11 novembre 2022, 18:54

BIOHAZARD

"Urban Discipline" (1992 - Retro-Chronique)

Album : Urban Discipline

Je le mentionnais dans la rétro-chronique de PRO-PAIN, en 1992 la révolution sonore était totale, et des albums mythiques déboulaient de partout. BIOHAZARD décidait de nous donner une leçon de « Urban Discipline ».

A l’instar de la pochette, des enfants jouant autour de la silhouette marquée à la craie, une victime d’homicide de plus dans l’ambiance délétère de Brooklyn, l’ambulance attendant en arrière-plan, le bal metal s’ouvre sur "Chamber Spins Three", un état d’urgence musical qui monte avec un riff qui se rapproche. La batterie claque et la basse est impitoyable, la voix rageuse de Evan Seinfeld donne ses instructions. Instructions de survie en milieu hostile, pas de place pour la pitié en ces lieux, alors la musique elle-même devient impitoyable. Les riffs sont thrash et s’accélèrent, la voix âpre résonne telle une sirène d’alerte. Bienvenue dans le monde rude de BIOHAZARD.

Morceau culte, "Punishment" débute avec la voix de Franck Castle, l’homme brisé devenu le Punisher, le croque-mitaine des voyous de la Grosse Pomme. Tout s’accélère, Evan et Billy Graziadei se livrent à une battle de voix rapcore, Danny Schuler martèle ses fûts et Bobby Hambel enflamme ses riffs. La démonstration est martiale et se poursuit avec l’ultime "Shades Of Grey", morceau qui fit la joie des moshpits dans les nineties. Les soli sont aiguisés et hennissent dans le ciel rougeoyant. "Business" s’attaque au star-system en lui tournant sauvagement autour tel un boxeur infatiguable, l’assaillant sans relâche de sons thrash au visage, de cris de révolte et d’un rap sans concession dans le bide. Je m’en souviens comme si c’était hier, cette galette hargneuse qui déboulait dans nos soirées et faisait décoller nos larges chemises à carreaux. La Fusion, la Révolution. La rage musicale instantanée, la découverte du goût de la différence, d’une créativité élargie à de multiples styles. "Black And White And Red All Over", fraternité des masses hystériques sur une martialité imposée, le "Motherfucking metal".


​Les morceaux alternent les rythmes. C’est rapide et enlevé pour "Man With A Promise", c'est "atmosphè-riff" pour "Disease" et "Loss", c’est enfin brutal pour la chanson-titre de l’album. "Urban Discipline", les sirènes résonnent dans la nuit, des riffs lourds peignent les façades d'un son grassement saturé, la rythmique est un fauve déchaîné, Evan et Billy nous exhortent et nous donnent les règles pour survivre à l’enfer des rues du old-New York, et du monde en général. Dans ce seul titre se résume le style du Brooklyn hardcore. Longtemps après notre âme restera imprégnée par ce genre inimitable. La BIOHAZARD touch. Un hardcore metal coup de poing... américain. Le "Wrong Side Of The Tracks" est la meilleure voie pour la liberté musicale débridée.

Côté pépites citons le slamé "Mistaken Identity" qui offre un magnifique mélange des genres thrash, punk et rap. Un hommage punk le suit justement avec la eeprise "We’re Only Gonna Die" de BAD RELIGION. East coast/west coast, cause commune. Fraternité de la jeunesse comme je disais.

Avec « Urban Discipline » BIOHAZARD offre une des œuvres majeures de la décennie 90. A l’heure où le groupe réunit le line-up originel pour une grande tournée en 2023 on ne peut que se réjouir de pouvoir une nouvelle fois entendre résonner ces brûlots hardcore dans les fosses du monde entier. Après toutes ces années éprouvantes ce sera mieux que n’importe quel vaccin. Avec ces sirènes d’alerte, la guerre à nos portes, BIOHAZARD est plus que jamais un lanceur d’alerte qui nous tire des "Tears Of Blood". A époque de fou, musique de fou.

Quand 30 ans après tu es toujours dans l’urgence, c’est que tu as quelque chose à dire. 30 ans après, BIOHAZARD est toujours dans la place, motherfuckers !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK