A peine deux ans après la sortie d’un premier album, « A nos Morts », particulièrement velu, les Rouennais sont déjà de retour avec ce qu’il convient d’appeler un monstre dans leur besace. Un monstre qui se matérialise sur « Quand bien même l'enfer et le déluge s'abattraient sur nous » par un déluge de metal extrême du meilleur effet. Il faut dire que PILORI n’est pas du genre à faire les choses à moitié puisqu’il est ici aidé dans sa quête du bastonnage XXL par une association de fines gachettes en matière de brutalité sonore. Plus gouleyant qu’une production du Sunlight Studios, le son de cet album a en effet bénéficié du doigté de Cyrille Gachet au mixage et de Brad Boatright au mastering, deux experts en matière de martelage auditif. Musculeux, turgescent, de ceux qui laissent la face rougie et tuméfiée, son metal hardcore/crust/grind/death (rayez la mention inutile) est bel et bien du genre hostile.
J’en veux pour preuve ces dix titres expédiés en moins de trente minutes montre en main. A peine le temps de s'installer dans le canapé que deux brûlots sont balancés en guise d'entrée et plat principal : "De Guerre Lasse" ouvre les hostilités avec son riff frondeur et entêtant, généreusement arrosé de parties de batterie bûcheronnesques. Pendant que "Meurtrière" tient la dragée haute, sans complexe, sur une urgence punk vindicative et sans détour. Les tripes sont vomies avec hargne, la bile coule, les émotions suintent à fleur de peau. C’est foutrement jouissif comme sur les tyranniques "Entre Chiens et Loups" où le frontman d’IMPLORE, Gabriel Dubko, vient traîner sa carcasse ou "Maelström" et "Au Prix de Tous les Sacrifices" qui bulldozérisent les esgourdes sans prendre de gants chirurgicaux. Mais derrière ses aspects bourrus de prime abord, cet album livre ses secrets au fil d'écoutes attentionnées. Et c'est définitivement sur ce dernier titre "…Et le Déluge" qui du haut de ses six minutes fait office de mètre-étalon du disque. Trompeur avec son intro toutes en nuances et cette mélodie insidieuse qui fait vibrer le palpitant, il éclate sans crier gare à mi-parcours pour un ultime feu d’artifice. Qui régalera les plus acharnés. J’en suis.
PILORI livre ici un deuxième album net et sans bavures, doté d'une production à déchausser les molaires en moins de deux, troussé d’une pochette somptueuse signée Joyc Izmi Vatra (Joiscabe Artworks). Les Rouennais s’affirment comme une valeur sûre de notre belle scène hexagonale en récitant ici une véritable leçon de violence qui saisit à la gorge, la réduisant en un coup de boutoir à l'état de milk-shake. Pas sexy pour sûr... mais foutrement efficace !