13 mars 2023, 19:39

IMPERIUM DEKADENZ

"Into Sorrow Evermore"

Album : Into Sorrow Evermore

La Forêt Noire, ses bucoliques sentiers de randonnée, son délicieux gâteau crémeux au chocolat, ses gretchens aux nattes blondes et... son black metal. Deux habitants de la région, Vespasian et Horaz forment le groupe IMPERIUM DEKADENZ et livrent des albums avec une qualité métronomique. Voici le 7e et dernier, « Into Sorrow Evermore ».

La chanson-titre s’insinue d'abord doucement dans nos oreilles. Nous entendons une guitare chevrotante et obsédante qui serpente vers nous et grossit, une autre qui apporte du gras avec ses sons saturés, puis une rythmique qui trépigne et laboure le sol sous nos pieds à la façon d’un sanglier en rut. Enfin il y a ce growl fantomatique qui retentit tel un écho entre les grands arbres sombres. Nos sens s’étendent délicatement sur un lit d’épines de résineux. "Into Sorrow Evermore" est ample, empreint de l’odeur entêtante des sapins du sud-ouest de l’Allemagne, on se laisse porter pendant les longues minutes du morceau.

La nuit est sur nous avant que nous ne l’ayons sentie arriver. "Truth Under Stars" nous fait sursauter avec sa batterie aux blasts vifs et dopés façon tortues-ninja mutantes. Les riffs caressent grassement les lignes de basse rapide et pesante. C’est d’une beauté crépusculaire, nous sommes chamboulés par ce black atmosphérique presque érotique. "Aurora" nous cueille plus délicatement au réveil, lignes de piano sur la rosée du matin, auxquelles s’ajoutent progressivement des riffs enivrants et un hurlement rauque. Douce mélancolie, ou comment lécher les plaies avec un sel qui gratte autant qu’il hypnotise. Délicieuse douleur qui nous amène à "Elysian Fields", avec lequel nous pénétrons dans une forêt musicale torturée aux growls mélodiques de toute beauté. Etendues glacées et électrifiées, "Forests In Gale" lâche son roulement de batterie sauvage ou quand le black atmosphérique rime avec un puissant lâcher prise, merci IMPERIUM DEKADENZ.

"Awakened Beyond Dreams" nous sort de notre exquise torpeur, avec un rythme accéléré et des riffs égrenés sur un chapelet païen. Il ne s’agit plus d’une balade mais d’un galop furieux, le visage peint en noir et blanc. Tonifiant pour les humeurs est ce café sonore bien noir, aéré de plages contemplatives pour un rendu épique de plus de 8 minutes. "November Monument" vient exhaler un metal agonisant, aux riffs putrides et à la basse doomesque, sur une durée plus classique. IMPERIUM DEKADENZ offre pour conclusion un « Memories... a Raging River » qui roule tel un fleuve grondant, ses vagues de riffs nous poussant petit à petit vers la lisière de cette étendue sylvestre.

J’ai réellement découvert IMPERIUM DEKADENZ avec « Into Sorrow Evermore », une œuvre qui contient tout ce que le black atmosphérique peut contenir de majestueux. Un magnifique black forest metal !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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