Comment fêter le vingtième anniversaire de DRUDKH ? Comment célébrer l'existence d'un groupe de black metal ukrainien dans le contexte actuel ? Quoi de mieux que la sortie d'un album, le douzième pour le quatuor ? Eh bien, c'est chose faite avec quatre nouveaux morceaux regroupés sous le titre symbolique « All Belong To The Night ». Seulement me direz-vous ? Oui, mais pour tout de même quarante-cinq minutes d'écoute. Et il semble que la période ne soit pas choisie par hasard si on en croit le thème nocturne, le froid de novembre si approprié au climat incertain et sombre qui règne dans le pays natal de Roman Saenko, tête pensante de DRUDKH.
Pour ceux qui connaissent le groupe, vous savez ô combien ses membres sont impliqués mais discrets, productifs mais cachés. Pas de concerts, pas de lien avec la presse, pas de communication. DRUDKH vit simplement de ce qu'il est et ce qu'il propose. Le but n'est pas de se vendre au monde, loin est l'idée de véhiculer un message, à part peut-être pour les fans qui parlent ukrainien. Il en reste que leur musique est fédératrice, enrobante. Quand on plonge dans le nuit, on plonge dans la mort mais pour mieux en renaître, grandi, plus fort. Et ce nouvel album est plus qu'une plongée, c'est une immersion dans un black metal poétique, naturel, on pourrait dire essentiel.
Dès les premières notes de "Нічний (The Nocturnal One)" les guitares résonnent, la basse marque le ton et la batterie et les vocaux se veulent solides, revanchards. La nuit est là, effrayante et féconde. Les passages de black metal alternent avec des moments plus mid-tempos et progressifs, les riffs sont acérés mais les mélodies sont omniprésentes. Ce sont dix minutes puissantes et envoûtantes qui seront suivies d'un "Млини (Windmills)" bien plus pagan. Le rythme est lourd, les vocaux hurlés sont vibrants et l'ensemble nous plonge dans un monde mystique proche des débuts de DRUDKH. Sans être un réel retour aux sources, le côté true-pagan black metal est bien plus présent ici.
"Листопад (November)" est quant à lui plus mélodique avec des riffs entêtants et répétitifs, des rythmes rapides mais balancés et des vocaux chantés bien qu'agressifs. Enfin, l'impressionnant "Поки зникнем у млі (Till We Become The Haze)" clôture l'album de la meilleure façon grâce à un true black tranchant, dissonant parfois, violent et froid toujours. Ce sont quinze minutes d'un blizzard glacial, parfois entrecoupé de quelques passages atmosphériques à la guitare arpégée qui sont autant de moments de répit salvateur. La fin est hypnotique, saisissante. Un titre monumental, un hymne à s'approprier. Pas forcément accessible a priori mais tellement gratifiant.
DRUDKH fait dans l'authentique, dans la pureté. Sans fioritures, il nous présente un album de pur black metal de tradition, ulrainienne mais surtout universelle qui ne peut que séduire les fans du genre. Les inconditionnels retrouveront une source à laquelle s'abreuver, les néophytes pourront se laisser entraîner jusqu'au bout de la nuit, sans risquer l'overdose.