31 décembre 2022, 17:57

LORD OF THE LOST

"Blood & Glitter"

Album : Blood & Glitter

Le retour du velouté metal et suave ballet gothique teuton LORD OF THE LOST est sans conteste la surprise de cette fin d'année si mouvementée et décriée par un nombre irréel d'annulations moribondes de tournées si fécondes jadis. Imaginez seulement une promotion internationale fomentée dans le plus grand secret par leur label Napalm Records en seulement six jours ouvrés et surtout calibrée entre la sainte fête de Noël et le réveillon de la Saint-Sylvestre... Le résultat est de taille au vu des premiers retours mirifiques pour le groupe qui revient plus mâture, consensuel et dansant sur ce huitième album au nom si prédestiné de « Blood & Glitter ». Demandez ainsi sobrement le programme des réjouissances hivernales de surcroît...

En effet, le groupe opère un virage artistique maîtrisé en passant d'un gothic-metal virulent et assumé sur « Judas » (2021) à un glam-rock tonitruant et léché aux accents indus-metal admirablement exécutés avec justesse et parcimonie. La prise de risque est véritablement saisissante et rafraîchissante à ce stade de sa carrière ornée de tubes surtout lorsqu'on se rappelle des derniers essais-erreurs de ses confrères suédois DEATHSTARS et PAIN qui rencontrent toujours autant de difficultés à asseoir un succès plus incontestable qu'un LINDEMANN intronisé en seulement deux albums des plus ancrés qui soient.

Revenu fraîchement de quelques dates clés en première partie des vétérans anglais IRON MAIDEN mais surtout d'une Défense Arena presque complète avec AIRBOURNE également à Paris en juin dernier, LORD OF THE LOST poursuit une ascension individuelle beaucoup plus aerienne qu'auparavant, n'hésitant pas un seul instant à embrasser l'improbable mariage instrumental suivant : un COMBICHRIST époque « Making Monsters » (2010) adoubé par un DIE KRUPPS, époque « II - The Final Option » (1993) mitraillé par un THE KOVENANT (époque « Animatronic » (1999), le tout initié par le prisme divergent d'un nostalgique flash-back au sein des seventies et eighties où l'usage du synthé était si prolifique et abusif à la fois.

LORD OF THE LOST réussit avec brio à revitaliser une scène en pleine transgression qui ne se soucit guère des ponts artistiques incontournables au sein d'un milieu si sectaire et identitaire par moments relatés. Rappelez-vous bien la venue d'un certain groupe finlandais HIM qui avait déferlé en Allemagne, en Europe puis aux USA avec leur symbolique love-metal tant décrié mais si adulé... Remarqué et choisi à nouveau par l'illustre "Vierge de Fer" pour figurer en première partie d'une tournée presque sold-out dès l'année prochaine, le navire allemand nous rappelle combien l'héritage absolu de DEINE LAKAIEN, LACRIMOSA et KRAFTWERK a infusé intensément dans leur parcours discographique si riche en témoignages isolés et revendiqués. Tout au long de ce brûlot envoûtant empli de hits soniques tels que "Absolute Attitude", "No Respect For Disrespect" et "One Last Song", la mutation du groupe vous sera servie sur l'autel sanctifié de la disgrâce pécheresse. 

Il est bon de se remémorer que la construction enchevêtrée et animée de leurs précédents albums est en parfaite symbiose artistique avec ceux de leurs acolytes MONO INC (qui sortiront « Ravenblack » sous quelques semaines d'ailleurs). Les deux formations partageant la même ville d'origine, Hambourg mais aussi la passion d'un gothic-metal réactualisé à merveille, on s'adonne à croire irréligieusement que Leipzig puisse un jour ne plus être estampillée unique capitale allemande du goth sous ses niches les plus familières. Néanmoins, à la vue vertigineuse des invités prestigieux, à savoir Ally Storch de SUBWAY SALLY, Andy LaPlegua de COMBICHRIST et Marcus Bischoff de HEAVEN SHALL BURN, il reste une certitude frappante que LORD OF THE LOST perce insidieusement la porte d'un succès potentiel outre-Atlantique avec notamment la surprenante reprise "The Look" (1988) de ROXETTE en compagnie de leur amie actrice, animatrice et chanteuse allemande Jasmin Wagner alias BLUMCHEN également. 

Succombez de gré ou de force à cette dernière offrande intemporelle de l'année disponible en un somptueux mediabook collector qui viendra indubitablement renchérir vos goûts osés et assumés en matière d'ultime provocation travesti. Sublimement inspirés tant sur le fond par le sang et les paillettes que sur la forme par un effet gloss-fractal magistralement maquillé de ténèbres androgynes à souhait, LORD OF THE LOST vous promet un cadeau épineux et soyeux à la fois : d'une générosité sans faille et d'une vélocité à nul égard reconnu, son nouvel hymne entêtant préfigure comme le joyau éhonté d'une carrière enfin couronnée du sceau des infortunes de la vertu musicale...

Blogger : Charles CesÂme Zampol
Au sujet de l'auteur
Charles CesÂme Zampol
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK