7 décembre 2022, 23:59

BURNING HEADS

@ Arras (Le Pharos)

1996. Chirac est président et François Mitterrand meurt. La Haine, sortie un an plus tôt, reçoit le César du meilleur film. Les 300 Africains sans papiers sont expulsés de l’église Saint-Antoine tandis que Coolio et son "Gangsta’s Paradise" rivalisent avec le "Wannabe" des SPICE GIRLS. PEARL JAM, RAGE AGAINST THE MACHINE, SOUNDGARDEN et TOOL sortent un nouvel album. Mylène Farmer et Ophélie Winter à qui Dieu a donné la foi, doivent composer avec la vague boys-bands qui comptent partir un jour – heureusement ! Et, à Nulle Part Ailleurs, Gildas et Baffie accueillent un boys-band d’un genre spécial... BURNING HEADS qui claque "Break Me Down", sa pépite punk-rock à la sauce californienne aussi efficace qu’Alan Shearer à l’Euro 96, aussi explosif que l’attentat de l’IRA à Manchester.


Quand, au Pharos, les Orléanais, désormais à cinq, jouent ce morceau, tiré de l’incontournable « Super Modern World » – comme le bref "Angry Sometimes" et la chanson-titre – je me retrouve plongé au cœur des années 90. Bien sûr, Pierre, le chanteur/guitariste emblématique, n’est plus là mais Philippe, parti en 2001, est revenu à la six cordes pour asséner, impassible et concentré, ses riffs sautillants. Au micro, bondissant, Fra (RAVI, ETERNAL YOUTH) jette certes de temps en temps un œil au classeur contenant les paroles, mais est heureux d’être là, de vibrer sur des chansons incontournables de la scène punk française.
L’énergie jaillit aussi de la basse du remuant JB et de la prestation impeccable à la batterie de Thomas, torse nu et tatouages en évidence, frappe précise et chœurs enflammés. Le groupe fait exploser ses grenades de l’âge d’or, bombes nostalgiques (le speedé "Little Bird", l’entêtant "Super Modern World", l’uppercut "Reaction", le très NOFX "Gigi Pirate") qui rappellent une jeunesse depuis longtemps envolée ; je regarde désormais d’un œil presque inquiet les pogos qui démarrent dans une fosse hélas loin d’être remplie.


Si BURNING HEADS sort de sa sacoche ses titres du passé, il met aussi à l’honneur, avec pas moins de huit chansons, son dernier album, l’excellent « Torches Of Freedom ». Cette production est riche de compositions très 90’s bien ficelées, comme l’explosif "Pharmageddon" qui lance les hostilités. Les refrains de "Wrong Direction", par ailleurs teigneux en diable, et "Collapse" font mouche comme le solo de "Gwardeath & Nasty" – bon, court, le solo, hein, rassurez-vous ! "Endless Hoop", lui, réjouit les amateurs de skate. Une dosette de reggae avec "Fear", pour souffler, et les rappels déboulent au galop, avec "Few Words" et "Uphill Struggle", des Suédois ADHESIVE, présent sur « Under Their Influence », disque de reprises sur lequel Fra faisait sa première apparition avec les Têtes Brûlées. Mais "Break Me Down", quelle claque, quand même, quelle plongée mélancolique dans une brèche temporelle de presque 30 ans !

Ce concert était donnée dans le cadre du Pharos solidaire : le prix d’entrée était un jouet destiné aux enfants d’un foyer. En première partie quatre groupes arrageois, membres de l’association La Baraque à Son, avaient chauffé la scène. Mention spéciale à COAL SUN, croisement efficace entre NIRVANA et RAGE AGAINST THE MACHINE, et au DEAD RATS, à la croisée du punk et du rock alternatif.

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK