13 avril 2023, 19:07

TILINTETGJORT

"In Death I Shall Arise"

Blogger : Clément
par Clément
Album : In Death I Shall Arise

Avec son patronyme imprononçable pour le commun des mortels, le clan norvégien TILINTETGJORT met d’entrée de jeu comme une sorte de distance entre lui et l’auditeur potentiel. Mais si les apparences peuvent parfois tromper, la musique ici délivrée n’est pas du genre à ratisser large. Enregistré et mixé en trois jours montre en main au studios Chaka Khan, mastérisé à la vitesse du son par Jack Control dans son antre de l’Enormous Door, « In Death I Shall Arise » ne s’embarrasse pas de fioritures et va droit au but. Imperméables aux premières écoutes qui leur confèrent comme une ambiance de fin du monde, les riffs délivrent pourtant, une fois l’aspect brut de fonderie assimilé, des mélodies vengeresses d’une autre époque. Des mélodies qui galvanisent les troupes en présence et leur insufflent comme une irrésistible envie de partir au front, zigzagant entre giclées de napalm et pilonnages d’obus. Chaque morceau résonne ainsi comme une alliance réussie entre mélodies d'acier et dissonances improbables, le groupe ayant plus d’un tour dans son char pour brouiller les pistes et tromper l’ennemi dès que celui-ci courbe l’échine sous la violence des coups. L'introductif "Kvikksølvdrømmer", tout en nuances, mettra d'aillleurs tout le monde d’accord à ce sujet.

Confusion, violence, calme, les émotions s'entremêlent tout du long sans laisser de temps mort. "Mercurial" se pare ainsi de contours étranges tant il fleure bon la schizophrénie par tous les pores. Un solo, épique, qui magnifie le morceau côtoie une section rythmique qui envoie mornifle sur mornifle avec en bonus une lourde pincée de mélodies givrées qui en appelleront aux amateurs des années 90 : improbable sur le papier, imparable dans les oreilles. "Hex" et surtout le final "Dommedagsmonument", du haut de ses vingt minutes foudroyantes, achèveront de convaincre les plus réticents : ce groupe est cinglé. Oui, complètement... et fier de l’être. Un peu comme si l’esprit des premiers DARKTHRONE ressuscitaient en empoignant ARCTURUS et SOLEFALD par les moignons pour se caler une dernière danse endiablée avant d’en finir une bonne fois pour toutes. Adieu-va ! TILINTETGJORT propose bel et bien une expérience déroutante, immersive et schizophrène...

Pas une surprise en soi finalement car le groupe est loin d’être un novice en la matière comme en témoigne son line-up composé de joyeux drilles qui officient au sein de TROLL, DEN SAAKALDTE, KVESTA, WHIP et une bonne dizaine de formations underground jusqu’au bout des ongles endeuillés. Une alliance de vieux routards qui fonctionne à merveille car, c'est incontestable, il y a dans chaque recoin de cet album une maturité dans la composition, une recherche du riff qui pique et tacle. Le verdict s’impose de lui-même, cet « In Death I Shall Arise » est un monument de noirceur et de vice que chaque amateur de metal extrême se doit d’écouter au moins une fois dans son intégralité (merci Bandcamp) pour dire « Oui, je le savais ».

Grandiose, avec un très grand G. Un point, c'est tout.

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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