Retrouver KAMPFAR est à chaque fois grisant. Parce qu'on a l'impression que les norvégiens sont dans le paysage pagan black metal depuis toujours, parce qu'à chaque fois, ils produisent une musique sombre, authentique et puissante, parce qu'on sait qu'avec le quatuor, on sera dans le « true », le vrai, le glacial, le mystique. L'impression de satisfaction est réelle, avant même d'avoir découvert le son du nouvel album « Til Klovers Takt ». On n'a qu'une envie, entrer dans la ronde du sabbat, respirer la fumée du feu crépitant et se laisser transporter en rythme, dans une autre époque, une autre vie, un autre monde. Pour cela, il y a six titres, 45 minutes d'un black metal intense, sans concessions mais galvanisant.
Dès les premières notes très pagan de "Lausdans Under Stjernene" on ne s'y trompe pas : KAMPFAR a gardé son accent, son essence présente depuis le milieu des années 90. Entre rythme lourd et riff en acier trempé et true black metal blasté, c'est un vent du nord qui nous pétrifie. Les passages dissonants et graves ainsi que le travail de la voix, à la fois agressive et incantatoire rendent ce premier morceau hypnotique à souhait, presque chamanique. Bienvenue dans un monde de guerre et de mythes, de sang et de croyances."Urkraft" et sa basse intense fait la part belle à un rythme martelé et mid-tempo, un titre plus éthéré, mystérieux qui devient ensuite d'une rare violence avec des riffs secs et des vocaux hurlés transcendants. "Fandens Trall" nous promet un aller simple pour l'enfer avec des mélodies dissonantes et une complainte incessante. C'est un titre imposant, sobre, efficace qui nous emmène dans un tourbillon sans fin. L’extrêmement rapide et cinglant "Flammen Fra Nord" revient aux sources d'un true black, pagan et épique par moment, avec des voix tantôt hurlées, tantôt claires, des guitares acérées mais aussi des passages plus atmosphériques. Du KAMPFAR à l'état pur, la Norvège originelle. On pourrait faire le même constat avec "Reqviem", mais avec bien plus de superlatifs. C'est une chanson tout en progressivité, black metal mais aussi plus rock, true mais tellement plus pagan aussi. Une pépite, un joyau, un hymne pourquoi pas. Pour terminer l'hyper saturé "Dødens Aperitiff" nous ouvre les portes d'un monde obscur, aux ambiances funestes, le rythme est lent, les guitares sont lourdes, le chant est clair et même mélodique mais toujours rauque, l'ensemble est belliqueux, incisif et le final est juste...phénoménal ! A en filer la chair de poule.
Avec presque trente ans de carrière, KAMPFAR peut se targuer d'être parmi les groupes qui hantent le paysage du pagan black depuis toujours. Sa longévité prouve son savoir-faire dans un domaine où faire preuve d'originalité en restant sincère est parfois digne d'un combat sanglant. Avec ce neuvième album « Til Klovers Takt », les norvégiens reviennent à nouveau le bouclier au poing, l'épée entre les dents pour nous faire vivre une épopée forte d'une musique aussi inspirée que percutante. C'est un indispensable de toute discothèque, comme les précédents albums d'ailleurs. Un sans faute.