Chaque album de CRUACHAN est un plaisir folklorique celtique intense, avec une musique à la fois black metal brutale et pagan énergique. Et ce neuvième « The Living And The Dead » reprend tout à fait la dynamique qui anime le groupe irlandais, à savoir des riffs agressifs, des growls sérieux mais aussi beaucoup de mélodies, d'atmosphères mystiques, de chants clairs et bien sûr d'instruments acoustiques traditionnels. La recette est bien ficelée et elle frappe juste et fort à chaque fois et ce depuis trente ans. Autant dire que les pionniers du pagan/folk savent s'y prendre. Et quand on a côtoyé Shane MacGowan (THE POGUES), on n'a de toute façon rien à apprendre des concurrents.
Grâce à un artwork au dessin aussi fourni que symbolique, on rentre immédiatement dans la légende CRUACHAN, son monde de mythologie celtique, et au déroulé des douze titres, on comprend rapidement que malgré un changement de line-up notable, le groupe de Keith Fay est toujours aussi stable en terme d'inspiration. Du super rapide et enjoué instrumental "The Living" au funeste et bourrin "The Dead", l'entièreté des chansons plonge les auditeurs dans une sorte de transe hypnotique, où les émotions intenses s’enchaînent, de l'extase au désespoir. Ca swing, ça groove, ça danse du côté de "The Harvest", "The Ghost" ou "The Witch" avec des riffs musclés accompagnés de voix claires, de violons entraînants et de rythmes balancés. C'est beaucoup plus lourd et puissant, plus profond mais aussi plus mélancolique avec de merveilleux moments acoustiques sur "The Queen", "The Hawthorn" ou "The Crow". "The Festival", "The Children" ou "The Changeling" font la part belle au metal tout en restant très pagan. Le curieux, dissonant "The Reaper" est belliqueux à souhait, pesant et éthéré à la fois, aussi minimaliste à certains moments que black à d'autres, progressif et mélodique aussi. Un vrai mélange des genres qui fonctionne pourtant.
Pour parler musicalité, on retrouve sur « The Living And The Dead » de nombreux instruments traditionnels : le violon précité mais aussi l'accordéon, la cornemuse, des flûtes et un euphonium. Mais on retrouve aussi neuf invités de tout horizon : Kim Dylla, ancien chanteur de GWAR, Nella qui a participé à la bande originale de World Of Warcraft, Jon Campling, acteur d'Harry Potter, Stu Dixon de VENOM ou encore Mathias Lillmåns de FINNTROLL, ...AND OCEANS. Bref, de quoi faire frétiller vos oreilles et vos orteils, en toute heure et en tout lieu.
Question paroles, on reste dans le folklore irlandais, le bestiaire mystique, le panthéon celtique. Les légendes de l'île Emeraude sont le fil rouge des albums de CRUACHAN et elles sont bien évidemment au cœur de leur inspiration.
En bref, les fans de CRUACHAN ou plus généralement ceux de folk black celtique seront ravis de retrouver une musique à la fois entraînante, riche en émotions et intenses en riffs. Ecouter « The Living And The Dead » c'est plonger son esprit dans une atmosphère païenne attirante. Une suite remarquable à la discographie du groupe mais aussi une belle entrée en matière pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore les maîtres irlandais.
