24 avril 2023, 18:17

LABELS & LES BETES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 67

Blogger : Crapulax
par Crapulax


Si la chasse à la bécasse se déroule de septembre à février par arrêté préfectoral et peut varier d'une région à une autre, la chasse aux albums de metal reste en revanche ouverte toute l'année et couvre indifféremment tous les pays du globe ! Ainsi pour ce mois d'avril coincé entre soleil et pluie, entre grêlons et papillons, résonnent dans la forêt les brames de cerfs en rut et les cris de haine du black metalleux du coin qui a fait tomber son épée médiévale toute neuve dans les ronces lors d'une séance photo. A moins que ce ne soit des growls de sauvageons répétant dans leur cabane au fond du jardin comme nos lointains ancêtres dans les grottes, faisant fuir les animaux aux alentours... Ah non ! C'est juste une vieille voiture qui traverse la campagne, vitres ouvertes et pot d'échappement fumant, d'où sortent les dernières trouvailles de la rubrique Labels & Les Bêtes...
A l'instar des chasseurs, communier avec la nature il n'y a rien de mieux : tous les fans de metal vous le diront !

 

UNDEAD : « Putrefactio » (Redefining Darkness Records)

Il y a encore sur cette bonne vieille planète des inconditionnels d'un death metal à l'ancienne comme UNDEAD qui en a saisi la substantifique moelle, sa rugosité, et la restitue fidèlement avec l'art et la manière.
Textes horrifiques de circonstance d'un côté, son graveleux de la pédale de distorsion, accords mutés en power chord, trémolo et double pédale de l'autre jouent de concert sur des rythmes véloces sans faire retomber la pression.
Fort d'introductions à la ENTOMBED qui ne gâche rien au tableau ("Discordia", "Feast For The Worms"), UNDEAD apporte fièrement sa seconde pierre à l'édifice dédié aux dieux du death avec une force et une énergie palpable qui fait plaisir à se prendre en pleine tête. De plus, à l'inverse du « Existential Horror » sorti en 2015 et plutôt bien accueilli par la critique malgré un son faiblard, c'est le grand Dan Swanö aux Unisound Studios qui s'est chargé cette fois du mixage et du mastering.
La flagrante différence de niveau fait clairement franchir à UNDEAD plusieurs divisions d'un seul coup ! Le potentiel des Espagnols semble comme exploser à la lumière. Ça tombe très très bien vu qu'ils le méritent !
(Crapulax)


​ARS NOTORIA : « Chronicles » (Great Dane Records)

A Strasbourg on ne fait pas que fabriquer des saucisses, on peut aussi les balancer à l'occasion en pleine poire agrémentés d'une bonne sauce piquante à base de gros death metal qui pique ! Derrière les fourneaux se trouve un certain Antoine Grasser, grand maestro de la cuisine de décibels qui en multi-instrumentiste accompli a pondu ce premier album par ses propres moyens, aidé il est vrai par plusieurs chanteur (comme Crass de CRUSHER ou Chris Remy de VOORHEES) qui ont mis la main à la pâte et par un programme de batterie top moumoute.
En résulte un album aux multi-facettes pétri de passages bien bourrins qui succèdent à d'autres résolument plus techniques sans tomber dans le démonstratif. On pourrait même parler avec « Chronicles » d'un monde à part tant ce projet ARS NOTORIA s'éloigne des sentiers battus.
Car la vision personnelle du death metal d'Antoine "piège" parfois l'auditeur ("Wide Open", "Compel") dans ce qu'il serait en droit d'attendre et dans le bon sens du terme. ARS NOTORIA emprunte les chemins alambiqués, suivant sa logique propre, aboutissant parfois vers de délicieuses cacophonies ("Triggered"). Surprenant !
(Crapulax)


​RÄUM : « Cursed By The Crown » (Les Acteurs de L'ombre)

RÄUM est un quatuor belge formé durant la pandémie en 2020. Les musiciens ont alors décidé de s'attaquer à la décadence de l'âme humaine et au déclin de notre monde avec une musique brute et mélancolique, un post black metal hargneux et atmosphérique à la fois. Après la sortie de deux singles, voici donc leur premier album intitulé « Cursed By The Crown » sur lequel les quatre titres sont aussi sombres et destructeurs que porteurs d'une beauté funeste.
Si le renouveau doit passer par la mort, alors nous sommes ici en plein processus de réincarnation. Des premières guitares hyper saturées et dissonantes de "Andromeda" à la lourdeur mid-tempo de "Beyond The Black Shades Of The Sun", les échos des profondeurs insondables nous font frémir. Les passages chaotiques et blastés de "Fallen Empire" contrastent avec les rythmes balancés de "Cursed By The Crown" et des moments éthérés aux vocaux incantatoires viennent contrebalancer les hurlements déchirants et saisissants.
L'ensemble des trente-six minutes se veut alors comme une démonstration de toute la noirceur indicible cohabitant dans nos esprits avec une résilience infinie et salvatrice. RÄUM sait de quoi il parle et il le dit en musique, pour le plaisir de nos oreilles averties.
(Aude Paquot)


​UNHALLOWED : « Awaken The Black Flame » (Folter Records)

Difficile de passer à côté de ce nouveau groupe de black metal tout droit venu d'Allemagne tant leur musique s'inspire de la vague scandinave tant appréciée des années 90. Mais ce n'est pas tout : UNHALLOWED, nouvellement formé en 2021, a un avenir des plus prometteurs grâce à une musique résolument moderne par son approche.
Si le son, raw et brut donne à penser que l'on est revenu trente ans en arrière, les atmosphères créées par les échos vocaux et les guitares saturées, donnent du charisme et de l'assurance à une formation qui saura marquer les esprits des plus puristes d'entre nous comme des plus novices dans le milieu. Les six titres de ce premier « Awaken The Black Flame » sont froids, glaciaux même, mais ils sont également pourvoyeurs d'une réelle ambiance malfaisante, une atmosphère physiquement palpable par son énergie emprunte de mystère.
Les lignes de chant hurlés, les riffs répétitifs, les blasts agressifs sont alors autant d'éléments qui font entrer l'auditeur dans une frénésie irrépressible, un tourbillon déferlant dans lequel on se laisse plonger, sans résistance. UNHALLOWED nous offre un black metal sans concession appréciable et qui sera apprécié de tous les amateurs d'une musique authentiquement roots.
(Aude Paquot)


​HYRGAL : « Sessions Funéraires anno MMXXIII » EP (Les Acteurs de l’Ombre)

Deux EP sinon rien ce mois-ci pour votre serviteur ! Et deux EP qui illustrent à merveille le savoir-faire hexagonal en matière de black metal. HYRGAL n’est plus à présenter, régulièrement invité dans les colonnes de HARD FORCE, le groupe affiche une discographie remarquable avec trois albums qui résonnent chacun comme trois coups de tonnerre dans un ciel ténébreux.
Et ce nouveau disque, fraîchement paru chez Les Acteurs de l’Ombre, ne fait pas exception à la règle puisqu’il propose six titres de haute volée dont une reprise fidèle du morceau "Dark Endless" de MARDUK qui fera frémir les moustaches des plus nostalgiques d’entre vous. Dans la droite lignée stylistique de l’album éponyme, normal puisque celui-ci est sorti il y a un an à peine, ces sessions n’en sont pas qu’une simple extension.
Pour s’en convaincre, une écoute attentionnée du doublé d’ouverture assassin "Deuil Eclair"/"Phalanges Assassines" jouxtant une suite sombre et plus doom qui se risque même sur des territoires dark ambient sinistres comme « (炎が秒を貪り食う場所 (Honō ga byō o musabori kuu basho) » mettra tout le monde d’accord : HYRGAL est insaisissable. Et il prend un malin plaisir sur cette seconde partie à brouiller les pistes, jonglant entre sludge et doom pour mieux percuter l’auditeur rassuré par une introduction en terrain connu. Imparable !
(Clément)


​TATTVA : « Abysmes » EP (Drakkar Productions)

Originaire du Sud de la France, Jej Tattva est un musicien du genre prolifique. Instigateur du one man band hexagonal TATTVA quelque part en 2020, il entasse déjà dans sa besace 2 albums, 1 split et 2 EP. Trois désormais puisque cet « Abysmes », du haut de sa demi-heure, vient s’ajouter à la liste de ses faits d’arme notables. Revendiquant des influences telles HYRGAL (tiens, tiens les revoilà), GLACIATION ou SETH sur ce nouvel effort, TATTVA joue sur les émotions à vif, les mélodies à fleur de peau et les atmosphères nuancées pour toucher sa cible.
C’est ainsi que le morceau d’ouverture "Absymes", où intervient Marie de TRANSCENDANCE et BROUILLARD, pose les bases d’un style riche et enjoué. Les dix minutes qu’il dure passent comme une lettre à la poste et permettent au musicien de trousser des ambiances toutes en finesse. "Naufrage" et surtout "Le Cri", sauvage et épique, complètent ici le menu qui ravira les fans des formations précitées mais aussi ceux qui recherchent quelque chose qui sorte des sentiers battus.
La reprise de "Buddha 1", tiré de l’album « Nirvana » de CULT OF FIRE, est quant à elle exécutée avec soin, apportant une petite touche d’exotisme bienvenu en fin de parcours...
(Clément)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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