29 mars 2023, 18:53

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 66


Voici en ce mois de mars, trois chroniques de death metal destructeur et trois chroniques de black metal dévastateur. On pourrait se croire en pleine battle de meilleurs albums underground du mois et les Dieux savent que la concurrence est rude ! Le côté le plus extrême et sombre du metal regorge de bon son et de formations toujours plus inspirées et créatives. Heureusement, Clément, Crapulax et Aude sont là pour vous dénicher quelques pépites à ne pas manquer parce qu’elles ont fait vibrer leurs petits cœurs en sucre. Enfin surtout, ils se sont pris une grosse baffe grâce à des guitares en acier trempé ! Bref, voici de quoi vous dessoiffer jusqu’en avril.
 

VOSEGUS : « Retourne à la Terre » (Heart Of Metal Production)

Deuxième album pour les Nantais VOSEGUS et pas des moindres. Après un premier album, « Terre Ancestrale », sorti en 2019 le groupe de pagan-black revient avec cinq titres épiques, atmosphériques, mélodiques, bref, cathartiques.
Dès les premiers riffs de "Une Vie Pour Une Vie", on retrouve une musique puissante et lourde mais éthérée par une flûte enchanteresse légère, omniprésente mais non envahissante. Dès lors, on se retrouve plongé dans un monde hors du temps, fantastique, féérique, sombre et mystérieux toutefois.
Les quarante-cinq minutes de l’album s’enchaînent au gré de passages très black et blastés mais aussi de moments très pagan, tout en gardant un ton grave, solennel. Mention spéciale à "Emporté Par Les Eaux" au rythme guerrier et à la basse imposante, aux riffs costauds et aux vocaux tantôt growlés, tantôt clairs, qui en font un véritable chant de bataille.
Cependant, les quatorze minutes de "Retourne à la Terre" qui terminent cet album saisissant n’ont rien à lui envier tant le morceau fait preuve d’une inspiration musicale sans faille. Le final est grandiose et tout en progressivité, intense. Si vous doutiez encore du potentiel de l’ouest français, achetez ce VOSEGUS et vous serez convaincu de la qualité de leur pagan-black metal.
(Aude Paquot)


FAGUS : « Inter » (Silent Future Recordings)

Dix ans piles séparent l'EP « Urgewalt » de ce premier album complètement mystique « Inter ». Avec les six titres de black metal furieux mais aussi texturisé de nombreuses influences et de passages post black ultra atmosphériques, FAGUS propose une musique travaillée, riche de sens, brute et glaciale mais captivante à la fois.
Entre chaque moment blasté, agressif, aux vocaux trollesques, se mettent en place des mid-tempos mélancoliques voire funestes. L’ambiance est lourde, les guitares hyper saturées nous mettent les poils et chaque break arpégé est un véritable envol vers des contrées infinies.
Tout est impeccablement réalisé, de la première seconde d’un "Aurora" rapide et musclé à la dernière minute d’un "Et In Arcadia Ego" d’une beauté nostalgique, à la mélodie saturée et au rythme cadencé.
Il est impressionnant de voir l’inspiration dont les groupes de black atmosphérique font preuve car rien ne ressemble plus à un titre atmo qu’un autre mais FAGUS propose ici encore quelque chose d’inattendu, de vénérable même et il est maintenant à espérer que le prochain album verra le jour avant la prochaine décennie car cet « Inter » est addictif, nous aurons rapidement besoin d’une deuxième dose.
(Aude Paquot)


BODYFARM : « Ultimate Abomination » (Edged Circle Productions)

La formation de death metal néerlandaise semblait vouloir ajouter à l'occasion de la sortie de ce nouvel album cette année une cinquième arme de poing à son arsenal. Dotée d'un chargeur de 10 cartouches inflammables, d'un canon court pour maintenir l'ennemi à distance ("Soul Damnation") et d'une crosse en métal pour broyer les mâchoires de ceux qui s'approcheraient d'un peu trop près ("Torment"), BODYFARM annonçait fièrement la couleur : il allait y avoir des morts dans les parages !
Dès les premières salves de décibels, les plombs paraissaient effectivement voler dans tous les sens en sifflant au-dessus des têtes. Mais le plaisir ne va pas durer très longtemps !
Si les nombreux titres lents ou mid-tempo sont parfaitement maîtrisés ("The Swamp", "Empire Of Iniquity", etc.), c'est bien dans le bourrin que BODYFARM excelle ("Charlatan Messiah") et dans le bourrin qu'on aimerait qu'il reste, ce qu'il ne fait que trop peu souvent !
Avec « Ultimate Abomination » BODYFARM rate de peu l'occasion de passer au niveau supérieur et c'est d'autant plus rageant qu'il a parfaitement les capacités de composer un album vraiment intense du début à la fin.
(Crapulax)


OVERLORD : « Fake Salvation» (Great Dane Records)

C'est toujours sidérant de voir le nombre incroyable de multi-instrumentistes de par le monde qui parviennent par la force de leur talent et de leur persévérance à exhumer de leur modeste home-studio aménagé dans leur cave des albums qui n'ont pas à rougir face à la concurrence !
C'est le cas du duo germanique OVERLORD composé de Johan de Jager (guitare, basse, batterie) et du hurleur en chef Justus Meineke qui réalisa cet album durant la longue pandémie de COVID-19 de sinistre mémoire.
Un album à la production old-school assumée qui rappelle au bon souvenir des débuts du death metal avec des titres efficaces comme "Counterstrike" (avec l'ancien guitariste d'AGENT STEEL au solo, Nikolay Atanasov) ou "Shock and Awe" qui n'auraient pas dépareillé au milieu du répertoire des CANCER, BENEDICTION et autres OPPROBRIUM quand ces derniers se nommaient encore INCUBUS.
Bref, au programme que du bon, que du bonheur ("Raining Lead") même si les parties de batterie dans l'ensemble manquent un poil de cohésion. « Fake Salvation » constitue néanmoins un travail remarquable très encourageant pour la suite... si suite il y a !
(Crapulax)


ANGEROT : « The Profound Recreant » (Redefining Darkness Records)

Le label de Cleveland a vraiment le chic pour dénicher des formations qui n’ont pas leur pareil pour remettre au goût du jour ce bon vieux death metal des familles. Celui-là même qui réjouissait petits et grands au tout début des années 90 et que WRETCHED FATE, UNDEAD, DETHEROUS et une bonne dizaine d’autres ont su réhabiliter sur leurs dernières productions.
Et ANGEROT ne fait pas défaut aux standards qualité de Redefining Darkness Records puisqu’il vient lui aussi ajouter sa pierre à l’édifice avec ce « The Profound Recreant » en tout point exemplaire.
Doté d’une production monstrueuse troussée avec doigté par Eddie G dans son Underground Studio et illustré par le légendaire Jon Zig, ce troisième album comporte en bonus des featurings d’Andy LaRocque (KING DIAMOND), Sammy Duet (GOATWHORE), Jack Owen (SIX FEET UNDER, ex-CANNIBAL CORPSE) et Simon Olsen (BAEST) : rien de moins !
Côté son, ANGEROT reste old school dans l’âme et moderne dans l’exécution avec ce qu’il faut de technique et d’émotions pour rendre le tout captivant de la première à la dernière note. Imparable de bout en bout « The Profound Recreant » est une succession de parpaings qui ne fait pas dans le détail, un hymne vibrant au death metal... avec un très grand D !
(Clément Sch)


AARA : « Triade III : Nyx » (Debemur Morti Productions)

Avec son nouvel album le trio Suisse AARA complète la trilogie liée au livre « Melmoth l’Homme Errant » de Charles Robert Maturin, entamée il y a deux ans avec « Triade I: Eos ». Et une fois encore, AARA sort le grand jeu en matière de black metal épique comme en témoignent ces mélodies dantesques distillées tout du long de ces quarante minutes envoûtantes.
Les guitares sont impitoyables, délivrant toujours des riffs hypnotiques qui font mouche à tous les coups (le doublé d’ouverture, "Heimgesucht" / "Emphase Der Seelenpein" en laissera plus d’un sur son fessier). Le groupe ne néglige pas pour autant des parties atmosphériques empreintes d’une mélancolie à fleur de peau qui constituent sa marque de fabrique.
Très « scandinave » dans son exécution, le tremolo picking pointant toujours le bout de son nez sur chaque morceau, l’album dévoile des parties de batterie à couper le souffle. Une (bonne) habitude que l’on savoure depuis le second album avec le mystérieux "J." derrière les fûts.
Rien n’est à jeter sur cet exercice de style qui relègue la concurrence en la matière à des années-lumière des suisses, qui aux côtés de leurs compatriotes ATEIGGAR et TARDIGRADA redonnent leurs lettres de noblesse à cette scène qui est loin d’avoir dit son dernier mot !
(Clément Sch)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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