LOST SOCIETY revient cette année avec un cinquième album intitulé « If The Sky Came Down », plus intimiste que jamais, dont la sortie a été repoussée au 7 octobre. Le groupe finlandais semble avoir un message important et plein d’émotions à faire passer grâce à une musique toujours aussi punchy mais aussi très accrocheuse. Samy Elbanna, guitariste et chanteur, nous a dévoilé avec enthousiasme et grande intelligence ce qui fait l’essence même de l’album et du groupe.
Salut Samy. Merci de prendre le temps de répondre à quelques-unes de nos questions à propos de votre cinquième album « If The Sky Came Down ».
C'est un plaisir pour moi ! J'adore discuter avec les gens, tâter un peu le terrain, voir si les media sont réceptifs à notre musique. C'est très important et j'adore ça !
« If The Sky Came Down » est un très bel album, mais il se veut quelque peu différent des précédents. Quelles ont été vos sources d'inspiration cette fois ?
Cet album est vraiment spécial, en particulier pour moi. Chacun de nos albums reflète ce que nous sommes et après la sortie de « No Absolution » en février 2020, tout à commencer à devenir vraiment bizarre dans le monde comme tu le sais. Après six mois de pandémie sans pouvoir jouer en live, ce qui nous a déjà vraiment affecté, j'ai eu pas mal de mauvaises nouvelles dans ma vie. Sans m'appesantir sur le sujet, ma vie personnelle a vraiment mal tourné, avec de vrais problèmes psychologiques à la clé. J'étais à un moment de ma vie ou clairement je me demandais s'il fallait que j'écrive un nouvel album ou s'il fallait que je ne fasse plus rien du tout. Heureusement, je suis content d'être encore là aujourd'hui et d'avoir pu écrire un très bel album.J'ai été capable de mettre tout ce qui me tenait à cœur dans ces dix chansons. J'en discutais hier avec un ami et je lui disais que nous, musiciens, on a de la chance de pouvoir mettre dans nos chansons tout ce que l'on a sur le cœur, des émotions positives et négatives. Cet album est vraiment une preuve qu'on peut tout surmonter grâce à la musique. « If The Sky Came Down » prend tout cela en compte.
Pourtant, quand on te voit, tu sembles plein d'énergie positive, tu es souriant et plein de joie. Difficile d'imaginer les sombres pensées qui peuvent t'habiter...
Oh eh bien, je peux te dire que la situation aurait été bien différente il y a six mois. C'était une très mauvaise période, j'étais très renfermé. Je ne voulais qu'une chose, c'était écrire l'album, raconter au monde une histoire, rendre compte d'une espèce de journal intime de l'année passée. Maintenant que tout est en forme, je suis bien plus heureux, je me sens bien mieux. La vie semble plus rose et je me sens chanceux d'avoir pu en arriver là. Et je sais maintenant que même quand tu te sens seul, que tu as l'impression que personne ne te comprends, eh bien en fait, il y a des milliers de personnes qui ressentent la même chose. C'est ce que je veux leur dire avec ce nouvel album : quand tu te sens seul, en fait, tu fais partie d'un gros groupe de gens. Il faut simplement s'en rendre compte et à travers la musique, on peut fédérer ces personnes et considérer ensemble que finalement, la vie n'est pas si terrible tout le temps !
D'ailleurs votre musique est très massive mais aussi très accrocheuse. Est-ce justement une façon de fédérer un maximum de fans ?
Pour moi, la musique est assez naturelle. J'aurais du mal à te définir le processus que j'utilise pour écrire des morceaux. En tant que guitariste et compositeur, quand je prends ma guitare, je sais que ce que je vais écrire, c'est globalement ce que l'on va jouer pendant les quelques années à venir. Et comme nous sommes un groupe depuis plus de dix ans maintenant, on a beaucoup grandi en tant qu'êtres humains. On a vécu de belles relations, on a enduré des pertes, on a connu des hauts et des bas. Ce serait fou de penser qu'on est capables de faire les mêmes choses qu'il y a dix ans. Notre connexion à la musique est très naturelle, tout comme notre progression. Je sais que ça peut paraître bizarre pour certains que nous n'écrivions pas la même musique qu'à nos débuts mais il est évident que si je leur demandais s'ils pensent être les mêmes personnes qu'il y a dix ans, ils me répondraient, bien sûr que non ! En fait, j’ai vraiment envie que ma musique soit un témoignage de ma vie à une époque donnée, un héritage que je peux transmettre. A un moment où le monde tourne mal, j’aime bien pouvoir transmettre mon point de vue, ma façon d’appréhender la vie pour que les gens peut-être reconsidèrent les choses différemment. Je ne me revendique pas comme maître à penser mais je pense que chacun d’entre nous peut avoir un rôle à jouer dans la direction que prend le monde. Chaque opinion peut avoir une influence sur les gens qui nous entourent et mener à une réflexion qui peut changer les actes en fin de compte.
Tu t’imaginais pouvoir être à cette place il y a dix ans ?
C’est drôle parce qu’un côté non mais d’un autre oui. La seule chose qui a toujours été claire pour moi depuis que je suis enfant c’est que j’allais devenir musicien et je me voyais dans le plus gros groupe du monde. Je sais que ce n’est pas le cas actuellement, mais je travaille dur pour y arriver. Et je suis ravi et en même temps reconnaissant que les autres membres du groupe aient le même objectif. Rien d’autre nous importe. La musique est la seule et unique chose qui a de l’importance dans nos vies. Et j’ai l’impression que dans certains groupes, ils oublient cette priorité. Pour nous, chaque moment que nous vivons est quelque chose d’important, qui nous fait progresser et nous envie de travailler encore plus dur. A chaque étape, on se dit, c’est cool mais ok, allons plus loin. Et quand on arrive à l’étape au-dessus, on essaye encore de franchir des échelons. Donc en ce sens, je m’attends à ce que de bonnes choses nous arrivent mais je dois dire que ce que nous vivons actuellement et ce qui risque encore de nous arriver dans les années à venir nous galvanise. Toucher tant de gens dans le monde nous parait encore tellement fou ! Mais on est ravi !
Vous avez trouvé l’équilibre parfait entre talent et travail acharné ?
Oui, je pense. On continue à s’entraîner beaucoup. Nous sommes un jeune groupe mais à chaque fois que nous écrivons un nouvel album, on se lance vraiment le défi de nous surpasser. On essaye à chaque fois d’être la meilleure version de nous-mêmes. On ne se contente jamais du minimum. Pour nous, notre musique se doit être de classe mondiale. Il faut qu’elle soit assez bonne pour que dans dix ans nous soyons toujours fiers de ce que nous avons produit. Mais j’aime travailler, c’est un sacerdoce. On a la chance de vivre en Finlande où si tu veux créer un groupe de metal, c’est probablement le meilleur endroit du monde. Mais le côté obscur, c’est qu’en contrepartie, il y a des milliers de groupes de metal donc tu te dois de sortir du lot. C’est un défi que nous aimons relever.
La musique de LOST SOCIETY est comme une montagne russe pour les émotions. Est-ce que vous voulez que vos auditeurs ressentent tous les sentiments qui vous animent et vivent la musique plutôt qu’ils se contentent de l’écouter ?
Oui, c’est essentiel. Je pense que la musique peut vraiment t’emmener vers d’autres dimensions. Elle peut te faire oublier des choses mais elle peut aussi t’en rappeler. Elle booste tous tes sens. Et c’est la raison pour laquelle j’ai commencé à faire de la musique. La première chanson de CHILDREN OF BODOM que j’ai entendue par exemple m’a complètement transporté vers un autre univers et m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses. Si j’arrive à faire de même pour d’autres gens, j’aurai accompli mon destin. On a la chance d’être sur un gros label, Nuclear Blast, donc notre musique a la capacité de toucher beaucoup de monde. Donc quand tu as la chance de sortir dix chansons, il faut vraiment t’assurer qu’elles ne sont pas justes correctes mais complètement démentes. Elles doivent faire sens.
Certains morceaux sont plus agressifs que d’autres comme "We Are The Braindead" par exemple. Est-ce le côté sombre de LOST SOCIETY qui s’exprime alors ?
C’est ce que j’aime justement, qu’on puisse avoir une chanson comme "Suffocating" et une autre comme "We Are The Braindead" sur le même album. A aucun moment, tu peux te dire « Ah ça c’est du LOST SOCIETY ! ». Tu entends la patte du groupe bien sûr mais il y a plein de côtés à notre musique. C’est ce que j’aime.
Et alors, est-ce un album plutôt optimiste ou plutôt pessimiste ? « If The Sky Came Down » peut nous faire penser à un côté un peu obscur mais on y voit aussi beaucoup de lumière dans ce titre…
En fin de compte, c’est un album 100% optimiste ! Le titre de l’album représente le fait que nous tous sur terre avons craint à un moment donné que le monde allait s’écrouler autour de nous. Et plus tu es préparé à quelque chose de terrible, plus tu parviendras à surmonter la difficulté. J’essaye de donner aux gens mon point de vue sur comment ça se passe quand tout autour de toi se disloque et s’effondre. C’est pour ça que c’est un album lumineux car je suis la preuve vivante qu’on peut surmonter toute douleur.
C’est plus facile pour toi de composer aujourd’hui qu’il y a dix ans ?
Oui et non, car je n’ai pas encore trouvé la recette miraculeuse qui me permettrait de toujours composer de bons morceaux donc cela me demande toujours du travail. J’ai toujours besoin de me demander vers quel angle je vais me tourner cette fois. Je pense qu’on sera toujours capables de composer des chansons mais il faut aussi qu’on fasse preuve d’originalité, qu’on raconte une histoire avec notre musique. Chaque album doit être pertinent et c’est un vrai challenge à chaque fois. En plus j’ai à peine fini un album que je pense déjà à ce que sera le suivant. Je ne suis pas stressé mais j’ai tout de même un peu de pression. Quand les choses deviendront faciles ou prévisibles, je pense qu’il n’y aura plus de magie. Et ça je n’en veux pas.
Tu parlais de Nuclear Blast tout à l’heure. As-tu l’impression que c’est une réelle opportunité pour vous de faire partie du catalogue de ce légendaire label ?
Oui, je pense qu’on a eu beaucoup de chance d’être chez Nuclear Blast dès le premier album. Quand on en est partis car on avait le sentiment qu’on avait d’autres opportunités ailleurs, on s’est retrouvés entre nous. A notre retour, on a trouvé des gens pleins de bonnes intentions à notre égard, qui croient en notre musique et qui veulent rendre le groupe encore plus gros qu’il n’est. Je pense donc que c’est le meilleur endroit pour nous et je pense qu’ils vont vraiment nous emmener encore plus haut.
Tu t’occupes de la musique, des paroles, est-ce que c’est toi aussi qui crée le design autour de LOST SOCIETY ?
Non, je suis à la base des idées, j’ai dessiné par exemple le croquis pour la pochette de l’album mais je ne m’occupe pas de la mise en forme. Je suis un bon musicien mais pas un bon artiste ! Heureusement, nous avons des personnes géniales qui nous entourent pour ça.
Quelques derniers mots pour nos lecteurs ?
Merci à vous tous pour votre soutien, en particulier pendant ces dernières années où tout semblait incertain pour nous musiciens. Vous avez su nous soutenir à fond, merci et à bientôt sur les routes !
