C’est désormais une habitude, le label Norma Evangelium Diaboli lève toujours le voile à la dernière minute sur les sorties de ses artistes. Pas ou peu de teasing, une information relayée au compte-gouttes sur les réseaux et au final, une arrivée dans les bacs qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Plouf, ce « Með Hamri » ne fait pas exception à la règle et vient ici s’ajouter aux albums de DEATHSPELL OMEGA, VERBERIS et GEVURAH parus sur le label poitevin. Et à l’instar de ce que ses collègues ont déjà proposé un peu plus tôt cette année, les Islandais MISÞYRMING viennent s’ajouter à la liste de happy few qui ont porté le black metal au plus haut niveau.
Composé de grognards de la scène de Reykjavik, le quatuor vient de sortir son troisième album qui s’inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs. « Með Hamri » fait en effet la part belle à un black metal complexe, hypnotique qui cultive ce sens inné du riff froid et précis qui claque comme le blizzard sur des joues rougies. Et ce même "Með Hamri", qui ouvre ici les hostilités, en est le plus bel exemple : véritable monstre aux nombreux tempos ciselés, celui-ci consume tout sur son passage dans une ambiance de fin du monde. Bourrée d'accélérations abruptes et envoûtantes, la violence de son propos n'a d'égal que la mélancolie puissante qu'il injecte dans chacun de ses riffs. Un petit chef d'oeuvre qui trace la voie pour le doublé "Engin miskunn" / "Engin vorkunn" qui tutoie des sommets avec ses mélodies imparables dont seuls ces satanés islandais ont le secret. "Blóðhefnd" ou le somptueux "The Arteries Of Withered Earth" se chargeant quant à eux de finaliser l’assaut avec une classe à toute épreuve. Une classe à laquelle il est impossible de résister à l'écoute de ces embardées épiques…
Moins dissonant et ténébreux que son prédécesseur, ce nouvel album se montre également moins immédiat à assimiler lors des premières écoutes. Ce qui ne l'empêche pas d’être toujours habité par ce sens de la mélodie pointu (une habitude pour les groupes issus de cette scène). Ici appuyé dans sa quête maléfique par une production dense, profonde ainsi qu’un un artwork imposant signé Manuel Tinnemans, ce nouveau méfait de MISÞYRMING est une pointure. De celles qui me font dire qu’à quelques jours de la fin de cette année 2022, il faudra bel et bien attendre le réveillon... pour célébrer les succès de l’année. Une réussite qu’il sera d'ailleurs possible de savourer le 13 janvier 2023 au Backstage By The Mill à Paris... puisque le groupe y fera trembler les planches en compagnie de KRINGA, NUBIVAGANT et RITUAL DEATH. Une soirée qui s'annonce musclée !