Le metal et Toulouse, c’est une histoire d’amour qui ne date pas d’hier. Il suffit pour cela de jeter un œil sur une partie de la liste des représentants de la scène locale : MANIMAL, DWAIL, PSYKUP, SIDILARSEN, ERYN NON DAE, FLESHDOLL, HYSTERIA, INSANE VESPER... un véritable surbooking de décibels dans les règles de l'art ! Car cette scène, en plus d'être prolifique, offre un vaste panorama de formations de talents aussi bien à l’aise dans le metal barré que le brutal death en passant par le black velu. Et AHASVER vient lui aussi y apporter sa modeste contribution avec son premier album. Composé d’actuels et ex-membres d’ERYN NON DAE, GOROD, PSYKUP, ZUBROWSKA, DIMITREE et DRAWERS, le doute n’est pas permis quant au potentiel du petit dernier pour appuyer là où ça fait mal. Et si l’étiquette de metal progressif apposé par le label Lifeforce Records sur son rejeton pourrait coller par moments sur le premier album du groupe, ce sont avant tout les mélodies sombres, ponctuées de riffs de plomb et d'une production d'acier, qui s’avèrent prédominantes sur « Causa Sui » . Pendant près de quarante-trois minutes les cordes et les peaux frémissent avec délice, créant des atmosphères prenantes avec en toile de fond le froid, les ténèbres et la nuit.
C'est dans ce décor glacial que l'introductif "Fierce" convie à la même table puissance et lourdeur. Formant une fresque aux multiples tonalités, la force de ce morceau réside dans les contrastes avec lesquels il jongle sans fausse note. La performance du batteur, qui cogne comme un damné ou les hurlements du chanteur, empreints d'un profond désespoir, sont à ce titre notables. C’est sûr, AHASVER n’a pas de leçon à recevoir en matière de noirceur comme en témoigne le superbe "Sand" qui s'étire tout en nuances. "Path", "Wrath" et le mal nommé "Peace" sont quant à eux de véritables monstres métalliques, embardées chevelues et testostéronées qui feront craquer quelques nuques en live à n'en point douter. Quant au superbe "Kings" qui n'oublie pas de placer une intervention musclée quand la tension se relâche, il clôt les débats de bien belle manière avec son format XXL de près de neuf minutes apte à faire trémousser même les popotins les plus flasques !
Du côté de l'enrobage, rien à redire. Mixée par le guitariste du groupe Victor Minois (également à la manœuvre chez PSYKUP) et masterisé par Thibault Chaumont (TREPALIUM, VESPERINE, NOEIN...) dans la foulée, cet album ne souffre d'aucune faute de goût dans son approche sonore, claire et puissante. Le constat est sans appel : AHASVER propose avec « Causa Sui » un disque riche, intense, affichant un juste équilibre entre mélodies inspirées et parties atmosphériques sombres, captivantes. C’est ce que l’on appelle une réussite, tout simplement.