Le moins que l’on puisse dire, c'est que l’arrivée du Black Lab dans le circuit des salles à taille humaine, a permis de remettre Lille dans le celui des tournées. La preuve encore une fois ce soir avec SOEN qui fait escale dans la métropole pour la première fois de sa carrière.

C’est avec quelques minutes d’avance que les Suisses SILVER DUST investissent la scène sur l'intro "The Pact" déguisé en moine, repartent pour revenir accoutrés avec des tenues du XIXe siècle pour proposer un spectacle théâtral de trois quart d’heures alimenté de l’intégralité des chansons de son dernier album, dans un ordre légèrement différent de celui proposé sur « Lullabies » paru en 2022. Ce pacte scelle-t-il la promesse d’un amour avec "Emeline" pour l’"Eternite" ? En attendant, Lord Campbell nous invite à le suivre ("Follow Me") dans son univers "Burlesque" avec lequel il nous propose un solo de guitare sur "Toccata et Fugue en Ré Mineur" de Bach exécuté en duel avec un mystérieux personnage qui apparaît dans le miroir derrière un orgue.
Après cette performance, Lord Campbell prendra-t-il le risque ("I’ll Risk It") de nous emmener dans un endroit ("There’s a Place Where I Can Go") en rupture avec l’esprit théâtral de la prestation ? Eh bien c’est ce qu’il fera avec "Animal Swing" qu’il dédie à son chien et à tous les animaux dont il embrasse la cause. L’histoire fera-t-elle écho à cette cause ("Echoes Of History") ? Seul le futur nous le dira, mais pour le moment il est l’heure pour SILVER DUST de nous quitter et Lord Campbell nous invite à le retrouver au stand de merchandising après "Stand By Me". Le parti pris de la théâtralité est un pari risqué car le groupe qui fait ce choix cherche à se démarquer sur le plan visuel. Risqué parce que clivant, les uns peuvent adhérer pendant que d’autres pas du tout, même s'ils en apprécie la musique.
La force de SILVER DUST est incontestablement l’énergie qu’il a déployée pendant ces 45 minutes, le chanteur et guitariste Lord Campbell allant jusqu’à descendre dans le public pour l’inviter à s’accroupir et sauter tous ensemble. Le point faible est certainement d’avoir créé une rupture dans la mise en scène avec la cause animale. Loin de notre part de porter un jugement ou renier cette cause, mais la manière dont elle a été amenée a peut-être déstabilisé l’ensemble. Hormis ce détail, que l’on aime ou pas le groupe, SILVER DUST est un groupe de scène et il a su le démontrer, bien aidé par Antoine du Black Lab au light-show.

C’est au alentour de 21h10 que retentissent les sirènes pendant que la scène est parcourue de faisceaux bleu et rouge laissant deviner le backdrop de SOEN, le serpent de la pochette de l'album « Imperial ». C’est d’ailleurs avec "Monarch" que le groupe suédois débute son set, de manière énergique sous l'accueil chaleureux du public. Le quintet enchaîne avec un deuxième extrait de cet album, "Deceiver", avant de retrouver « Imperial » plus tard avec trois autres chansons. SOEN continue avec deux extraits de « Lotus » (2019). Le premier est "Lunacy" qui est introduit par un riff accrocheur de Cody Lee Ford, rapidement rejoint par le chant émotionnel de Joel Ekelöf qui fait l’unanimité comme le prouve les applaudissements nourris du public sur le break.
Dans une ambiance colorée de vert, de bleu, de rouge et de fumée, "Martyrs", plus énergique, pousse le public à sautiller comme un seul homme avec le groupe. La partie piano/chant est accueillie par une ovation du public. Lorsque Ford invite le public à frapper dans ses mains, il s'exécute volontier.

Seul extrait de « Cognitive » (2012), "Savia" avec son introduction basse/claviers, donne l’occasion au bassiste Oleksii "Zlatoyar" Kobel de se mettre en avant. Après une pause où Ekelöf échange avec le public, il annonce "Lucidity", ballade pleine de groove exécutée de mains de maître dans une ambiance bleutée.
De retour avec l'album « Imperial », cette séquence commence par le titre mid-tempo "Modesty", dont l’intro au violon est samplée. Après une courte pause SOEN redynamise sa prestation avec le heavy "Antagonist" sur lequel un break permet au public de faire entendre sa voix par des « hohoho ! ». Monté sur le piédestal du devant de la scène, Joel Ekelöf déclenche une salve d'applaudissements de la part du public. Il en profite pour lui annoncer que c’est aussi l’anniversaire du bassiste et enchaîne avec un joyeux anniversaire repris en choeur par le public. SOEN termine son concert en douceur avec "Lascivious", mais le public fait savoir qu’il ne compte pas les laisser partir sans un rappel. Le groupe ne tarde pas à revenir pour jouer "Jinn" qui voit une personne du public slammer. Après avoir présenté les techniciens, le groupe reprends "Snuff" de SLIPKNOT et referme ce moment avec "Lotus".
Photos © Sébastien Feutry - Portfolios : SOEN - SILVER DUST
