A peine remis de la déflagration causée par l’écoute répétée du dernier ROTTEN SOUND, le fort bien nommé « Apocalypse », me voilà à nouveau traumatisé par un autre chantre de l’extrémisme musical qui déboule sans crier gare sur ma platine. WARFUCK, c’est son petit nom, n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai puisqu’il signe ici son quatrième album-bulldozer prompt à retourner n’importe quelle paire d’esgourdes en mal de sensations fortes. Et en matière de sauvagerie, le duo lyonnais sait de quoi il parle puisque cela fait déjà douze ans qu’il officie dans un grindcore débridé qui ravage tout sur son passage sans prendre le temps de s’essuyer les godasses sur le paillasson. Manquerait plus que ça tiens.
Dix-neuf titres expédiés en vingt-trois minutes infernales. Tout comme son compère finlandais évoqué en début de chronique avec qui il partage le goût du travail bien fait, WARFUCK opte lui aussi pour un format blitzkrieg qui lui sied à merveille. Et il accouche ici d'un monument de brutalité qui mêle tout ce qui se fait de mieux en matière d'intransigeance sonore, le tout malaxé dans une production en béton armé. Il faut dire qu’en s’entourant d’experts peu habitués à enfiler des perles, l’album a été produit et mixé par Sergé Spiga et masterisé par Dan Swanö, le duo n’a pas laissé de place à l’approximation. Le doublé introductif "Marvers"/"Confusionnance" en dit long d’ailleurs sur les (mauvaises) intentions des lyonnais avec des riffs mammouth à décoller les cochlées les plus fragiles. Et tout du long de l’album, de nombreux breaks placés ci et là permettent de réaliser à quel point le groupe a placé la barre haut (l’excellent "Nomalies" avec sa pointe de death savoureux ou le surprenant finisher "Grichélisé" - ouaich’ gros - en sont de bonnes illustrations).
Agrémenté d’un magnifique artwork troussé par Hugo Charpentier, dessinateur au sein du collectif Mauvaise Foi, ce « Diptyque » est une petite merveille. Je n’aurais pas pensé pouvoir coller ce qualificatif dans une chronique de grindcore mais en lui affublant les termes de "sauvagerie" et "brutalité", celui-ci prend toute sa saveur. Car ce « Diptyque », c'est bel et bien la classe, la grande classe, celle qui claque et qui ramasse. On vous aura prévenu.