17 janvier 2023, 20:07

KATATONIA

Interview Jonas Renkse


KATATONIA fête cette année ses trente ans de carrière avec la sortie d’un nouvel et somptueux album « Sky Void Of Stars ». Si un ciel assombri ne permet pas la meilleure guidance, ce n’est pas l’inspiration qui a manqué à Jonas Renkse pour écrire les onze chansons. Il revient avec nous sur ces nombreuses années au service de sa passion : la musique, et prouve à nouveau la ferveur qui anime le groupe dans tout ce qu’il compose.
 

2023 va commencer sous les meilleurs auspices pour KATATONIA avec la sortie de votre nouvel album « Sky Void Of Stars »... C’est une bonne année qui s’annonce ?
Oui, enfin ! Enfin une bonne année après tout ce temps de pandémie ! On est très contents de sortir l’album et en plus on part en tournée le jour de la sortie. Une belle journée en somme.

Déjà ? Vous ne perdez pas de temps ! Les chansons sont prêtes à être jouées live ?
Oui, on a commencé à répéter, on voulait laisser passer les fêtes et ensuite s’y remettre. Donc tout devrait être prêt.

Et il y aura beaucoup des chansons du nouvel album dans la set-list ?
Oui, il devrait y en avoir pas mal. Mais bien sûr, on fera plaisir à notre public avec de bons vieux morceaux aussi, des choses qu’ils aiment et que nous aimons aussi bien sûr. Ce sera un bon mélange je pense.

Ce doit être de plus en plus compliqué de sélectionner les bonnes chansons pour la set-list idéale après 30 ans de carrière non ?
Oui, c’est pas facile et en effet, le choix se complique après la sortie de chaque album car il faut ajouter 10 à 12 chansons à la liste des choix potentiels. C’est vraiment dur car il faut qu’elles rentrent dans une prestation de 70 ou 80 minutes. C’est un défi mais que nous aimons relever. En fait, c’est un choix délicat, mais pas un problème. Ou un problème de luxe !

Parlons un peu de « Sky Void Of Stars » qui marque le trentième anniversaire de la sortie de votre premier album « Dance Of December Souls ». Est-ce que tu as le sentiment que le temps file à grande allure ?
Oui, je n’ai vraiment pas l’impression que ça fasse 30 ans ! Ca me paraît incroyable quand j’y pense. Je me sens toujours comme l’enfant qui a sorti ce premier album. Je crois qu’on avait tout juste 18 ans quand on a sorti « Dance Of December Souls ». Je suis bien plus vieux aujourd’hui mais j’ai toujours l’impression d’être le même gars. Le temps a passé si vite et ça me fait un peu peur. Mais en y repensant, on a bien vécu toutes ces années, on a beaucoup voyagé, on a fait des choses qu’on n’aurait pas pu faire autrement si nous n’avions pas été des musiciens reconnus. C’est aussi un trésor que l’on aime chérir. Il semble qu’à l’époque on a fait les bons choix qui nous ont permis d’avancer et d’arriver où nous sommes aujourd’hui, et d’encore continuer. Ca c’est cool.

Quand tu as écrit « Dance Of December Souls », tu avais le sentiment de composer quelque chose qui resterait pour la postérité ?
Quand on a écrit les chansons pour le premier album, on avait environ 17 ans et si à l’époque quelqu’un nous avait dit que 30 ans plus tard on serait toujours là avec KATATONIA, on n’aurait pas pu le comprendre. Quand on a commencé, on voulait juste faire partie d’un groupe. On pensait avoir de bonnes idées mais on ne pensait pas en faire carrière. On est très reconnaissant pour ça.

Et est-ce qu’être musicien maintenant est différent d’être musicien dans les années 90 ?
On a plus d’expérience maintenant donc notre vie est différente à de nombreux points de vue mais je pense que la base reste intacte. Je ne me souviens plus très bien comment c’était à l’époque de faire partie d’un groupe. Je veux dire aujourd’hui, c’est notre métier, à l’époque c’était juste un passe-temps. On savait à peine jouer de nos instruments. Les choses étaient différentes mais notre état d’esprit reste le même je pense. On a toujours la même passion pour la musique, que ce soit la nôtre ou la musique en général.

Est-ce que cela vient du fait aussi que vous êtes en constante évolution ? « Sky Void Of Stars » est très varié, très intense. Il semble que la musique de KATATONIA n’a pas de frontières !
Oui, on n’a jamais voulu être cantonné à un style, on a toujours besoin de varier nos horizons. Même quand notre musique était très influencée par le black ou le death metal, on prenait notre inspiration de musiques diverses. Cette variété nous a permis de rester en place et de garder les gens intéressés par le groupe. Je pense que c’est une bonne chose de garder l’esprit ouvert.

Et puis vous êtes restés authentiques, fidèles à ce que vous êtes. Vous parlez d’émotions, de ce que l’esprit humain ressent et c’est ce qui fédère les gens non ? Ce sont des concepts universels.
Oui, je pense que les gens peuvent voir si un groupe est sincère ou non et si sa musique vient du cœur ou non. Je pense qu’il est difficile de tromper les gens car ils sont intelligents. Je pense que tant qu’on mettra de la passion dans ce que l’on fait, tout ira bien. Mais à partir du moment où on fait semblant, ça ne peut plus marcher, les gens le remarqueront immédiatement. Les fans te soutiennent tant que tu fais quelque chose d’authentique, sinon, ils te le font savoir !

Quel est ton état d’esprit quand tu composes un album ? Est-ce que tu t’inspires de la vie réelle, de fictions, de livres ?
C’est un peu tout mais le fond vient toujours de la réalité, ce que j’appelle "la morosité quotidienne". Cela n’a rien de grandiose mais ce sont des sentiments que tout le monde peut ressentir à un moment où à un autre.

Peux-tu nous expliquer ce qui se cache derrière ce « ciel vidé de toutes ses étoiles » (« Sky Void Of Stars ») ? Est-ce une vision pessimiste d’un voyageur qui s’égarerait sans points de repères ou au contraire un accès à une totale liberté sans contraintes ?
Oui, je pense que c’est un titre qui ouvre à de nombreuses interprétations. Déjà je trouve qu’il sonne bien ! Quand j’ai réfléchi au titre de l’album, j’ai pensé au fait qu’à une époque, les gens voyageaient grâce à la lumière des étoiles. S’il n’y avait pas de visibilité, à cause des nuages ou du brouillard par exemple, alors il n’y avait pas de navigation possible. Et les voyageurs pouvaient terminer complètement perdus. Je voulais décrire ce sentiment. Mais ton point de vue est intéressant. Je n’avais pas pensé au fait que cela ouvre sur une liberté plus grande. C’est toujours intéressant de voir comment les gens interprète nos mots. De toute façon, le titre n’a pas vocation à mettre en avant ce que nos auditeurs doivent penser. Chacun le traduit comme il veut. Le jour de la sortie, notre album devient l’album de tous et toutes, alors chacun peut en faire ce qu’il veut. J’aime cette idée d’universalité. KATATONIA peut t’accompagner aussi bien dans les moments tristes que dans les moments plus joyeux. Je veux que notre musique n’ait aucune frontière.

C’est aussi ce qui caractérise les onze chansons de « Sky Void Of Stars » : des éléments musicaux très variés, du doom, post-rock, du progressif, du death et même du gothic. Rien ne vous arrête !
Non, en effet, aucune frontière ne parvient à nous arrêter ! Bien sûr, nous gardons toujours notre style que nous aimons par-dessus tout et auquel nous restons fidèles mais nous n’avons pas peur de prendre nos influences d’un peu partout. Elles peuvent venir du folk, de l’electro... tant que c’est bon et que ça nous correspond, on prend !
 

« Je ne veux pas écrire quelque chose qui ne me rend pas content du travail accompli. »



Vous avez des chansons comme "Drab Moon" par exemple qui est très mélancolique, atmosphérique et au contraire des titres comme "Birds" ou "Atrium" qui sont plus punchy, plus directes. Est-ce que les messages véhiculés sont différents selon le style de musique ?
Du point de vue des paroles, on est dans le même genre de thèmes. C’est simplement le fond musical qui est différent.

En tous cas, toutes sont très poétiques. Vos chansons sont des poèmes en fait !
(Rires) Merci beaucoup ! Oui, j’aime entendre ça. J’aime écrire dans ce style, trouver les mots appropriés mais rester dans l’abstrait avec quelques touches de réalité.

Ca te prend beaucoup de temps d’écrire des paroles ou est-ce devenu plus instinctif avec le temps ?
Ca me prend un peu de temps, moins qu’au début car j’attendais d’avoir les dix chansons prêtes avant d’écrire leurs paroles. C’était trop de travail. Aujourd’hui, j’essaye de terminer les paroles en même temps que la musique. Ca me donne aussi le sentiment qu’elles sont de ce fait plus spontanées, qu’elles sont plus en accord avec la musique. Quand j’écris une chanson, je sais que je suis dans la bonne vibration pour les paroles. C’est donc plus facile aujourd’hui mais c’est toujours beaucoup de travail car j’aime les mots, j’aime écrire et j’aime lire donc je suis assez perfectionniste et forcément, ça prend du temps. Mais au bout du compte, ça en vaut la peine. Je ne veux pas écrire quelque chose qui ne me rend pas content du travail accompli.

Peux-tu nous en dire plus sur votre collaboration récente avec Napalm Records. Qu’est-ce que cela vous apporte ?
C’est juste le début de la campagne de promotion mais pour le moment, je suis très content de notre collaboration. Ils ont beaucoup de gens qui travaillent pour eux, avec de nombreux bureaux partout dans le monde. Avec Peaceville, on était plus au niveau européen. Donc, je pense qu’on a le potentiel de toucher un public plus large. On était chez Peaceville depuis longtemps et c’est un très bon label mais on avait besoin de nouveauté et voir d’autres choses.

Tu fais partie de BLOODBATH aussi qui vient juste de sortir le très bon « Survival Of The Sickest ». Ce n’est pas difficile de passer d’un groupe à l’autre sans devenir schizophrène au niveau où les deux groupes sont ?
Parfois ça l’est mais BLOODBATH est un projet super fun. On y prend beaucoup de plaisir à s’y retrouver avec les autres membres. On ne fait pas vraiment de tournées mais on fait quand même des festivals. Cela fait un vrai contraste avec KATATONIA. En fait, BLOODBATH et KATATONIA sont un peu comme les deux côtés de la même médaille.

Quels sont tes projets pour 2023 ? Une tournée qui arrive donc… ?
Oui ce sera une meilleure année pour tourner. Le précédent album est sorti juste avant la pandémie donc on n’a pas pu en faire la promotion sur scène. Cette année, même si ce ne sera pas le top avec les restrictions, les hausses des prix... on espère quand même pouvoir aller voir nos fans un peu partout et on en est ravi !

D’ailleurs, as-tu souffert personnellement de ce moment suspendu qu’a été la pandémie et le confinement ou au contraire, est-ce que cela t’a inspiré ?
J’ai réalisé que je pouvais passer plein de temps à écrire de la musique et pour le coup, ça a été une réelle aubaine, mais en même temps, on était très frustré de ne pas pouvoir partir en tournée pour l’album qu’on venait juste de sortir. Et puis c’était stressant de lire l’impact sur la population mondiale. Mais pour ma part, je n’ai pas à me plaindre, j’ai pu faire ce que j’aimais : de la musique. Cela m’a sauvé.

La musique nous sauvera tous !
Oui, je pense que c’est pour ça qu’elle est faite !

Un conseil pour nos lecteurs ?
Je ne saurai que vous conseiller d’aller écouter le nouvel album, car même si je suis en plein dedans, je pense que c’est un très bon album. Chacun peut y trouver son compte.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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