24 mai 2023, 18:49

TRESPASS

"Wolf At The Door"

Album : Wolf At The Door

Il y a quelques jours je parlais d’un groupe anglais qui tient la barre depuis 46 ans. Imaginez aujourd’hui une autre formation du même pays qui perce enfin au bout de 44 ans d’existence, ça paraît dingue non ? Laissez-moi vous parler de ces jeunes anciens, pionniers de la NWOBHM, que sont TRESPASS. Ils n’ont livré qu’un seul album en 40 ans, et deux pour cette décennie, voici « Wolf At The Door ».

Le démarrage se fait en douceur, rythmique heavy metal old-school, guitares minimalistes et progressivement plus lourdes, puis une voix d’un autre âge, dans le bon sens du terme je précise, nous sommes dans le genre qui sent le cuir, les clous et cris hauts perchés. Les riffs sont bien pénétrants, la batterie est obsédante et les soli portent vers de lointains horizons, un plaisir pour les oreilles. "Daggers Drawn" ne dément pas cette orientation vers un pur heavy metal au classicisme indémontable. La narration musicale a un goût de fresque épique, elle donne des ailes et une envie de chevaucher des dragons.

Avec un retard de quatre décennies TRESPASS se révèle être une réelle "Force Of Nature", avec des breaks mid-tempo respirant l’authenticité, le hard rock riche en émotions, materné à la sauce progressive et aux claviers de la préhistoire seventies, puis renforcé par la dureté de l’âge de néon. "Other Worlds" lui aussi prend son temps, tissant petit à petit autour de vous sa toile de riffs omniprésents et collants, autour aussi d’une voix porteuse de suppliques, nous sommes perdus... quelque part dans le temps.

TRESPASS sait vous offrir des chansons bien offensives, comme ce "Ghost Pilot" aux riffs virevoltants tout autour de votre tête. Le groupe a certainement troqué sa virginité de metal depuis longtemps, mais ce titre saura faire perdre toute contenance aux dames les plus timides. A contrario "Back To The Woods" pourra diviser les foules, le choix de ralentissements, un morceau qui se lance tardivement avec des soli excessivement progressifs, ça parlera à certains et ennuiera d’autres. Idem pour "Unsinkable". On ne peut pas plaire à tout le monde comme dirait l’autre. La seventies touch, beau mais cérébral. Heureusement "Crooked Cross" mettra tout le monde d’accord avec sa rythmique primale se déroulant façon autoroute sans fin et accompagnée de riffs profonds. Puis place à un "Stranger In Paradise" respirant la ballade des années 80 sirupeuse et nostalgique. TRESPASS porte le tatouage de son ère, celle du glorieux heavy metal à l’ancienne. Faudra que j’aille vérifier s’ils portent les accoutrements de l'époque...

Pour terminer, TRESPASS exécute un excellent "Live Like A King", tatoué de « ho ho ho hooo » fédérateurs, de riffs bien huileux et d’une frappe rythmique savamment placée. On s’envole agréablement avec les soli, il y a juste à fermer les yeux pour retrouver ses 15 ans en 1980. "Wolf At The Door" offre au groupe une sortie délicieusement énergique et hypnotique, un hard rock parfait. Voilà un album qui déboule avec 40 ans de retard donc, on pourrait s’en moquer, mais honnêtement il est très bon, alors ne boudons pas notre plaisir.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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