Bien loin d’être un novice en matière de metal qui tache, le duo marseillais ACOD est de retour sur les platines avec un cinquième album qui démontre toute sa science du black/death qui fait mal. En effet le duo formé autour de Jérôme Grollier (guitare, basse, batterie et arrangements) et Frédéric Peuchaud (chant et textes) est bel et bien devenu un poids lourd dans le genre. Pas vraiment une surprise en soi puisque dès 2018 « The Divine Triumph », première pierre d’une trilogie aux allures de voyage initiatique infernal, avait déjà imposé le style plus sauvage que le groupe allait privilégier pour la suite de sa carrière. Et il faut se rendre à l’évidence, il ne subsiste ici plus que des traces de leur death metal moderne, mélodique qui rythmait alors leurs premières sorties. Et ce « Fourth Reign Over Opacities And Beyond » ne laisse aucune place à l’hésitation quant à sa ligne directrice qui témoigne d'une réelle maturité où la violence typiquement black metal, généreusement bardée de blast-beats bien sentis, côtoie des atmosphères plus délicates.
Loin d'être simple à caser dans une catégorie bien précise, ACOD pose sur sa trame metal extrême un nombre significatif d'ingrédients death nourris de clavier enjoués qui lui permettent de se forger dès les premières minutes une identité bien à lui. De l’implacable "Genus Vacuitatis" d'ouverture jusqu’au final "Empty Graves / Katabasis" et ses sept minutes épiques, en passant par le doublé "Nekya Catharsis" / "Sulfur Winds Ritual" percutant à souhait, le groupe prend son temps pour trousser des ambiances crépusculaires qui font mouche. Comme en témoignent ces riffs ciselés, ces mélodies puissantes ou ce matraquage des peaux qui fait preuve d'une variété et d’une intensité présente tout au long de l’album. De la belle ouvrage, assurément...
Dotée d'une production puissante et peaufinée dans la moindre de ses tournures ainsi que d'un artwork grandiose signé (une fois de plus) par l’incontournable Paolo Girardi, cette sombre escapade réclame de nombreuses écoutes attentives et prolongées pour en saisir toutes les subtilités. Mais elle rassasiera à n’en point douter les auditeurs les plus exigeants !