26 mars 2023, 18:18

CARCARIASS

"Afterworld"

Album : Afterworld

Ça doit faire au moins quatre ans que je souhaite vous parler du groupe de Franche Comté CARCARIASS. Son death metal a fait ses preuves depuis trois décennies. Fainéant que je suis, j’ai raté la chronique de l’excellent album de 2019, qui marqua son retour après 10 ans d’absence. Voilà mon acte de contrition, je vais vous parler de « Afterworld ».

"No Aftermath" est une ouverture death metal soignée, pièce de théâtre apocalyptique à la batterie implacable, à la basse ronflante et au riffs chirurgicaux. La voix ample résonne d’un growl crépusculaire. Une telle maîtrise, un tel mixage rappelle les maîtres suédois. C’est du lourd, bien huileux et classieux. "Billions Of Suns" offre une rythmique guerrière obsédante, un morceau rouleau compresseur qui n’est pas sans rappeler les accroches AMON AMARTH. Au niveau des guitares la superposition est magnifique entre les riffs offensifs et les soli aériens. Du death délicieusement mélodique, tel est mon ressenti. CARCARIASS ne joue pas dans la cour des grands, il est un grand tout court... dans sa cour.  L’extrait "Fall Of An Empire" a de la texture, du son lourd autant que gracieux, un véritable voyage dans les sonorités, instrumental et divin.

CARCARIASS s’aventure aussi là où on ne l’attend pas, une expérimentation d’une grande richesse à travers "Identity" à la consonance gothique, mais pas que, car nous dégustons une symphonie d’explosions de blasts et de voix désespérées, assaisonnés de guitares vives, tranchantes et increvables, montant toujours plus haut dans les soli. Encore plus grande est ma surprise quand survient "Angst", alchimie néo-gothique porteuse de l’héritage sacré des SISTERS OF MERCY... Le morceau offre une telle analogie avec sa voix d’Andrew Eldritch que cela en est troublant, les riffs lourds livrent une vision nouvelle des choses anciennes. C’est troublant ce refrain, c’est tellement plus, tellement "More". Quel grand écart entre le death et le rock gothique, un morceau culte !

CARCARIASS nous offre une succession de morceaux de bravoure. "Black Rain" mêle le death mélodique et le gothique le plus dark, pour notre plus grand plaisir. Une instrumentalité parfaite, une voix surgissant des caves les plus obscures et infréquentables. Les mêmes fantômes habitent "Generational Rot", toujours illuminé par la sororité de la providence, "The Hive" ne dément pas les influences des guerriers du riff de Franche Comté, l’agressivité suave renvoyant clairement vers du viking metal indomptable. Du riff gras et de la grâce. Merveilleux. "The Hive" fracasse les flots mélodieux pour une ode épique. CARCARIASS nous prend à contre-pied avec un "Machine Kult" débordant de death technique. Fulgurante débauche de sons extrêmes. Quant au final "Afterworld", on flirte avec le jazzy et progressif metal, atmosphérique et panoramique. Une grande classe dans l’exécution.

En me relisant, je me dis que les mots ne sont pas assez forts. Ecoutez cet album de CARCARIASS, usez-le jusqu’à en lisser son sillon. Un album d’une impressionnante richesse musicale. Une beauté extrême. Si cette déferlante sonique ne vous parle pas, c’est que vous êtes trop vieux pour ce rock là !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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