27 septembre 2022, 23:59

PARKWAY DRIVE + WHILE SHE SLEEPS + LORNA SHORE

@ Paris (Zénith)


Avril 2020-septembre 2022. Deux ans et demi d’attente... Nous l’avons mérité, ce moment au Zénith de Paris. L’attente fut longue, au travers d’un Covidalypse qui nous a bien ruiné notre bonne humeur, mais au final, l’événement a lieu. Et qui de mieux placé que PARKWAY DRIVE, avec ses textes révoltés et sa musique apocalyptique, pour célébrer le plaisir de retrouver nos salles préférées ?

Une fois bravé le crachin breton qui a investi la capitale, nous prenons possession des lieux. Dans un Zénith aux trois quarts rempli, la majorité est composée de 15-30 ans (me voilà officiellement dinosaure, donc) et le premier groupe s’élance. LORNA SHORE envoie un deathcore dévastateur pendant 30 minutes, 5 titres en provenance de l'album « Pain Remains » et l'EP « ...And I Return To Nothingness ».
LORNA SHORE peut se résumer en un seul mot : guerre. C’est une guerre sonore qui déferle sur nous, Will Ramos, le nouveau frontman et permanent depuis 2021, s’est si bien intégré qu’il mène la troupe de main de maître... de guerre. "To The Hellfire", voilà notre destination affichée en quelques notes, nous passons plusieurs fois le mur du son. Growl aussi chaud et collant que du goudron frais, "Sun Eater" est incroyable avec ses racines empruntées au paléolithique, cris et rythmique rapide qui fleurent parfois le black metal, riffs martiaux, pas un moment de répit. On ne peut donc résumer le groupe du New Jersey qu'avec le qualificatif de brutal, car en arrière-plan se dégage un sous-texte classique et symphonique. Une symphonie de bruit ressentie dans "Of The Abyss". 30 minutes de LORNA SHORE, c’est parfait quand on ne connaît pas vu la décharge d’énergie que l’on s’est prise dans la tronche. Je me suis régalé et j’ai beaucoup aimé ce style extrême façon HEAVEN SHALL BURN. Niveau public, ce fut un accueil chaleureux.


Le Zénith a été chauffé à blanc, place à WHILE SHE SLEEPS qui réveille ceux qui dorment encore (pas sûr qu’il y en ait, me direz-vous) en entamant "Sleep Society". Plus qu’un groupe qui monte, la bande de Sheffield nous offre depuis trois albums des concerts forts en metalcore accessible, je dis ça car nous savons que le metal moderne est souvent traité de "sauvage" par les gardiens du temple du rock (l’histoire est un éternel recommencement). Pendant 45 minutes, WHILE SHE SLEEPS va défendre essentiellement son dernier bébé, « Sleep Society », avec 5 chansons sur les 10 du set, le reste étant des extraits des deux albums précédents. Pas de "Four Walls", à mon grand regret. Lawrence Taylor est un chanteur qui se donne à fond, jusqu’à aller faire du crowdsurfing en plein cœur du Zénith. Le public est au comble de la joie et tout acquis à la cause du groupe. Musicalement, on a Sean et Matt qui balancent des riffs metal à souhait ainsi que de très jouissifs soli, Adam qui maîtrise son kit et Aaran, ce bassiste possédé que j’adore, qui virevolte toujours autant. Le rendu live donne une toute autre texture à des titres tels "You Are All You Need" ou "Eye To Eye", des morceaux ultra catchy mais dont le rendu metal sur CD me semblait light. Ce soir, dans un Zénith tournant sur lui-même avec un public exalté enchaînant circle-pits et walls of death nombreux, WHILE SHE SLEEPS sort de sa sagesse musicale. Nous avons des moments de bravoure mémorables, avec "The Guilty Party", "You Are We" et un incontournable pour moi, "Silence Speaks". Lors du splendide final "Systematic", je me dis que PARKWAY DRIVE va galérer pour récupérer ce public qui reprend à tue-tête les couplets de WHILE SHE SLEEPS.


Les invités de la soirée étaient très bons, mais maintenant place au groupe tenant la tête de l'affiche, attendu depuis plus de deux ans, PARWAY DRIVE. Procession aux flambeaux sous nos acclamations et dans un clair-obscur, PARKWAY DRIVE investit les lieux. Winston McCall, le frontman au charisme de dieu olympien, gagne immédiatement l’avancée de scène au milieu de la fosse. Mi-Terminator mi Freddie Mercury tout de blanc vêtu, son marcel révèle son corps d’athlète tandis qu’il prend des poses que nos chanceux photographes immortalisent à loisir. Et sa démarche de crabe surfeur est un régal pour les objectifs.

Démarrage enflammé avec le schizophrénique "Glitch". Quand je dis que le Zénith s’embrase, ce n’est pas un euphémisme, la foule est en délire, reprend les refrains avec force et gesticule jusqu’au fond des gradins. Personne ne restera assis pendant toute la durée du concert. Un délire ! Depuis une dizaine d’années, j’ai vu le groupe sortir du ghetto du metalcore et devenir toujours plus puissant et adulé. Je savais qu’il ne fallait pas manquer ça. Mon seul regret, c’est que seuls seront joués les quatre chansons connues de « Darker Still », l’album tout fraîchement arrivé sur les étagères d'Epitaph. Le reste du set sera constitué à parts égales des deux albums précédents. Regret très léger au vu de l’intensité du concert.


Très vite, nous vivons une succession de moments forts. "Prey" met tout le monde d’accord, "Vice Grip" est si ovationné que c’est un miracle que nous ayons encore des cordes vocales pour la suite. "Ground Zero" voit le public jumper comme un seul homme ou femme. La puissance de PARKWAY DRIVE est au rendez-vous, le son est parfait et Winston semble impressionné de l’accueil brûlant du Zénith. Il mimera régulièrement son étonnement respectueux envers nous, la marque des petits devenus grands. Au travers du groupe, serait-ce le public lui-même que l’on sent devenir grand ? Nous sommes chacun une part de cet instant mythique.

Tout s’enchaîne vite, trop vite. "The Void", couplé à l’extrême "Karma", rehaussé de "The Greatest Fear" nous submerge, les Australiens de PARKWAY DRIVE s’y connaissent trop bien en déferlantes de riffs. Puis il y a ce diptyque construit autour de "Shadow Boxing" et "Darker Still". De fantomatiques demoiselles déploient violons et violoncelles dans une ambiance de fin du monde, tout en complétant la rage contenue du groupe. L’occasion de savourer les soli de Jeff Ling qui s’élève vers les cieux, juché sur une plateforme. Moment intense qui rappelle que c’est un groupe d’excellence qui se tient derrière l’impressionnant frontman. Comment ne pas penser en vivant cette chevauchée musicale, en bien je précise, à un célèbre groupe de Californie pour qui plus rien d'autre ne compte ?


Crotte, c’est déjà le final ? "Bottom Feeder" crache du riff et des flammes qui vous feraient oublier un groupe allemand connu pour ses "pierres qui rament"... Jeff et Winston se dressent côte à côte sur l’avancée de scène. Royal.

Que faire pour avoir droit à un rappel ? Martèlements de pieds sauvages, j’avais vécu ça dans ce même lieu avec FIVE FINGER DEATH PUNCH. L’effet est saisissant, heureusement nous ne sommes pas venus en claquettes de plage, ça aurait été bizarre et nettement moins mythique. Nouvelle procession cérémonielle. PARKWAY DRIVE est de retour. "Crushed" est monumental.
Les musiciens sont baignés de flammes, nous sommes baignés de puissance pure. Puissance absolue est le second nom du groupe. J’en regrette de ne pas voir jouer leur titre éponyme, "Absolute Power". A notre grand regret, le rappel s’achève. Dernier coup de fouet avec l’incontournable "Wild Eyes". Les cinq membres du groupe se pressent sur l’avancée pour se nourrir de la joie du public. C’est magique. Dernière salve, sauvage et prolongée, nous allons en profiter jusqu’à la dernière note. Exaltation du refrain scandé à l’unisson.

PARKWAY DRIVE est salué à la hauteur de sa prestation. J’espère pour la prochaine fois un set un peu plus long. Soirée de consécration du metal moderne et des "jeunes" groupes. Nous avons eu la Guerre, La Rébellion, et enfin le Crépuscule des Dieux. Un triptyque logique au final, chaque tableau complétant un ensemble musical, une progression tant sonore que temporelle. On peut se réjouir de vivre de tels moments avec ces groupes qui constituent une relève metal qui assure sur les planches.

PARWAY DRIVE fut ce soir à l’image et son public. Colossal.


​Portfolio © Régis Peylet : PARKWAY DRIVE - WHILE SHE SLEEP.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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