Nos cousins québécois ont décidémment plus d’un tour dans leur sac ! Non contents d’héberger sur leur sol glacé la crème du death metal sous toutes ses coutures (GORGUTS, CRYPTOPSY, BENEATH THE MASSACRE, BEYOND CREATION...), ceux-ci excellent également dans le metal noir avec FORTERESSE, SERMENT, MONARQUE et autres SORCIER DES GLACES. Avec des références telles KRALLICE et cette scène "expérimentale" en guise de repère proposé par son label des Acteurs de l’Ombre, il ne faisait guère de doutes que ce troisième album des black-metalleux locaux ACÉDIA allait lui aussi s’ajouter à cette liste prometteuse.
Dont acte. Puisqu'il ne faut d'ailleurs pas moins d’une poignée de secondes avant que les choses ne se mettent en place sur "La Fosse" qui distille riffs dissonants et autres ambiances hostiles avec doigté. Avant de laisser place à un maelström de trémolos soutenu par des parties de batteries trépidantes, les guitares accompagnant sans jamais baisser la garde ce magma compact qui annihile toute forme de résistance (le pavé de huit minutes "Mont Obscur" en est à ce titre le meilleur exemple). Il suffit de tendre l'oreille pour guetter ces changements de rythmes incessants, déroulant des tempos plus massifs au détour d’un break halluciné.
Au fil des écoutes, le musique prodiguée par les trois musiciens d'ACÉDIA délivre quelque chose de passionnant, chaque membre du groupe déployant ici une énergie, une urgence dans l’exécution comme si sa vie en dépendait. Pas pour autant dépourvues de mélodies, les quarante minutes de « Fracture » démontrent aussi une grande maîtrise du sujet tant sur le fond que sur la forme.
Doté d'une production limpide, peaufinée dans le moindre détail par François Fortin, ainsi que d'un artwork énigmatique signée par l'artiste québecoise Marion Gotti, cette oeuvre atypique est une petite merveille de dissonances. De celles qui réclament de nombreuses écoutes attentives et prolongées pour en saisir toute la noire quintessence...