11 novembre 2022, 15:05

KAMPFAR

"Til Klovers Takt"

Album : Til Klovers Takt

Pluie et brume, le soleil est parti se faire dorer la couenne sur la lune. Dans la famille black metal pour nuits longues je choisis KAMPFAR. « Til Klovers Takt » use de l’atmosphère bruineuse de sa Norvège natale pour mettre sa musique en noir sur blanc. Car il est l'heure des contes musicaux d'hiver.

"Lausdans Under Stjernene" ouvre les froides lamentations. Martèlements d’une rythmique aussi doom que possible, guitares saturées hurlant à la mort, voix aiguë et sépulcrale. Des cristaux de glace tombent sur nos épaules grelottantes quand les instruments reprennent leur souffle. Bienvenue au bal de l’hiver. Nous contemplons et écoutons des tableaux vivants et vibrants, empreint de la force d'un groupe ayant un parfait recul sur sa carrière. KAMPFAR distille juste ce qu’il faut de mélodie dans le lointain pour que la peine soit agréable. "Urkraft" avance en rampant vers nous tel un gigantesque dragon aux écailles glacées, la basse et la batterie sont lancinantes, les guitares égrènent leurs sons en chapelets paillards, la voix est un inexorable bannissement de l’astre solaire. La beauté de cette atmosphère black et métallique est fascinante. Les sons extirpés dans la douleur touchent à l’inexorabilité des choses.

KAMPFAR décline son black metal rugueux et contemplatif sur un total de 6 titres, aux longueurs allant de 5 à 8 minutes. Ce qui est un temps judicieux pour que nous soyons complètement transportés et submergés par la musique, pour que nous sentions l'agencement opportun de chaque protagoniste, humain ou instrument, ainsi que dans "Fandens Trall", où des apports pagans renforcent l’isolement temporel devenu notre parmi les forêts du grand Nord. J’imagine Tolkien décrivant le déferlement de nuées d’orcs tout en écoutant "Flammen Fra Nord". Une marche au pas lourd et barbare, les guitares se muant en haches aux lames sonores et barbelées, des hurlements musicaux guidant la horde.

Un album musical en général, paré de black metal en particulier, se doit de te dépayser, de te libérer des contraintes du quotidien. KAMPFAR y parvient avec brio, offrant des rythmes sachant affoler, séduire, puis apaiser l'auditeur. "Rekviem" est épique, avec son pas rapide, ses riffs hypnotiques, et un apport bien vu de chœurs d’un autre âge. Les Vikings sachant festoyer comme il se doit KAMPFAR achève l’aventure avec "Dødens Aperitiff", littéralement l’apéritif de la Mort. Contenu joyeusement lourd qui s’imprime au plus profond de notre chair... de poule. Vous reprendrez bien un gobelet de ciguë ?

Voilà. KAMPFAR propose une solution alternative aux soucis de chauffage cet hiver. Drapons-nous de riffs glacés et devenons l’hiver. Endormons-nous dans les cris et les riffs. « Til Klovers Takt » est à déguster sans modération... et de préférence très frais.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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