12 avril 2023, 18:00

BETIZFEST

Interview François Noblecourt

François Noblecourt, programmateur et responsable presse du BetiZFest (Cambrai, les 14 et 15 avril) revient, malgré la fatigue liée à l’organisation récente de trois gros événements, sur les 20 ans de ce festival. Devenu un incontournable des événements musicaux des Hauts de France, il est porté par l’association Cambrai Concerts.
 

Peux-tu revenir sur la naissance du BetiZFest ?
Le festival est né en 2003 à l'initiative d'une asso fondée par une bande de potes : Obey the Giant. Ils ont d'abord commencé par organiser quelques éditions à thème au Centre Eclipse, devenu ensuite trop petit. A l'époque, je n'étais pas encore dans cette organisation. Je produisais également avec des amis des concerts et festivals dans cette même salle. J'ai, bien sûr, assisté aux premières éditions du BetiZFest avec mon camescope. Je filmais les artistes en accord avec eux pour tenter d'en faire quelque chose. J‘ai donc apporté ma pierre à l'édifice dès la naissance du festival.

Les éditions 2005, 2006 et 2007 étaient thématiques. Comptez-vous revenir ponctuellement à ce format ?
A l'époque le BetiZFest ne comportait qu'une seule journée, souvent à thème punk, en lien avec notre petit réseau. C’était histoire de garder une cohérence et que le public s'y retrouve. Je pense que nous gardons toujours dans notre inconscient une petite part de cette aventure des débuts. Nous avons testé ensuite pas mal de choses pour garder la ligne directrice qui est la nôtre aujourd'hui. La journée de ce vendredi est très punk rock, punk mélodique par exemple. Les cinq artistes fonctionnent très bien ensemble : Satanic Surfers / Bare Teeth et Les Sheriff / Wampas / Grade 2

Le passage à deux jours puis l'arrivée au Palais des Grottes sont-ils des moments charnière dans l'évolution du festival ?
Oui, le Centre Eclipse devenait trop petit. Nous nous sommes réunis avec la seconde association (Cambrai Concerts) qui organisait des événements dans la même esthétique pour effectuer une manifestation plus importante. Nous avons rencontré la Ville de Cambrai afin d'essayer de trouver un lieu plus grand. Nous avons d'abord effectué une édition épique sold-out sous chapiteau au Restaurant scolaire, avenue du Cateau à Cambrai. Puis par souci d'organisation et de sécurité (plus de parking possible le long d'une départementale), nous avons pris place au Palais des Grottes. Une salle mythique où de nombreux artistes tels que Black Sabbath, The Who ou Scorpion ont joué.

Quelle est l'origine géographique des festivaliers ?
Nous avons débuté avec un public local et chaque année, il s'est élargi. Comme nous avons un tarif plus qu'abordable – une journée est encore à 25 € en prévente – nous avons des spectateurs qui viennent s'amuser. Ils déboulent de Bretagne, de Belgique et même de Paris. Toutefois notre cible est principalement régionale : les Hauts-de-France et Cambrai.

Quel a été le plus grand nombre de spectateurs accueillis ?
La plus belle année en terme de fréquentation a été lorsque nous avons accueilli la doublette Igorrr / Ultra Vomit et Les Sheriff / Ludwig von 88, pour ne citer que ces artistes. Ils nous ont permis de faire sold-out les deux soirées du festival en 2018. Notre communication a toujours été bonne et nous avons essayé de développer la notoriété du festival avec nos moyens. Les artistes programmés avaient particulièrement le vent en poupe cette année-là avec des albums qui avaient tout explosé.

Comment se passe le "recrutement" des groupes à l'affiche ?
Ce n'est pas simple, mais nous essayons de programmer les artistes que nous voyons en concert et qui sont dans l'ADN du festival. Nous contactons tous les bookeurs six à huit mois avant l'événement afin de voir s'ils sont disponibles et si les budgets sont acceptables pour notre trésorerie. Le but est d'avoir une belle affiche cohérente qui remplisse le Palais des Grottes sur deux jours.

A propos d'affiche : elles présentent des photos marquantes. Comment les concevez-vous ?
Nous imaginons et débattons d'une photo avec Kalimba (notre photographe) et Yannick (notre graphiste et président). On cherche une personne qui représente l'image et l'ambiance du festival. Il faut que le public puisse refaire cette même image avec le stand photo que Kalimba met en place pendant l'événement. Ce n'est pas évident de trouver les concepts, mais le challenge est très intéressant.

As-tu parfois eu des demandes saugrenues de la part de certains artistes ?
Pas tant de demandes rigolotes que ça. Nous ne programmons pas de super pop stars internationales, donc les demandes restent correctes. Je ne me souviens plus de qui il s’agissait mais, il y a quelques années, un de nos artistes demandait une carte postale de chaque ville où il jouait. On lui a trouvé une belle carte du clocher de l'hôtel de ville avec Martin Martine.

Quel est ton top 3 des concerts du Betiz ? Et ton flop 3 ?
On va rester sur les tops ! Je dirais, surtout par satisfaction d'avoir pu les faire jouer à Cambrai, DevilDriver et In Flames. Je suis fan de ces deux artistes, je suis fier d'avoir pu les programmer et d’avoir croisé leur regard backstage. Dans un autre style, je citerais notre ami Gérard Baste, qui en 2010 a fait un show hors du commun et a marqué les esprits de pas mal de nos bénévoles.

Quels groupes rêverais-tu de programmer dans le cadre du festival ?
Avec Yannick, nous avons pas mal d'envie ou de rêves. Personnellement, j'adorerais voir à Cambrai, un NoFX, les japonais de Bomb Factory, Anti-Flag, Lamb of God, Maximum the Hormone ou même un Gojira. L'avenir nous le dira...

Comment le festival a-t-il survécu à la période COVID ?
Le BetiZFest a eu de la chance même si nous avons perdu un peu d'argent dans cette histoire. Dans l'ensemble, il y a eu une solidarité et une bonne compréhension avec les tourneurs français, car cette situation était inédite. La plupart des artistes ont pu refaire leur date avec nous selon les agendas, sauf certains groupes étrangers qui n'ont pu reconduire leur tournée sur la même période.

Faut-il s'attendre à des surprises pour ce 20e anniversaire ?
Bien sûr ! Mais on ne peut pas tout annoncer : il faudra venir sur place. Ce sera une superbe édition, un anniversaire qui mérite de se fêter dignement.

Comment vois-tu le festival dans 20 ans ?
Oulala, serons-nous encore présents dans 20 ans ? Je l'espère. J'espère également que la relève prendra le relais avec de belles idées et de nouveaux artistes. Faisons déjà celle-ci… et on se revoit dans 20 ans !

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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