Sorti le même jour que le « 72 Seasons » de METALLICA, « Scorched » n’a évidemment pas fait beaucoup d’ombre au petit dernier des Four Horsemen, mais était-ce seulement le but d’une formation comme OVERKILL qui compte 43 années d’existence et un bon paquet de classiques (pratiquement tout ce qu’a fait le groupe entre 1985 et 1993) à son compteur ? Non, bien sûr ! Ces deux concurrents d’un jour n’ont jamais joué dans la même catégorie (qui, d’ailleurs, peut prétendre aujourd’hui jouer dans la même catégorie que les Mets ?) mais il n’empêche que les New-Yorkais peuvent fièrement revendiquer une identité et une ligne de conduite (suivez mon regard !) jamais prise en défaut. Avec son metal imprégné de punk et de hardcore (une caractéristique de la scène thrash de la Grosse Pomme que la filiation du cultissime S.O.D. avec ANTHRAX, NUCLEAR ASSAULT et M.O.D. incarne à la perfection) et son éternelle dévotion envers la légende BLACK SABBATH, la Mean, Green, Killing Machine n’a que rarement déçu. Et ce n’est pas avec ce « Scorched » que cela va commencer !
Il en aura fallu du temps pour que cette nouvelle livraison, initialement prévue le 21 avril 2021, atterrisse dans les bacs. Il faut dire qu’entre-temps, une petite saloperie nommé COVID est passée par là... Au final, ce sont donc quatre années qui se seront écoulées pour pouvoir jeter notre dévolu sur le successeur du très bon « The Wings Of War ». Autant dire une paille pour un groupe comme OVERKILL qui met rarement plus de deux ans à sortir un nouvel album. Démarrant les hostilités avec le morceau éponyme, la Wrecking Crew met immédiatement les choses au point, ou plutôt devrais-je écrire "au poing" : on n’est pas là pour écouter du Vianney ! Le groupe fait ce qu’il sait faire de mieux, à savoir un thrash urbain plein de hargne, fonceur mais non dénué de mélodies. L’intro au tapping donne immédiatement une coloration particulière à un morceau qui nous réserve quelques grands moments. Écoutez plutôt ce pont digne de BLACK SABBATH, puis ce break déboulant, pied au plancher, sur un solo ébouriffant de Dave Linsk (on jurerait entendre Nuno Bettencourt !). Énooooorme !
Le son, mixé par le revenant Colin Richardson assisté de Chris Clansy, est aux petits oignons, la basse de D.D. Verni claque toujours aussi bien et la voix travaillée au papier de verre de Bobby "Blitz" Ellsworth évoque toujours autant le feulement d’un tigre prêt à attaquer. Le second titre, "Goin’ Home", continue d’étriller l’auditeur juste comme il faut avec son refrain mélodique et son intro rappelant fortement "The God That Failed" de METALLICA, tandis que le premier single tiré de l’album, "The Surgeon", groovy en diable, nous donne une furieuse envie de nous bousiller les cervicales. Bref, de l’OVERKILL pur sucre ! Toutefois, les chœurs aux connotations religieuses et le son de cloche de la chanson suivante, "Twist Of The Wick", nous mettent la puce à l’oreille quant à l’orientation musicale à venir de l’album. Les New-Yorkais ont beau savoir faire leurs gammes, ils ne sont pas venus non plus pour faire un « Taking Over II » ou un « Ironbound II ». Qu’il s’agisse des arrangements de cordes clôturant "Wicked Place", des accents MAIDEN (période Di’Anno) de "Won’t Be Coming Back" ou de la frénésie presque fusion de "Bag O’ Bones", tout est réuni pour faire de « Scorched » un album varié et pour tout dire, inattendu.
Et ce n’est pas fini, loin de là même, car j’ai volontairement omis de parler du titre le plus déroutant du disque, "Fever", sorte de "Planet Caravan" moderne sur lequel le sieur Ellsworth nous fait son meilleur Ozzy Osbourne avant de prendre le taureau par les cornes (ou Chaly par les ailes !) et de faire place à un break qui n’aurait pas dépareillé sur un album de DOWN ! Sans doute la chanson d’OVERKILL la plus surprenante depuis un bon bout de temps ! À côté de cela, les plus convenues "Harder They Fall" (ANTHRAX, sors de ce corps !) et "Know Her Name", sans faire pâle figure, nous ramènent en terrain connu tout en nous rassurant quand même sur la capacité du groupe à sortir des brûlots thrash colériques et fédérateurs. Oscillant sans cesse entre classicisme et innovation, « Scorched » est un album abouti, qui nous montre qu’en 2023, OVERKILL a encore toute sa place dans le monde sans pitié du thrash metal. Une franche réussite !