8 novembre 2022, 18:30

LACUNA COIL - Chronique d'un classique revisité [Part. 2]

"Comalies XX"

Album : Comalies XX

2e partie : « Comalies XX » (2022)

Quand, au premier semestre 2022, LACUNA COIL annonce travailler sur un projet spécial, les fans des Italiens sont loin de s’imaginer que ce projet est VRAIMENT spécial ! Et quand, le 15 juillet, la nouvelle tombe officiellement, c’est le choc : pour son 20ème anniversaire, « Comalies », pierre angulaire de la discographie du groupe milanais, va ressortir dans une nouvelle version "déconstruite" et "transportée en 2022". Diantre ! Le wokisme appliqué au metal ! Tout un programme ! Vous imaginez, vous, « The Number Of The Beast » revisité par IRON MAIDEN, avec force samples et guitares sous-accordées ? Bon, il est vrai aussi qu’en 20 ans, l’évolution musicale des protégés d’Eddie n’a pas été aussi marquée que celle de LACUNA COIL. Et c’est là que ce « Comalies XX » trouve sa légitimité, justement. Ce vrai-faux nouvel album est un instantané de ce que Cristina et les siens sont en 2022.

Depuis 2002, en effet, de l’eau, beaucoup d’eau même, a coulé sous les ponts pour les Transalpins. Cristiano "Pizza" Migliore (guitare), Cristiano "CriZ" Mozzati (batterie) et Marco "Maus" Biazzi (guitare) ont quitté le navire, et le noyau dur du groupe, composé de Cristina Scabbia (chant), Andrea Ferro (chant) et Marco "Maki" Coti Zelati (basse, claviers), s’est entouré de Diego "DiDi" Cavallotti aux guitares et Richard Meiz à la batterie, remplaçant lui-même Ryan Blake Folden, derrière les fûts de 2014 à 2019. De sextet le groupe s’est donc transformé en quintet, mais le son de la Spirale Vide n’en a pas pâti pour autant, le gros travail de programmation de Maki y étant pour beaucoup. Ce qui a changé, en revanche, c’est l’orientation musicale de nos cinq zigotos (ça tombe bien, ça sonne italien !) qui, de chantres du metal gothique, se sont progressivement glissés dans la peau de furieux djenteurs. Et « Comalies XX » est à l’image du nouveau visage de LACUNA COIL : infiniment plus sombre et violent que l’œuvre originelle.

"Swamped XX", qui ouvre les hostilités, n’est pourtant pas si différente de la chanson qui avait été si bien mise en images par Patric Ullaeus en 2004. Comme si, d’emblée, le groupe avait voulu rassurer ses fans les plus sceptiques face à un projet aussi casse-gueule. Légèrement plus rapide que le titre d’origine, et comportant plus d’arrangements (les parties symphoniques sont omniprésentes tout au long du disque), elle se distingue surtout par son agressivité, due en grande partie aux growls d’Andrea qui, en abandonnant son chant mélodique, accentue le contraste avec la voix de sa collègue Cristina. La belle Italienne, quant à elle, maîtrise encore mieux son chant qu’avant, ce qui n’est pas une mince affaire quand on sait ce dont elle était capable sur « Comalies ». Jusque-là, pas de grosses surprises, donc. Mais dès ''Heaven’s A Lie XX'', on pressent que le grand huit émotionnel qu’est ce disque anniversaire vient seulement de se mettre sur ses rails...

Certains crieront peut-être au sacrilège en entendant Andrea hurler le refrain à la manière d’un chanteur de death, il n’empêche que couplée au chant plus modulé de Crisitina, sa voix permet à l’iconique chanson d’atteindre une intensité sans commune mesure avec l’originale, plus légère et entraînante. "DiDi" Cavallotti se taille également la part du lion en ajoutant un très beau solo au morceau, ce qui nous donne, là aussi, l’occasion de réaliser à quel point les Milanais ont évolué depuis quelques années, les soli n’ayant jamais été aussi présents dans la musique de LACUNA COIL que depuis « Delirium » (2016)... soit depuis que le groupe n’évolue plus qu’avec un seul guitariste ! Ce dont les vieux metalleux respectueux d’un certain protocole comme votre serviteur ne vont pas se plaindre, d’ailleurs ! Ce n’est en tout cas pas le seul titre bénéficiant d’un tel traitement et c’est tant mieux car les ponts de ces morceaux sont maintenant bien plus spécifiques qu’ils ne l’étaient sur le disque originel.

"Daylight Dancer XX" débute par une violente déflagration metal (quelle production !) et comprend de nouvelles paroles, notamment lors du refrain. Bien plus puissante que sa petite sœur, la chanson gagne également en profondeur, à la différence de "Humane XX" qui, elle, ne diffère guère de l’originale. "Self Deception XX" zappe la courte introduction et la voix lancinante de la version de 2002 et sonne plus torturée qu’il y a 20 ans, à l’image de la majorité des titres de ce « Comalies XX ». "Aeon XX" n’a plus rien à voir avec le court interlude dont le "saut" a pu faire penser à certains à l’époque que leur CD était endommagé. Ce qui pouvait auparavant s’apparenter à une introduction à "Tight Rope" s’appréhende désormais comme un morceau à part entière. On aime ou on n’aime pas, mais il faut reconnaître que LACUNA COIL a évité de tomber dans la facilité pour se réapproprier cette pièce. Comme sur le 1er single tiré de l’album, "Tight Rope XX"...

J’avoue que j’étais curieux, et quelque peu anxieux aussi, de découvrir la version 2.0 d’une chanson qui a toujours eu une place à part dans mon cœur de fan. Avec son refrain prenant, ses paroles sibyllines et ses arrangements complexes, j’ai toujours pensé, en effet, qu’elle représentait LACUNA COIL à son zénith, qu’aucun autre morceau ne pourrait l’égaler en terme d’intensité. Et honnêtement, l’entendre ainsi remaniée, avec sa mélodie chantée plus bas, m’a d’abord choqué. Mais force est de constater qu’après quelques écoutes, "Tight Rope XX" s’avère au moins aussi mémorable que l’originale. La décision du groupe de la mettre en avant comme 1er single paraît totalement justifiée tant le travail de réinterprétation est de qualité. Faisant preuve du plus grand respect pour un disque que d’aucuns considèrent comme un classique, les musiciens reprennent même la mélodie du titre d’origine en fin de morceau, un clin d’oeil nostalgique que nous retrouvons également à la fin de "Entwined XX". Bien vu !

"The Ghost Woman And The Hunter XX" conserve le charme gothique de la chanson de base, mais avec plus de guitares et d’arrangements orchestraux. Elle donne l’occasion à Diego "DiDi" Cavallotti de signer un solo particulièrement inspiré, comme "Unspoken XX", d’ailleurs, qui se voit agrémentée d’une petite introduction et dont le rythme notablement accéléré constitue une vraie plus-value. "Entwined XX" se démarque totalement de la chanson d’origine mais n’en conserve pas moins son aspect mélancolique. Vient ensuite "The Prophet Said XX" qui, selon moi, est le seul titre un peu en deçà de l’album. Mais je ne vous cache pas que la mélodie originelle n’a jamais vraiment retenu mon attention et malheureusement, cette version XX n’est pas suffisamment remaniée pour me la rendre plus passionnante. "Angel’s Punishment XX" est en revanche bien plus marquante, avec ses bribes de nouvelles concernant la pandémie de Covid en introduction nous faisant brusquement replonger en 2022. Enfin, "Comalies XX" clôt le disque de la plus belle des manières, en accentuant le côté cinématographique du morceau grâce à une mélodie du plus bel effet.

En conclusion, « Comalies XX » est vraiment une bonne surprise qui, loin de souffrir de la comparaison avec le classique de 2002, nous le fait voir d’un autre œil, le sublime, même, par ses mélodies retravaillées. Certains argueront du fait qu’il a les défauts de ses qualités et que le groupe a délaissé les nuances de l’album d’origine au profit d’une homogénéité rendant ce nouveau « Comalies » un poil trop compact. C’est sans doute vrai. Mais rendons à LACUNA COIL ce qui lui appartient. Réussir une entreprise aussi risquée n’était pas chose aisée, et faire en sorte que ce disque puisse être considéré comme une entité à part entière et pas seulement comme une version retravaillée de son illustre prédécesseur, encore moins. Il est, en effet, tellement différent de « Comalies » (le premier du nom) qu’il ne peut être considéré comme "mieux" ou "moins bon" que ce dernier. Il doit simplement s’apprécier comme un hommage à la fois respectueux et novateur de ce qui sera considéré à jamais comme LE chef-d’œuvre de LACUNA COIL. Une totale réussite, en tout cas.

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KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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