2 décembre 2022, 19:04

James Hetfield

"La célébrité est une addiction"


Le succès est une drogue et il n'est pas un artiste, musicien, acteur ou sportif star qui, un jour ou l'autre, n'a pas perdu pied avec la réalité. Qui n'a pas vécu dans une autre dimension dont il est le centre absolu. Loin des contingences de ce bas monde, où tout est prémâché, où tout le monde l'admire, le félicite, le vénère. Où les flagorneurs sont légion mais où, souvent, le flatté ne s'en rend même plus compte. Soit parce qu'il est intimement convaincu d'être un être à part, soit parce qu'il tente de se persuader que ces gens l'aiment vraiment pour lui-même et non pour sa célébrité.

Et puis il y a ceux comme James Hetfield, pétris de doutes. Si, sur scène, le frontman de METALLICA semble être un roc, on sait à quel point il est fragile, vulnérable. Alors que le groupe a annoncé le 28 novembre dernier – à la surprise générale – que « 72 Seasons », son 11e album, sortira le 14 avril, le chanteur/guitariste a discuté de ce qu'il appelle son « addiction à la célébrité » avec The New Yorker dans le cadre d'une interview, réalisée sur plusieurs rencontres au fil des mois. Un sujet qu'il abordait d'ailleurs dans "Moth Into Flame" (littérallement "papillon de nuit attiré par les flammes"). James' addiction...

« La scène, c'est un monde fantastique, explique-t-il. Tout le monde te lance de la poudre magique (NDR : référence à celle utilisée par les fées, pas celle que l'on se met dans le nez). Et puis tu rentres chez toi et tu te demandes où elle est passée. Se retrouver assis tout seul, avec deux chats, à sortir les poubelles, ça n'a rien de magique. » En tournée, Hetfield reconnaît que les jours off sont plus difficiles que ceux avec un show. « Mon corps est fatigué mais mon esprit est à fond. Je ne sais pas quoi faire. Alors je demande à des mecs du crew, des amis ou à mon assistant de regarder la télé avec moi. "Moth Into Flame", une des chansons de « Hardwired... To Self Destruct », parle justement de l'état d'ivresse avancée que procure la célébrité. C'est comme une intoxication. Pour moi, l'addiction à la célébrité est une réalité. En tournée, j'ai un petit groupe de gens pour m'aider. Nous récitons une "prière" avant que je monte sur scène : "James, tu es un être humain. Tu es mortel. Tu es ici pour rendre service. Tu fais de ton mieux." Cela m'aide beaucoup.
(…) Etre sur scène, c'est "être dans la zone". Tu n'as pas honte des choses passées, tu ne te fais pas des films sur ce qui aura lieu dans le futur. Tu es dans l'instant présent et tu fais exactement ce que tu dois faire. »

Comme il l'explique, c'est l'adrénaline que lui procurent les tournées qui est en grande partie responsable de ses problèmes liés à l'alcool. « Je pense que tout le monde cherche cette sensation d'être dans l'instant présent. Je l'ai cherchée longtemps avec les mauvais médicaments. Je voulais juste débrancher mon cerveau. Ça a marché jusqu'au moment où ça n'a plus fonctionné. Il faut que je trouve un autre dieu que l'alcool... et je le cherche encore pour l'instant... »

Le journaliste de The New Yorker ayant rencontré à plusieurs reprises les musiciens de METALLICA sur une période de plusieurs mois, il est clair que Francesca, l'épouse de James, n'avait pas encore demandé le divorce quand il a voulu savoir si, installé dans le Colorado, il avait enfin trouvé la vie et la communauté qu'il avait cherchées toute sa vie. « Admettrai-je un jour que je l'ai trouvée ? Est-ce qu'un jour, je m'accorderai le droit d'être suffisamment heureux pour dire que je l'ai trouvée ? Peut-être la quête d'une famille est-elle celle d'une vie. Quand ma famille s'est désintégrée quand j'étais enfant, je l'ai trouvée dans la musique, je l'ai trouvée dans le groupe. Lars (Ulrich, le batteur) a été le premier à s'acheter une baraque et à inviter des amis et je disais : "C'est qui, ces gens ? Il ne m'a même pas invité ! Il me trompe avec une autre famille !". Evidemment, nos fans sont devenus une espèce de famille répartie dans tous les coins du globe. Mais quand ils disent qu'ils t'aiment... qu'est-ce que ça veut vraiment dire ? »

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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