Je dois bien le reconnaître, « Cacophony Of Terror », premier album de ce groupe originaire de Tampa m’avait laissé sur ma faim. Ses ambiances opaques, impénétrables ainsi que ses envolées rythmiques gluantes comme une tonne de goudron et surtout ses dissonances omniprésentes avaient eu raison de mon enthousiasme suscité à la découverte du pedigree de ses participants. Des membres de CONQUERING DYSTOPIA, WAR FROM THE HARLOTS MOUTH, GIGAN ou THE OCEAN COLLECTIVE qui s’étaient réunis pour célébrer un death metal technique et torturé ne pouvant raisonnablement pas taper à côté de la cible, Season Of Mist avait d'ailleurs signé le groupe pour lui assurer un avenir radieux. Mais que voulez-vous, trop de dissonances... tue la dissonance.
J’étais donc plutôt curieux, à la réception de ce nouvel album, et voir si NIGHTMARER allait persister dans cette sombre voie, quitte à laisser sur la touche une nouvelle fois ceux et celles qui en attendraient un peu trop de sa part. La réponse est un "non", franc et massif puisque « Deformity Adrift » est monstrueux. Est-ce lié à l'arrivée du bassiste prodige Nicholas Mc Master (KRALLICE) dans ses rangs ? Le changement de label du côté de Vendetta Records pour l'Europe désormais ? Une durée réduite qui dépasse à peine la demi-heure ? Peut-être un peu de tout cela mais aussi quelques plans atmosphériques envoûtants (ah, ce "Suffering Beyond Death" impénétrable !), ces mélodies discrètes mais bien en place ou encore ces parties de batterie qui ne tombent pas dans la complexité outrancière. A moins que ce ne soit cette production d’une subtile intensité façonnée par les mimines expertes de Raphael Bovey (responsable du dernier NOSTROMO) ? Tout cela... et aussi une "simplicité" dans son approche musicale (tout est relatif, hein) et un côté plus "accessible" qui le rend désormais désirable ?
Ce qui est certain c’est que la technicité propre au genre est ici utilisée avec sagesse, et cela permet à NIGHTMARER de mieux servir sa cause. Et de tracer un fil rouge tout du long de « Deformity Adrift » aux allures de dédale dans lesquels on prend plaisir à s’égarer. Le groupe, désormais alliance américano-germanique, réussit ici à matérialiser les espoirs que l’on avait placé en lui il y a quelques années. En voilà une belle surprise !