Nous délivrant magistralement un premier manifeste incantatoire au service d'un death metal des plus occultes et d'un black/doom metal des plus nécromantiques, la formation madrilène SPECTRUM MORTIS vient à point nommer compléter le rang impérial déjà régenté par ses illustres comparses internationaux MGŁA, AKHLYS, UADA, ANARKHON et GAEREA en tête.
D'une musicalité venimeuse et cauchemardesque aux confins terrifiants d'atmosphères suintantes et oppressantes, cette vile œuvre s'articule autour d'un tronc déshumanisé de huit ogives tentaculaires (dont une intro et une outro composées uniquement au bouzouki), inquiétant l'auditeur qui se retrouve à mesure d'une écoute hypnotique, noyé dans un maelström névralgique de torpeur ornementale.
La noirceur irréligieuse et impie, source d'introspection vertigineuse, se perçoit habillement au sein de la colonne de direction unilatérale du légitime groupe, déjà profanateur irrévérencieux d'un élogieux EP « Blasphemare Nomen Eius » (2016) conté d'ailleurs exclusivement en latin. On est fermement en droit d'exiger une réédition prochaine tant les origines viscérales d'une telle maturité exprimée posent sincèrement la réflexion existentielle de ne pas avoir été découvert et signé plus tôt.
Lors du voyage initiatique déployé tout au long de cet énigmatique « Bit Meseri - The Incantation », l'enivrante trinité musicale "U-Anne-Dugga", "Uanna" et "El Sol de Eridu" défend un paysage enclavé au sein de ses abîmes désincarnés à proprement dit. La lourdeur doom/death metal extatique et doctrinale chère aux mythiques suisses TRIPTYKON et aux emblématiques anglais ESOTERIC se fait ressentir étrangement par moments choisis en fond de toile parcheminée. .
SPECTRUM MORTIS se révèle littéralement être une signature rafraîchissante et envoûtante de la part du label français si prolifique, Listenable Records, qui nous rappelle une certaine fougue de choix d'édition presque identique lors de la sortie du second et symptomatique album des Néerlandais CENTURIAN « Liber Zar Zax » (2001), tant l'impact reçu par les inconditionnels avait été puissant et fédérateur dès sa sortie imminente.
A travers sa dissimulée générosité, SPECTRUM MORTIS vous inocule intrinsèquement tels les Américains INCANTATION avec son « Mortal Throne Of Nazarene » (1994) si dantesque par son prisme caverneux, un venin perfide d'une morbidité hors du commun qui saura ravir les disciplinés férus de découverte transcendantale convoitée. Honneur rageur et fédérateur à tant de maléfice instrumental dévoué...
