonctionner. C'est un risque mais nous le prenons. On explore de nouveaux territoires et quand ça fonctionne, c'est vraiment extraordinaire ! Au-delà de nos attentes même. Et si ça fonctionne pour nous, en général, cela fonctionne pour nos fans. Si on a des doutes, les gens n'aimeront pas.

Quelles ont été tes sources d'inspiration quand vous avez composé l'album ?
Hansi et moi, on fonctionne de façon très différente. Hansi tire son inspiration des livres, des histoires qu'il lit et il essaye de trouver les émotions dans la musique que je lui apporte. Il essaye ensuite d'y mettre des mots afin de les rendre encore plus fortes. Quant à moi, je trouve mon inspiration dans des choses très variées comme des événements qui arrivent dans ma vie et qui me touchent. Je ressens alors le besoin d'exprimer mes sentiments. Si c'est quelque chose de tragique, je vais écrire plutôt une chanson mélancolique ou triste. Si par exemple je suis en train de jouer à jeu de fantasy, je m'imagine quel genre de musique j'aimerais entendre lors de la scène que je suis en train de parcourir. Les idées peuvent vraiment venir de contextes très différents.

Je sais que tu aimes les jeux vidéo. Tu ne voudrais pas composer la musique de certains d'entre eux ?
On a déjà écrit la musique de Sacred 2 qui est devenu la chanson "Secret Worlds" mais je suis toujours ouvert à ce genre de projet, surtout maintenant qu'on a réalisé « Legacy Of The Dark Lands », je sais que je peux écrire des bandes originales et de la musique orchestrale qui va bien avec le monde des jeux vidéo. Je peux aussi écrire des musiques plus brutales pour d'autres types de jeux. On aimerait en tous cas beaucoup revivre cette expérience et je suis presque sûr qu'on le refera dans le futur.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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