9 février 2023, 23:59

HEAVEN SHALL BURN + OBITUARY + MALEVOLENCE

@ Strasbourg (La Laiterie)

Des fois, tu vas à des concerts où le thème est clairement annoncé. Ce jeudi soir, la couleur de l’affiche transpire d’odeur de la guerre... du son. La Laiterie est bien remplie, il y a des cheveux longs, des cheveux courts et des cheveux absents. Trois représentants du metal extrême sont annoncés, ça devrait être le feu dans la salle. Le quatrième de cette tournée, TRIVIUM est absent, ce sera plus de temps de jeu pour certains...

On débute avec MALEVOLENCE qui envoie son "Malicious Intent", titre phare de l’album du même nom sorti en 2022. C’est parti pour 40 minutes de hardcore. Les Bristish n’ont pas à rougir face à leurs collègues américains, leur musique fracassant avec force les riffs et les nuques. S’en suivent d’autres extraits du dernier album, "Life Sentence" est tout en puissance alternée, avec des breaks permettant aux voix de s’étirer, tandis que "Still Waters Run Deep" fait dans le hardcore gras aux échos de stoner. Une très bonne surprise que ce groupe qui envoie du bois et qui carrément sur "Self Supremacy" nous sort des g-riffs panteresques. La salle ne pouvait être chauffée de meilleure manière.

Alors que l’atmosphère guerrière est bien installée, MALEVOLENCE nous surprend avec "Higher Place", magnifique chanson de texture rock de Seattle. L’occasion de tanguer avec nos briquets allumés, enfin plutôt smartphones vu l’époque. Un grand moment de la soirée, tout en beauté électrique. Puis ça repart pour une poignée de mandales sonores de plus, jusqu’au final avec "On Broken Glass" et sa danse martiale qui enflamme les circle-pits. C’était MALEVOLENCE, une bande de furieux au métissage hardcore bien maîtrisé.

1 heure, c’est le temps alloué ce soir aux maîtres du death metal old-school. Les colosses, Perez, Tardy & Cie, avec leurs cheveux de 2 mètres de long se pointent. L’air se remplit de sons épais. L’occasion d’alterner classiques séculaires et nouveautés de la dernière livraison du groupe, « Dying Of Everything ». "Redneck Stomp" retentit, l’ambiance lourde et marécageuse de Floride s’installe, OBITUARY est dans la place. On se prend direct du très lourd et très sacré avec "Sentence Day", puis "A Lesson In Vengeance", histoire de nous rappeler pourquoi ils comptent parmi les patrons du death metal. Quid de nous les spectateurs ? Nous sommes aux anges, sourires béats, bave aux lèvres et cheveux gras qui repoussent. Après quatre décennies à œuvrer dans leur style si particulier, les géants du genre nous foutent toujours autant KO qu’il y a 30 ans.

Le petit nouveau "The Wrong Time" s’inscrit très bien dans l’évangile de l’apocalypse selon OBITUARY, avec une exécution de batterie incroyable, un style grassouillet et dégoulinant de riffs huileux. Un régal. C’est tout naturellement que "Chopped in Half / Turned Inside Out" lui emboîte le pas et nous crucifie de plaisir. Ambiance frénétique, quel batteur possédé que ce Donald Tardy, il est incroyable ! Quelques slams plus tard, autre classique intemporel, "Dying", qui imprime sa rythmique martiale dans nos nuques. "I'm In Pain" étale ses riffs fangeux sur nos épaules, la touche OBITUARY, c’est la lourdeur dans chaque instant musical. Une succession de moments tous plus jouissifs et saignants les uns que les autres.

Les salutations se font avec le tout frais "Dying Of Everything" et le célèbre "Straight To Hell", derniers grognements pour un définitif death "mettttoooolll". OBITUARY ou la maestria de l’exécution puissante au service du metal extrême.

Troisième round pour cette thématique guerrière, place à HEAVEN SHALL BURN. A peine arrivés, les Allemands déversent depuis la scène leur deathcore moderne. "My Heart And The Ocean" fait de nous des eco-warriors, une écologie à la poésie furieuse. Le frontman Marcus s’impose entre les guitaristes qui déversent leurs sons lourds et durs, il a un corps d’ascète et des longs cheveux soigneux dont il semble très fier, mais le minet assure grave, dans tous les sens de sa voix. Le groupe, s’il offre un son très différent de ceux qui l’ont précédé, démontre très vite qu’il est lui aussi un ambassadeur du metal extrême, en amenant sa part sonore, tel le monstrueux et bien nommé "Bring The War Home". La guerre est bien au rendez-vous. Les spectateurs peuvent se déchaîner à loisir, la fosse s’ouvre et se referme dans de fracassants walls-of-death. Musicalement, l’exécution est soignée et carrée.


HEAVEN SHALL BURN ,c’est également le choix de la diversité, nous savourons à loisir un "Ubermacht" death, indus, mais surtout fédérateur. La succession de morceaux de bravoure se poursuit, avec des titres récents comme le beau "Hunters Will Be Hunted", ou le profond "Thoughts And Prayers", empreints de melodeath, mais sont également joués des classiques du groupe, "Whatever It May Take" et "Behind A Wall Of Silence", qui sont les bienvenus dans la partie et renversent tous nos sens. Déferlantes de riffs sur une rythmique syncopée, voix hurlée jusqu’à atteindre le point de rupture, HEAVEN SHALL BURN fait dans le bon, la brute et le bruyant. L’accueil est évidemment en conséquence, jusqu’à un premier final, la cover inspirée, ou expirée vu comme Marcus libère la force tapie dans sa gorge, de "Black Tears" de EDGE OF SANITY.

C’est le rappel, sous forme de tornade sonique, le hit intemporel "Endzeit" est repris en chœurs, la résistance, c’est nous et nos voix libérées. Marcus joue à nouveau avec sa tignasse tout en nous encourageant à imiter son growl sauvage. Le crépuscule des dieux sera "Tirpitz", titre aussi cuirassé que le bateau dont il tire le nom. Avalanche de riffs dévastateurs, final dans un ultime hurlement et nous finissons torpillés.

Au final, trois groupes excellents, de l’extrême metal décliné sous toutes ses nuances de growls, au point que nous en avons oublié l’absence de TRIVIUM. Mais bon dieu, qu’est-ce que cela aurait donné le rassemblement des quatre cavaliers de l’Apocalypse !
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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