8 décembre 2022, 23:59

FINNTROLL + SKÁLMÖLD + BRYMIR

@ Strasbourg (La Laiterie)

C’était un soir placé sous des astres anciens et sacrés. Rendez-vous était pris par plusieurs centaines de metalleux pour une affiche alléchante, black, pagan et viking. Par un froid venu des fjords la pleine lune étincelait sur nous comme pour renforcer l’atmosphère païenne.

Mais la Laiterie ce soir là était autant festive qu’elle était en deuil. En effet il manquait à ce concert une célébrité locale du monde des nuits rock. Pathy, tel était son pseudo, avait vibré dans ses murs depuis son ouverture dans les années 90. Une enragée des bals sauvages, dont le sourire plein de vie avait illuminé bien des soirées. Ses ami(e)s avaient décidé de lui rendre hommage, cornes brandies et bières versées sur le sol. La famille metal se promit également de l’honorer en passant une bonne soirée.


BRYMIR est le premier groupe à enflammer les planches de la scène. Le puissant "Voices In The Sky" résonne comme un deuxième hommage à notre amie disparue. Les riffs sont lourds, la rythmique est black metal, avec en contrepoint le growl du frontman, et, agréable surprise, les guitaristes assurent des chœurs angéliques. Ce groupe finlandais a 40 minutes pour faire découvrir son excellent metal, et le public est vite conquis. On enchaine avec "Landfall", héroïque et vif, cinq titres sur les huit du set seront tirés du dernier album que je ne peux que vous recommander. Un mélange des sons, une alchimie des sens. Plus ancien "Ride On Spirit" nous bénit d’un black metal lumineux. L’audience et réveillée et s’agite.

Le temps passe trop vite, la vie, le live, tout est trop court. Après un "Fly To Me" hallucinant de magnificence, opposant la violence des armes de "Forged In War", à la beauté des larmes de "Herald Of Aegir", BRYMIR nous lâche le feu d’artifice "Wings Of Fire", un hymne pagan et viking qui renverse tout sur son passage. Abasourdis par tant de beauté nous allons tous respirer un grand coup. De mon côté je croise des fantômes et des vivants, mes amies tombées sous le charme du chanteur torse nu de BRYMIR, Viktor Gullichsen, s’empressent d’aller le saluer chaleureusement. Ça fait plaisir à voir. Après tout dans la mort... il y a l’amore.

Place à SKÁLMÖLD. Cette fois le blizzard vient d’Islande. "Gleipnir" unit la foule dans le viking metal le plus pur. Les albums « Börn Loka » et « Sorgir » seront les plus représentés parmi les 10 titres que le groupe aura l’occasion de jouer durant près d’une heure. S’en suit le black punk "Brúnin" qui fait bouillonner le circle-pit. Le sol est piétiné, les nuques se jettent en avant. Demain les kinés seront de nouveau nos meilleurs amis. L’impérial et fougueux "Miðgarðsormur" est marié à un martial "Niflheimur" à la voix d’outre-tombe. Des riffs coulent des gorges des nains, des chœurs de valkyries tonnent dans le lointain, le résultat est un public aux anges.. ou plutôt au Valhalla. Un bonheur qui se poursuit avec un "Móri" aussi cérémoniel qu’un classique de JOY DIVISION mixé à la sauce nordique.

Retour à de l’épique avec "Niðavellir". Les riffs rapides et lancinants, nous écoutons et dansons ces âges de grande aventure. Encore un concert qui se déroule vite, signe du plaisir procuré, déjà arrive un grand final avec "Kvaðning". C’est l’explosion des genres dans un maelstrom mémorable. Excellents SKÁLMÖLD, vous nous avez retournés.

Place aux hérauts de la soirée. Les membres de FINNTROLL déboulent, tous hirsutes et oreilles pointues. Quand résonne "Att Döda Med En Sten", du dernier album, on peut se dire qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise, c’est du pur pagan black metal. "Nedgång" ou "Ylaren", pendant une heure trente FINNTROLL nous gâte entre classiques et nouveautés. Il y a du bien bourrin, comme "Människopesten" qui me voit précipité dans le pit sauvage, où joyeusement bousculé je renverse ma bière sur la tête tout en sentant une main joueuse atterrir dans mon œil gauche ! Soirée nordique ou pas je vais finir comme Odin, borgne mais sans la connaissance ultime.

Ca s’enchaîne, ça fracasse joyeusement toute convenance, "Svartberg" par-ci, "Slaget vid blodsälv" par-là, on joue des coudes au son de l’accordéon viking, en Alsace notre culture ne peut que nous faire apprécier ces airs de fête païenne où la bière et les riffs coulent à flots. Le lourd, mais dansant "Nattfödd" et le tout fou "Trollhammaren" sont là pour rappeler l’excellence de la dernière production du groupe. Complètement chahuté et tourneboulé après mon passage dans un pit en mode machine à laver infernale je perds le compte. Je me souviens du final hystérique, avec "Jaktens tid" qui relance la machine pour un essorage diabolique, puis du final, un "Midvinterdraken" exemplaire de débauche avec riffs et sons pagans.

Ce fut une sacrée soirée comme dirait l’autre. Enfin un sacré très viking, avec son sens de la fête unique, mêlant nostalgie et joie, ténèbres et vie. Nous n’aurions pu choisir plus belle ambiance pour un hommage.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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