Un coup d’œil, même rapide, sur la composition du line-up international d’ENMITY ne laisse pas de place au doute. Jugez plutôt : Steeve Petit (NO RETURN, ZUUL FX) préposé au crachoir et David Decobert (ex-SPIRITUAL DEATH, initiateur du projet) secondé par l’Indonésien Michael Perwira (TROJAN) à la guitare, le Grec Georges Kollias (NILE) derrière les fûts ainsi que Mohammed Kutkut, originaire de Jordanie, à la basse. Voilà une véritable équipe de métalleux sans frontières ! Ajoutez à cela une brochette d’invités comme Max Otero (MERCYLESS) et David Roustany (membre du cultissime ALEISTER) ou encore Karl Sanders (NILE) qui y va de son petit solo et vous avez sur le papier une association de malfaiteurs rompus à l’art du tabassage en bonne et due forme. Et la promesse est ici à la hauteur des 38 minutes de ce « Demagoguery » qui convie à la noce ce qui se fait de mieux en matière de death metal guerrier et rampant...
Parce que c’est bien de cela dont il est question ici : des riffs pachydermiques qui broient, concassent sans sourciller et un paquet de breaks mastodontes tout droit sortis de l’enfer, le tout saupoudré de quelques solos bien sentis. Les lignes de chant profondes de Steeve grondent comme jamais, aucune inquiétude non plus sur les roulements de batterie diaboliques du batteur de NILE, comme toujours amenés avec doigté, qui n'hésite pas ici à s’éloigner de son répertoire habituel à base de parties blastées. En effet, sur « Demagoguery », c’est dans un registre plus massif qui évoque JUNGLE ROT, OBITUARY ou BOLT THROWER qu’il excelle. Des références pas anodines puisqu’on les retrouve également en filigrane sur les parties de guitares, lourdes à souhait, qui régaleront les amateurs de ces formations pas piquées des hannetons.
A l'image de son artwork brutal et explicite, reflet de textes engagés sur la guerre et son cortège de conséquences, et de sa production percutante signée Jean-François Dagenais (guitariste de KATAKLYSM), ENMITY ne s'embarrasse ici d'aucune fioriture. Cela tombe bien, c’est exactement ce que l’on attendait de sa part : un album velu, pas pour autant dénué de nuances, qui du haut de ses sept morceaux n’a pas la prétention de révolutionner le style mais bel et bien de lui rendre un bel hommage à coup de riffs qui font mouche. Ouch !