Et voici donc le meilleur album de black metal symphonique de l’année. Merci, c’est tout pour nous. Ah, on n’est qu’en janvier ? On en reparle ? Très bien, pourtant la chronique de ce sixième album des Finlandais de …AND OCEANS pourrait largement se limiter à ces quelques mots, ou à un 10/10. Car « As In Gardens, So In Tombs », comme s’intitule ce joyau, a toutes les qualités pour figurer à une place de choix dans la discographie de tous les amateurs du genre. Airs implacables, rythmes dévastateurs, vocaux déchirants et production impeccable, les dix nouveaux titres (et deux bonus pour les curieux et die hard fans) resteront sans aucun doute dans les annales. Après son retour déjà unanimement acclamé en 2020, le groupe revient ici avec un album qui semble encore plus fluide, plus naturel, plus essentiel et donc bien sûr, plus fédérateur. Le son est plus chaud, l’orchestration encore plus grandiose et l’écriture d’ensemble nous donne l’impression d’avoir toujours connu les morceaux, une familiarité rassurante et galvanisante car on se laisse tout de suite embarquer au gré de la musique, avec une facilité déconcertante.
…AND OCEANS frappe fort et bien, sa précision est chirurgicale. Chacun des riffs de « As In Gardens, So In Tombs » est une pépite. Chaque mélodie est hypnotisante. L’atmosphère est à la fois théâtrale et épique. Dès les premiers blasts du titre éponyme jusqu’à l’outro éthérée de "Ambivalent God", les cinquante minutes symphoniques nous entraînent dans une déferlante musicale irrésistible. Des passages plus lents apportent du souffle et du corps aux morceaux les plus cinglants. Les claviers campent une ambiance fantastique parfois mélancolique. Les guitares sont lourdes, tranchantes dans le vif, mais aussi mélodiques à souhait.
Un morceau comme "Wine Into Water" restera dans les esprits grâce à la richesse de sa structure, mélangeant habilement passages hyper rapides, riffs accrocheurs et atmosphère prenante. On y retrouve la puissance du black des années 90 avec la modernité d’une production sans faille. "Inverse Magnification Matrix", totalement dévastateur, rivalise aisément de style avec l’hyper symphonique mais tout aussi bourrin "Cloud Heads". Le plus fédérateur "The Collector And His Construct" n’a rien à envier au très atmosphérique "Likt Törnen Genom Kött".
Mention toute particulière à l’ultime "Ambivalent God" qui clôt l’album de manière totalement grandiloquente, sublime, avec ses guitares entêtantes, ses claviers oniriques, ses vocaux growlés mais aussi chuchotés, ses rythmes balancés et surtout une ambiance des plus saisissantes. Mais ce qui est magnifique sur « As In Gardens, So In Tombs », c’est qu’absolument tous les titres sont de qualité similaire. Il n’y a absolument aucun passage qui laisserait l’âme vagabonder. Non, chaque note nous prend aux tripes, chaque son nous emmène plus loin dans un voyage des plus agréables. Les deux bonus "Samlarens Valv" et "Third Eye Catalyst" sont quant à eux plus bruts, plus black, un retour à des bases plus extrêmes du groupe, ce qui est tout aussi captivant.
Bref, ne cherchez plus, il est là l’album de black symphonique que vous cherchiez. …AND OCEANS fait maintenant partie des pointures incontournables du genre et « As In Gardens, So In Tombs » nous montre que la Finlande est maintenant un acteur incontestable de la scène. Rares sont les albums qui nous paraissent familiers à la première écoute. Celui-ci vous paraîtra indispensable.