9 mai 2023, 20:07

METALLICA

"72 Seasons"

Album : 72 Seasons

Le jaune est la nouvelle couleur du metal. Un rayonnement lumineux générateur de plaisir ! Ce serait mon résumé de mes 66 écoutes de « 72 Seasons », le 11e et nouvel album studio de METALLICA, un marathon sonore de 77 minutes. Il résume tout ce que l’on peut attendre de METALLICA en 2023 : la synthèse de son ADN musical !

James, Lars, Kirk et Robert nous ont surpris il y a quelques mois en sortant "Lux Æterna", un premier single thrash old-school à la sauce MOTÖRHEAD, avec des clins d’œil à DIAMOND HEAD et à "Whiplash", évoquant les tragédies d’une vie. Ils nous annonçaient un nouvel album au titre psychanalytique, reflétant les 18 premières années d’une vie avec ses joies et ses peines. Ce n'est un secret pour personne, Papa Het s’est déjà longuement entretenu sur cette période de vie, l’absence de figure paternelle et ses combats personnels.

La chanson-titre, autre single dévoilé, est une bombe de riffs où tout le groupe uni exprime quelque chose de puissant émotionnellement parlant dans la lignée de « Hardwired... To Self-Destruct ». On sent d’emblée un travail réalisé en commun et plus seulement par la paire Hetfield/Ulrich. Le chanteur guitariste a toujours dans ses sources d’inspiration des éléments lyriques qui tournent autour de la thématique du suicide, c’était le cas avec "Fade To Black" ou "Cyanide". "Screaming Suicide" est un véritable message préventif sur une dynamique très NWOBHM et très THIN LIZZY dans son architecture. James l’avait évoqué : « ça fait longtemps que j’avais cette phrase dans mon smartphone : Si les ténèbres avaient un fils, ce serait moi, il fallait que j’en fasse quelque chose ». METALLICA en a fait un titre heavy avec ce mot "tentation" introductif, ce riff central, et cette section rythmique qui nous emporte. Un titre taillé pour la scène, fait pour lever son poing vers le ciel, headbanguer à s’en éclater les cervicales.

"Shadows Follow" est old-school à souhait. Robert est possédé, Lars est brillant et Kirk est égal à lui-même. Cette introduction tribale sur "Sleepwalk My Life Away" est énorme, Trujillo groove, Hetfield amène le riff progressivement en jouant avec son volume, Kirk lui répond. Tout décolle, les mélodies apportées par les riffs rappellent certains titres de « ReLoad ». Ce « Wake Me » scandé par Hetfield est absolument parfait et le refrain aussi ! Hammett a vraiment son style de lead-guitariste parfaitement identifiable et s’en donne à cœur joie. Son cordon ombilical est sa pédale wah wah. "You Must Burn!". Le point d’exclamation serait important selon Lars Ulrich lors de la projection cinématographique en avant-première de l’album. Le titre a cet esprit BLACK SABBATH avec un côté écrasant mixé à ce que faisait METALLICA dans les années 90, le bridge du morceau est doomy. Les duos de guitares sont très THIN LIZZY encore.

"Crown Of Barbed Wire" voit la paire Ulrich/Trujillo inspirée et on retourne dans l’esprit post « ReLoad » avec un final écrasant. "Chasing Light" s’ouvre un peu comme "Fuel" avec son côté très heavy. Le son de batterie de Lars Ulrich est spectaculaire, comme sur tout l’album, avec une précision (trop ?) digne d’un chirurgien. Le titre est punchy et Hetfield brille avec ses variations vocales matures. "Too Far Gone" est un retour dans la NWOBHM. C’est thrashy années 80 dans les riffs, la mélodie du chant central, les interventions du Ripper. Règnent les spectres de THIN LIZZY, des MISFITS et des RAMONES comme matrice dans ce titre.
Une intro proche de ce que pourrait faire RUSH, "Roomful Of Mirrors" évoque le succès et le retour à la vie anonyme par période. Les riffs, comme les pistes harmonisées galopantes ont cet esprit, cette magie qu’avaient "Ride The Lightning" ou encore "Master Of Puppets". Hetfield est un chanteur heavy metal hors pair sur ce titre (c’est vrai pour tout l’album !). Ses intonations et ses mots reflètent le travail personnel qu’il a fait et doit faire encore. Un morceau rouleau compresseur qui rappelle le "Broken, Beat, and Scarred" sur « Death Magnetic ».

« 72 Seasons » s’achève sur un chef d’œuvre épique doomy, heavy, de plus de 11 minutes, véritable hommage à BLACK SABBATH, intitulé "Inamorata". « Misery, she needs me/Oh, but I need her more » chante Hetfield. Une masterclass de mélancolie musicale. Le break sur lequel Trujillo est présent avec ses lignes de basse est un hommage talentueux à Geezer Butler. Hetfield est authentique sur ce titre exceptionnellement magique. Le final avec le rappel à « Misery » complétées par les lignes de Hammett est majestueux.

La sortie de « 72 Seasons » et ses commentaires sur Internet ont agité les plumes virtuelles des uns et des autres. Ces shoots de mots impulsifs, compulsifs, passionnés ou très négatifs font toute la singularité de l’époque que nous vivons avec les réseaux sociaux. Personnellement, j’ai eu le même ressenti en écoutant cet album qu’en écoutant « ...And Justice For All » en vinyle lors de sa sortie. Avec 42 ans de carrière, METALLICA est le maître des riffs corpulents, lourds de groove avec des structures de chansons labyrinthiques, avec un but précis corrélé à leur maturité expérientielle. Ils se font plaisir. Emparez-vous de ce que vous appréciez le plus dans ce « 72 Seasons », vous verrez, vous adorerez !

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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